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Revue de presse : Article dans Les Echos du 19/01/2011 : La mortalité due à la grippe plus élevée que l'année dernière

"La situation ressemble pas mal à celle de l'année dernière, si ce n'est que la mortalité, proportionnellement au nombre de patients hospitalisés en réanimation, est plus importante", souligne le virologue Bruno Lina à propos de l'épidémie de grippe.

 

Bruno Lina est directeur du Centre national de référence des virus de la grippe pour le sud de la France et président du Conseil scientifique du Geig (distributeurs des vaccins antigrippaux).

 

Q : L'épidémie actuelle vous surprend-elle ?

R : "Cette année, il y a eu une disparité très importante des virus qui ont circulé dans l'hémisphère sud. Donc on était vraiment dans un contexte de grippe saisonnière classique où tous les virus se remettent à circuler.

Et puis patatras, voilà que nous tombe dessus l'histoire de la Grande-Bretagne, où l'on voit que les zones qui n'avaient pas été touchées l'année dernière par la grippe A/H1N1 le sont cette année. Proportionnellement au nombre de personnes touchées, on meurt plus cette année que l'année dernière de la grippe en Grande-Bretagne. En particulier chez les enfants".

 

Q : Et en France ?

R : L'épidémie en France est en décalage d'une à deux semaines par rapport à la Grande-Bretagne.

On observe des formes graves du virus A/H1N1 et des patients décédés. Même si le H1N1 représente une part importante de ces décès, un certain nombre d'entre eux sont dus au virus du type B. Ce qui est très étonnant parce que le B est un virus moins dangereux.

On se retrouve aujourd'hui avec une situation qui, finalement, ressemble pas mal à celle de l'année dernière, si ce n'est que, en proportion des patients hospitalisés en réanimation, la mortalité est plus importante que celle de l'année dernière".

 

Q : Pourquoi le vaccin a-t-il été boudé cette année ?

R : "Il y a deux choses qui y ont conduit. Il y a toute la communication autour des messages négatifs sur la vaccination. On a fait peur aux gens.

La deuxième chose, c'est que l'année dernière la grande population des groupes à risque classiques, les plus de 65 ans, n'a pratiquement pas été malade. Il y a donc une espèce de désengagement de la grippe, relayée en partie par des généralistes qui avaient dit beaucoup de mal du vaccin l'année dernière et se retrouvent aujourd'hui dans une situation complexe où même s'ils ont envie de dire du bien du vaccin trivalent, ils se déjugent.

On a une carence de vaccination et on la voit".

 

Q : Qu'a-t-on appris du virus pandémique ?

R : "On a appris que les pandémies ne se ressemblaient pas. On le savait un petit peu, mais on l'a observé encore plus.

Et puis on a vu de nouveau que, dans le monde de la virologie, on ne peut pas se passer de la surveillance chez les animaux, puisque ce sont des réservoirs potentiels pour des virus qui passent à l'homme.

On a encore beaucoup d'incertitudes sur ce virus. C'est difficile de comprendre comment un virus pour lequel une immunité existe chez une part de la population reste parfaitement stable. Ce virus n'a pas changé depuis qu'il a émergé, ou de façon extrêmement limitée, alors qu'il a donné un très grand nombre de cas.

Un certain nombre d'entre nous considérons qu'à un moment donné on risque d'avoir un retour de bâton.

Cela nous a aussi donné beaucoup d'informations sur les femmes enceintes et de nouvelles informations sur la grippe chez l'enfant. Le poids de la grippe chez l'enfant était caricatural l'année dernière et va réapparaître cette année. S'il se passe la même chose en France qu'en Grande-Bretagne, on va avoir des décès chez les enfants.

Par Véronique MARTINACHE


20/01/2011
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