Revue de presse : Article dans Les Echos du 26/09/2011 : Education : entre 20 et 54% de grévistes attendus dans le primaire
La quasi-totalité des syndicats d'enseignants du public et du privé appellent à une journée nationale de grève demain. Du jamais-vu depuis les mobilisations de 1984 pour la défense de l'«école libre».
Baroud d'honneur à la veille de la présentation d'un budget 2012 qui prévoit 14.000 nouvelles suppressions de poste. Mais aussi et surtout volonté de peser dans la campagne présidentielle et de porter d'autres propositions pour l'école. Demain, la quasi-totalité des syndicats d'enseignants du public appellent à un mouvement de grève nationale et à une centaine de manifestations. Signe d'un malaise croissant, tous les syndicats de l'enseignement privé sous contrat - qui compte près de 20% des élèves - les ont rejoints. Du jamais-vu depuis les mobilisations de 1984 pour la défense de l'«école libre». Ils seront aussi soutenus par la FCPE, première fédération de parents d'élèves, les lycéens de l'UNL et les étudiants de l'UNEF. Plus inattendu, l'autre grande fédération de parents d'élèves, la Peep, a fait part de son «inquiétude» face au «bilan très contrasté de cette rentrée scolaire», s'engageant à relayer auprès du ministre de l'Education nationale Luc Chatel les préoccupations des parents.
Face à un ministre qui soutient une rentrée «techniquement et administrativement réussie», des suppressions de postes réalisées «avec discernement», et fait de la«personnalisation des parcours» la pierre d'angle de sa politique, les syndicats vont marteler demain que le gouvernement «a renoncé à la réussite de tous les jeunes» et contribue à une «dégradation» de l'école. S'emparant au passage des conclusions négatives des derniers rapports parus en septembre sur l'école, dont celui de l'OCDE. «On ne fera pas de la qualité sans des personnels formés, et en nombre suffisant, c'est le message du 27 septembre. N'opposons par la qualité et la quantité, c'est un piège. Il faut parler des objectifs, des missions bien sûr, et cela demande des moyens budgétaires. L'éducation ne doit pas être vue uniquement comme une dépense mais d'abord comme un investissement d'avenir», insiste Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU, principale fédération de l'éducation.
Car dans le public comme dans le privé - qui a perdu près de 1.500 postes en cette rentrée et devrait en rendre autant au budget 2012 - on pointe le hiatus entre le discours sur les dispositifs permettant de faire du sur-mesure et de lutter contre l'échec scolaire et la réalité puisqu'ils sont, estiment les syndicats, les premiers touchés par les restrictions budgétaires. Avec entre autres des classes surchargées, une chute de la scolarisation des moins de trois ans, une baisse, selon l'enquête du SNPDEN, principal syndicat des chefs d'établissement, des heures d'accompagnement personnalisé et des cours à effectifs réduits. «Les problèmes posés cette année sont énormes. Il a fallu retirer des heures d'accompagnement personnalisé aux élèves et renoncer à un certain nombre de dédoublements», regrette Eric de Labarre, secrétaire général de l'enseignement catholique, qui est monté au créneau dès l'an dernier, estimant que près d'un millier d'écoles primaires, de 100 à 150 collèges et de 70 à 100 collèges étaient menacés par les suppressions de postes.
Se plaçant dans le débat présidentiel, certains, comme le SNUipp-FSU, demanderont «un plan pluriannuel de rattrapage» de postes ou, à l'instar du Sgen-CFDT, proposeront que l'on débatte d'abord d'une «transformation du système pour qu'il réponde mieux aux défis de la société.»
Dans le premier degré, entre 20,5% et 54% de grévistes, selon les sources, sont attendus. Si Bernadette Groison se montre «confiante», Patrick Gonthier, secrétaire général de l'Unsa-Education est plus prudent, pointant des enseignants «échaudés» par l'issue du mouvement contre les retraites l'an dernier et «la tête déjà au mois de mai.» Luc Chatel a, lui, la semaine dernière, réfuté tout malaise et minimisé cette journée :«Une grève fin de mois septembre dans l'éducation nationale, je n'ai pas le sentiment que ce soit quelque chose de révolutionnaire.»
ISABELLE FICEK
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