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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 05/04/2016 : La scolarisation des tout petits : Une rupture professionnelle ?

Peut-on scolariser des moins de trois ans comme des enfants de trois ans ? A l'évidence, non. Le fait-on : A l'évidence, oui puisque 90% de ces enfants se retrouvent avec des enfants de petite section. Mais que se passe-t-il dans les rares classes de tout petits ? Existe-il une autre solution pour accueillir ces enfants dans l'éducation nationale ?

 

Des exemple de classes de TPS

 

Elles sont peu visibles les rares classes de tout petits. Lors d'un colloque organisé par le Snuipp en novembre 2015,  des enseignantes de ces classes de Toute Petite Section (TPS) ont témoigné des particularités de l'accueil des moins de 3 ans.

 

Pour Audrey Rollin, professeure dans une école Rep+ de Bordeaux,  l'objectif principal de la TPS est la construction du lien avec les parents. "On essaie de créer une culture commune entre la famille et la maison". Cela passe par de grands efforts pour l'école. "Si la famille ne vient pas à l'école on essaie d'aller à la famille", explique-t-elle. Cela a une traduction très concrète et tout à fait nouvelle pour l'éducation nationale. La classe de TPS se tient régulièrement dans la salle d'attente de la PMI. Un bon moyen de se montrer aux parents.

 

Une autre adaptation est révélée par Nadine Massonnière, conseillère pédagogique en Gironde. "On accepte les couches à l'école" dit-elle en provoquant des remous dans la salle. "Pas question de mettre la pression sur l'enfant ou de laisser une famille désemparée à la rentrée. C'est un parti pris".

 

Là on touche à une rupture d'identité professionnelle. Les repères habituels de l'école - le doudou rangé, pas de tétine, la propreté obligatoire - sont remis en question. C'ets plus que symbolique. Ca veut dire que l'objectif d'épanouissement est prioritaire sur celui d'instruction. Mais ça renvoie à un écueil pour l'institution scolaire : dans les exemples cités, le nombre d'enfants ne dépasse pas 15 par classe.

 

Enfin l'ouverture des TPS doit s'accompagner d'une formation. C'est un nouveau métier qu'il faut apprendre avec des enfants très différents   des petites sections.

 

 

La solution des classes passerelles

 

Mieux adaptée aux enfants, la classe passerelle est présentée par Pascale Garnier, professeure à Paris 13, dans un nouvel ouvrage publié par son laboratoire : ("A deux ans vivre dans un collectif d'enfant", ERES édition.

 

Pasccale Garnier juge négativement l'inscription des moins de trois ans dans le système actuel.  " L'accueil des moins de 3 ans en maternelle devrait faire partie d'une politique de réussite éducative. Or ce qu'on observe c'est que l'identité scolaire des enseignants avec les injonctions du programme et les injonctions que se mettent les enseignants pour faire classe aux tout petits conduisent à des situations d'échec dès la toute petite section", nous avait confié Pascale Garnier lors d'un entretien en mars 2016.  

 

"Dans une classe passerelle là on est vraiment dans une politique prioritaire. Elles fournissent un environnement positif pour les enfants car il y a un mélange de cultures professionnelles avec une ATSEM et aussi une éducatrice de la petite enfance . Il faut aussi limiter les effectifs : en classe passerelle on a 3 adultes par classe. Et puis il y a l'accueil des parents qui est fondamental : en très petite section il y a des réticences à les accueillir. Donc avec la pression scolaire les enfants sont mis en difficulté et en particulier pour les tout petits. Le cadre scolaire ne leur est pas adapté."

 

Elle montre les circulations entre l'école et la maison. L apropreté en est un des objets. Concrètement pour l'école cela veut dire qu'elle est gérée individuellement avec un passage individuel aux toilettes. Pour P Garnier, "la classe passerelle est un passage protégé qui ne présente pas toutes les contraintes de l'école et qui à l'inverse favorise l'accueil de sparents et la socialité entre enfants. Loin d'ne faire des élèves elle donne le temps aux enfants de s'adapter aux rythmes d'une vie collective".

 

La classe repose sur un trio professeure des écoles , atsem et éducatrice petite enfance . "On est trois pour réfléchir toutes les semaines on prend un moment pour se poser et réfléchir", indique une atsem à P Garnier. Elle montre comment ce partage des cultures explique les particularités de cette classe. "Ces 3 répertoires de pratiques rendent compte de la triple vie des enfants", entre ce qui relève de la classe, les adpatations faites par les enfants a cette vie et ce que font les enfants dans des moments ouverts.

 

F Jarraud

 

P Garnier, G Brougère, S Rayna, P Rupin, A 2 ans vivre dans un collectif d'enfants? Eres, 2016. ISBN 978-2-7492-5004-5



05/04/2016
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