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Soutenus par l'Union européenne, les projets eTwinning réunissent près de 120 000 écoles ou établissements en Europe dont 12 000 en France. Le 5 mars, le ministre de l'éducation nationale, Vincent Peillon, a remis les prix décernés à 8 projets allant de la maternelle au lycée. Il a vanté des projets pédagogiques innovants, utilisant le numérique, et aussi une école transmettant des valeurs d'ouverture et de tolérance.

"Pour moi ce premier projet eTwinning ça a été une grande bouffée d'oxygène. C'était excitant et intéressant de travailler avec des collègues habitant l'autre bout de l'Europe". Claire Blin est professeur d'anglais au collège Les nénuphars de Bréval, un bourg isolé situé tout au sud des Yvelines. Avec ses élèves de 5ème et leurs camarades grecs, ils ont travaillé sur le harcèlement et réalisé une bande dessinée numérique en anglais et un poster interactif. Surtout le projet a été l'occasion de donner du sens aux cours d'anglais. "Les élèves se sont motivés bien que le projet n'était pas évalué. La première chose qu'ils ont fait au contact des jeunes Grecs c'était d'échanger leurs mails et leur adresse Facebook. Le projet a dépassé le cadre scolaire. Sans le travail des élèves à la maison on n'y serait jamais arrivé".

Même motivation chez les grands de maternelle de Murielle Ducroo, professeure à la maternelle Capsus d'Andernos (33). Avec des enfants de 5 pays européens, les petits Girondins ont rédigé un conte sur la surpêche. Après avoir nourri leur imaginaire en leur racontant des contes, les élèves de Murielle Ducroo ont imaginé le début d'une histoire qui sera terminée par leurs camarades européens. "On n'avait qu'un ordinateur. On a utilisé mon vidéoprojecteur pour voir le travail des autres enfants avec mon portable", explique-t-elle. Là aussi le matériel familial est mis à contribution... Les autres projets récompensés concernent des messages codés échangés entre sections européennes de lycée (Lycée Carriat de Bourg en Bresse ou Lycée Timbaud de Brétigny-sur-Orge) en liant maths et anglais ou des exercices de maths (Institut Lemonnier Caen). Sont dotés également d'un prix un travail sur les plantes par l'école d'Hermeville et des nouvelles policières rédigées par les collégiens de Mennecy.

Alors que les évaluations de la Depp montrent que l'enseignement des langues vivantes s'améliore au primaire mais dégringole au collège, à quoi peut bien servir eTwinning ? "Ils ne sont pas trop petits pour faire de l'anglais", nous confie M Ducroo. "Au contraire c'est l'âge où leurs oreilles s'ouvrent aux sons. Pour le projet ils ont du s'enregistrer avec le logiciel Audacity. Ils ont appris à le faire seuls et à force de s'entendre et de répéter ils travaillent leur expression orale en français et en anglais". Claire Blin estime aussi que l'apprentissage de l'anglais y trouve son compte. "Les élèves sont mis dans des situations de communication. Ca leur montre que l'anglais sert en dehors de l'école. C'est concret et bien plus motivant que le manuel. Les élèves ont du aussi apprendre à utiliser le twinspace du programme, Skype, des chats et Facebook.

La dimension numérique a été soulignée par Vincent Peillon. Mais il a surtout souligné les valeurs qui accompagnent les projets eTwinning. "Grâce à ce travail les élèves ont une ouverture sur le monde qui est indispensable à un moment où on vit dans un village planétaire. C'est aussi indispensable au moment où chez nous on a une tentation de repli. Les enseignants véhiculent des valeurs de tolérance, d'antiracisme, de respect... On apprend avec des enfants qui sont dans d'autres pays. C'est une belle initiative. eTwinning est un vecteur pédagogique et aussi de transmission de valeurs humanistes. L'école doit continuer à jouer ce rôle".

François Jarraud