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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 06/04/2011 : Enseigner, un métier comme les autres ?

En pleine négociation sur la déprécarisation, Luc Chatel annonce le possible recrutement d’enseignants remplaçants par le biais de Pôle Emploi. Alors que le système actuel de formation des enseignants est sur la sellette, les chefs d’établissement pourraient pallier les absences en faisant appel, selon le ministre, à des étudiants ou à des retraités.

 

Parents, êtes-vous rassurés, aucune chaise vide ne sera de mise, en face de vos enfants un enseignant sera toujours présent. Enseignant intérimaire, enseignant improvisé mais il y aura quelqu’un pour délivrer un cours. Moment d’égarement, impulsion en réponse à des inquiétudes liées à un supposé phénomène d’absentéisme ? Difficile de répondre mais l’intervention de Luc Chatel dénote au mieux d’un oubli, au pire d’une méconnaissance à la fois du métier d’enseigner et du système de l’emploi.

 

Car à qui s’adresse Pôle Emploi, aux demandeurs d’emploi en premier lieu, pas aux étudiants ni aux retraités. A priori, il n’y aurait rien de choquant à permettre à des demandeurs d’emploi qualifiés d’accéder aux emplois de l’éducation. C’est déjà le cas pour la formation pour adultes. Rien de choquant à condition que le demandeur d’emploi soit formé au préalable aux rudiments du métier d’enseigner. Quelle qualification, quelles compétences seront mises en avant et quel système d’accompagnement avant la mise en situation professionnelle ?

 

Pour que les annonces figurent parmi les offres de Pôle Emploi, le ministre prend le pari qu’enseigner est un métier comme les autres. Mais, pour n’importe quel métier, il est rare qu’aucune qualification, aucune expérience ne soit demandées. C’est là le drame des jeunes demandeurs d’emploi, être recruté sans avoir un CV long comme le bras. Alors, que vont inscrire les chefs d’établissement sur leur offre pour recruter un remplaçant, avec quelles compétences : disciplinaires, de gestion de classe, de maîtrise des référentiels et des méthodes pédagogiques ?

 

Dans l’annonce de Luc Chatel, on voit aussi poindre le changement de rôle du chef d’établissement, une nouvelle compétence à laquelle il n’est pas forcément préparé : le recrutement d’un personnel remplaçant avec un statut différent. La gestion des ressources humaines est une donnée de plus en plus importante dans le métier de chef d’établissement. L’introduction d’un nouveau type d’intervenant dans l’équipe pédagogique risque de compliquer les choses. Et avec quel statut, quel contrat ? Un contrat de droit public oui mais les textes sont là pour encadrer ce type de contrat, des textes dont l’interprétation a provoqué un accroissement de la précarité. Un contrat de droit privé ? Là aussi les textes s’avèrent contrariants pour les projets ministériels. Et avec quelle articulation avec les personnels contractuels gérés par les niveaux régionaux et national ?

 

L’annonce de Luc Chatel soulève bien des interrogations. Enseigner n’est pas un métier comme les autres ne seraient ce que par les besoins de formation qu’il nécessite et par la réglementation qui l’encadre. Alors cette annonce, un moyen de ne pas analyser un peu plus profondément le malaise enseignant et l’absentéisme qu’il génère, une façon de banaliser la fonction d’enseignant ? On n’ose le penser et pourtant on le craint.

 

Monique Royer



06/04/2011
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