Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 10/05/2011 : Les évaluations de CM2 repoussées en fin d'année scolaire
Selon le Se-Unsa et le Snuipp, les évaluations nationales de CM2 seront repoussées en fin d'année scolaire dès 2012. Un transfert de date qui change la nature de ces évaluations et pose la question de leur finalité. Va-t-on vers un examen d'entrée en 6ème ?
Nouveau rebondissement dans la saga des évaluations nationales du primaire. J.M. Blanquer, directeur de l'enseignement scolaire, a annoncé au Se-Unsa et au Snuipp le 9 mai, un changement de cap dans les évaluations nationales de CM2 qui auront lieu en fin d'année scolaire dès 2012.
Une histoire mouvementée. Alors que les enseignants s'étaient habitués à une évaluation diagnostic qui permettait de déceler les faiblesses des élèves, Xavier Darcos avait mis en place en 2007 une nouvelle évaluation qui avait rencontré une vive résistance. Dans un document d'orientation, le ministre présentait cette évaluation comme un moyen "de connaître et de faire connaître quels sont les acquis des écoliers français à des moments clefs de leur scolarité, notamment par rapport aux pays comparables. C’est pourquoi seront créées deux évaluations nationales témoins qui serviront à mesurer les acquis des élèves au CE1 et au CM2… Elles seront construites à partir des connaissances et des compétences légitimement attendues à ces niveaux de la scolarité… Elles seront menées au milieu de l’année scolaire afin que les professeurs des écoles aient le temps nécessaire pour organiser leur enseignement. Leurs constats seront rendus publics et permettront d’apprécier l’évolution de la réussite du système éducatif… Le niveau obtenu lors de ces évaluations mais surtout les progrès accomplis par les élèves et mesurés par ces évaluations constitueront le véritable indice de réussite de la politique scolaire". En même temps était annoncé que "l’évaluation des professeurs des écoles doit être redéfinie : pour ne plus s’attacher seulement à la méthode pédagogique de l’enseignant mais intégrer les progrès des élèves".
Ont suivi deux années de troubles sérieux, ponctuées par des refus massifs de faire passer ces tests et d'en faire remonter les résultats. Les enseignants ne comprenaient pas à quoi sert cette évaluation mise en milieu d'année, mais portant sur le programme de l'année, dont les résultats étaient finalement remontés nationalement pour obtenir des statistiques à la fiabilité douteuse. Les spécialistes s'interrogeaient aussi. Ainsi Nathalie Mons en 2011 : "Le Ministère se heurte actuellement au refus d'un dispositif dont les objectifs politiques ne sont pas clairs. S'agit-il d'une évaluation diagnostic ? Elle doit alors concerner tous les élèves en début d'année. S'agit-il d'une évaluation bilan qui donne une photo des acquis des élèves à un palier particulier du système éducatif ? Il est alors préférable qu'elle soit conduite en fin d'année et pour des raisons de coût sur un échantillon représentatif d'élèves et d'établissement. Le dispositif actuel est un mélange des deux qui n'a pas de sens statistiquement parlant".
Finalement, en 2010, Luc Chatel avait plaidé l'apaisement et promis une refonte. Les évaluations passaient du giron de la Dgesco à celui de la DEPP (direction des études du ministère). Et des négociations s'entamaient avec les syndicats et les parents. Malgré elles, en 2011, les évaluations ont été passées dans les formes voulues par X Darcos, à la grande colère des parents de la FCPE. C'est cette démarche d'apaisement qui est anéantie par l'annonce, par la Dgesco, du changement de cap.
Pour Christian Chevalier, secrétaire général du SE-Unsa, "le ministère n’a nul besoin d’imposer un système aussi coûteux pour disposer des informations nécessaires au pilotage du système éducatif. Les évaluations sur échantillons représentatifs répondent parfaitement à cet objectif". Le syndicat demande "le développement de banques d’outils d’évaluation des compétences du socle commun à tous les niveaux, et le retour à des dispositifs nationaux d’évaluations diagnostic en début de CE2 et de CM2".
Interrogé par le Café, le Snuipp s'inquiète des finalités de ce changement. "Après avoir longtemps entretenu un double discours sur ce dispositif présenté à la fois comme diagnostique et bilan, le ministère vient de lever le voile sur ses véritables intentions : ces tests ne sont que des évaluations « bilan » et rien d'autre. Leurs résultats ne serviront pas aux élèves mais seulement au ministère pour disposer d'indicateurs statistiques dans le but unique de piloter le système éducatif. Le SNUipp-FSU a toujours affirmé que cet objectif pouvait être atteint en travaillant sur un échantillon représentatif". Du coup, la mise en place d'évaluations nationales, dont les résultats individuels sont traités nationalement, interroge le syndicat. "Placées ainsi en fin d'année, ces évaluations ne seront pas exploitables par les enseignants à moins que l'intention du ministère ne soit de rétablir, à terme, un examen de passage en 6éme".
La victoire de Copé ? C'est qu'à l'UMP, Jean-François Copé a fait campagne pour cet examen d'entrée dès le lancement de la campagne des présidentielles. Accueillie fraichement dans les rangs mêmes de son parti, cette proposition semblait enterrée. La décision du ministère vient de la remettre en selle au risque de lancer une nouvelle campagne de "résistance" contre ces évaluations. On n'a pas fini d'en parler.
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