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La publication des "Regards sur l'éducation", édition annuelle de l'OCDE pose aussi la question de son influence sur les systèmes éducatifs, voire de sa domination sur les systèmes éducatifs nationaux. C'est ce qu'étudient Georges Felouzis et Samuel Charmillot qui publient aux PUF un Que sais-je sur la principale publication éducative de l'OCDE : "Les enquêtes PISA".

L'OCDE est-elle un monstre international dévorant les systèmes éducatifs nationaux, imposant ses normes aux Etats ?

Bien des arguments peuvent appuyer cette thèse. La publication des Regards sur l'éducation en 2011 a été un vrai coup dur pour Luc Chatel et son candidat préféré. Pour en revenir à Pisa, G Felouzis et S Charmillot rappellent l'influence déterminante qu'a eu PISA pour la refondation du système éducatif allemand. Mais leur ouvrage nuance aussi fortement le poids de l'OCDE sur les politiques. L'impact est très variable d'un pays à l'autre (étude de S. Grek). "L'ampleur des conséquences de PISA dépend en grande partie de l'état de leurs statistiques publiques". En France la censure instituée par le ministre précédent sur les évaluations du système éducatif, le développement de pare-feux à travers des données peu scientifiques (les évaluations de CM1 et CE2) ont au final joué un mauvais tour à leur initiateur.

Là où PISA défrise davantage, expliquent les auteurs, c'est que l'évaluation de l'OCDE porte sur des compétences et non des connaissances. On retrouve là un clivage profond et actuel du système éducatif. L'écart peut être fort entre ce qui est appris en France et ce qui est demandé dans PISA, par exemple en maths. Mais cet écart existe aussi dans les examens nationaux qui ne demandent pas que des connaissances apprises par coeur mais aussi des compétences. Voilà qui suffirait pour un hommage aux travaux de l'OCDE.

Mais l'on doit davantage à PISA comme le montre l'ouvrage de G Felouzis et S Charmillot. PISA a révélé à l'opinion publique française les fortes inégalités sociales dans le système éducatif, celles par genre ou encore le creusement des inégalités selon l'origine ethnique entre immigrés et natifs. L'OCDE a aussi été un acteur important pour porter la réflexion sur le climat scolaire et le plaisir d'aller en classe. PISA a montré l'importance des effets de groupement des élèves ou encore l'impact du redoublement.

Une base pour la refondation.

"PISA montre que l'école dans la France des années 2000 s'oriente vers une moindre efficacité, au point que les inégalités liées à l'origine socioéconomique y sont parmi les plus marquées dans le monde", écrivent les auteurs. En ce sens, la refondation entreprise par le gouvernement actuel lui doit beaucoup. Durant les 5 années du gouvernement précédent, où une large censure a été appliquée au système national de statistiques éducatives, la liberté d'information sur l'Ecole a dépendu pour une bonne part des publications de l'OCDE. Pour autant il importe que le nouveau ministre construise les outils nationaux qui permettent un suivi plus fréquent et piloté nationalement pour faire avancer notre Ecole.

F. Jarraud

Georges Felouzis, Samuel Charmillot, Les enquêtes PISA, Que sais-je 3949, PUF, 2012.