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Compétence essentielle du C2i2e mais aussi des B2i, découvrir le contexte numérique de l'établissement est un élément de plus en plus important pour les "nouveaux". C'est aussi une interrogation, à l'heure de la rentrée, quand des nouveautés sont mises en place (logiciels, matériels etc.). Une lecture du domaine 1 de la compétence 1 de chacun de ces référentiels permet de voir la conception qui les traverse. Celle-ci repose bien sur une idée de maîtrise progressive dans un cadre établi, celui de l'établissement dans lequel on arrive. En d'autres termes la prescription première est l'adoption des règles en place ce qui suppose la compréhension de l'organisation informatique en place. En primaire l'échelle de compréhension c'est l'ordinateur lui-même, en collège, c'est l'utilisation du cadre de l'informatique imposé et son utilisation en connaissance de cause. Au lycée, l'élève est considéré comme autonome dans le cadre informatique proposé/imposé. En licence apparaît la dimension de la complexité et la responsabilité individuelle face à cela. En master, c'est l'appropriation du cadre de l'établissement et sa mise en œuvre professionnelle qui est mise en avant.

Se plier au contexte numérique

La difficulté principale à laquelle sont confrontés, à tous les niveaux, les "nouveaux", mais aussi les anciens... parfois, c'est d'articuler des pratiques personnelles avec des pratiques en milieu "contraint". Car la question principale posée par le contexte numérique de l'établissement c'est d'abord de s'y plier. Pour s'y plier, il faut, soit le comprendre, soit le subir ; et parfois les deux. Or en général, pour les élèves, cela commence par le règlement intérieur et la charte informatique. Pour les enseignants la découverte est souvent plus complexe car moins explicite.

L'enseignant qui découvre un nouvel établissement est confronté d'abord à la question infrastructure et logistique. En d'autres termes, câbles, machines, réseaux etc. est la première réalité à laquelle il est confronté. C'est dans la salle des profs (ou son annexe), dans laquelle sont installés des ordinateurs, qu'il a l'occasion de découvrir l'informatique maison. Ce moment de découverte est parfois un grand moment selon les voisinages de l'instant. Selon le collègue présent à proximité et son degré d'appropriation le discours peut grandement varier entre "c'est toujours en panne", "moi je ne l'utilise pas sauf pour les notes" et le "c'est super on a tout", "moi de toute façon j'utilise mon matériel perso". La logistique et l'infrastructure s'invitent rapidement aussi dans la salle de classe que l'on va découvrir avec ses équipements (ou sans). Il va falloir alors comprendre comment faire avec, les codes d'accès, les connexions, la télécommande, les crayons... Il est sûr qu'avec le tableau (noir ou blanc) et les craies ou feutres cela est un peu plus simple...

La découverte de l'ENT

Enfin arrive le moment de la découverte de l'ENT ou du moins ce que l'on appelle ainsi (parce que là aussi il y a des variations dans ce que cela recouvre comme réalité). On le constate, l'enseignant qui découvre son nouvel établissement doit aussi se construire une représentation de la place du numérique afin de se situer dans ce contexte et de définir ce qu'il va choisir de faire. Il y a de plus en plus de surprises à cette rentrée : attribution d'un netbook, d'une tablette ou encore TBI dans toutes les classes (ou au moins vidéo projecteur), logiciel collaboratif en ligne permettant à l'enseignant de prolonger son enseignement, voire réseau social numérique disponible... Les conditions numériques de travail évoluent rapidement, il faut s'adapter de plus en plus à cette réalité qui est souvent locale. En d'autres termes, il faut apprendre le contexte numérique de l'établissement et son potentiel.

Le nouveau métier d'élève

L'élève qui arrive dans un nouvel établissement va rapidement se trouver confronté à deux éléments : d'une part ce que les copains disent, d'autre part l'articulation entre pratique personnelle du numérique et pratique en milieu scolaire. Dans tous les cas il lui faut aussi tenter de s'adapter à une réalité contrainte. Avec les copains l'élève va rapidement devoir faire "son métier" c'est à dire apprendre les codes explicites (ce qu'il faut montrer que l'on fait) et les codes implicites (ce qui n'est jamais dit mais que l'on fait en réalité). Les écarts entre l'énoncé oral de l'institution, le rapporté par les copains, l'écrit institutionnel prescrit et le réel des pratiques au quotidien sont un apprentissage indispensable du "bon élève". Cela est sans compter le risque d'avoir des enseignants très portés sur le numérique et cependant très différents dans leur façon de faire. Ce métier d'élève qui s'apprenait déjà sans le numérique, prend un nouveau relief avec, surtout que les pratiques personnelles doivent être adaptées à ce contexte. Le règlement intérieur (ou la charte) est une lecture indispensable mais elle reste insuffisante pour connaître toutes les subtilités. De plus certains lieux de l’établissement (foyer des élèves, CDI, aumônerie ou autre lieux) ont parfois des codes d'usage différents. La découverte de l'établissement passe désormais pour les élèves par cet apprentissage nouveau dans lequel une dimension nouvelle est présente : calmer ses pratiques personnelles et accueillir celles qu'on vous impose pour s'y adapter.

Un élément nouveau du contexte numérique de l'établissement devient de plus en plus important : le lien avec les familles en particulier autour de ces objets désormais numérisés : notes, absences, retards etc... Sans compter le cahier de texte, les travaux à faire et davantage parfois. Les familles ou les responsables éducatifs des jeunes ont désormais des portes d'entrée dans le contexte numérique de l'établissement. Cette dimension a pris une importance capitale depuis 2002, année à partir de laquelle cela a été remis au devant de la scène scolaire. C'est pourquoi, les parents ou responsables éducatifs des jeunes doivent aussi faire leur "rentrée numérique scolaire"... quand ils inscrivent les jeunes dans un nouvel établissement

Bruno Devauchelle

Retrouvez tous les vendredis la chronique de B. Devauchelle sur le numérique.