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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 15/03/2013 : J4 de la refondation : La classe convoquée à l'Assemblée...

Redoublement, wifi, enseignement de l'informatique, notes, Rased, morale laïque, collège unique... En apparence, les députés ont continué à faire du sur place grâce aux 1500 amendements déposés par l'opposition. Au soir du 4ème jour de débat, l'Assemblée n'en a toujours pas fini avec l'article 1 de la loi de refondation. En réalité l'Assemblée a précisé sa pensée sur l'Ecole et construit des compromis qui touchent directement le vécu de tous les enseignants.

 

Sauvez les notes !

L'analyse de l'annexe du projet de loi de refondation est l'occasion d'amendements sur l'évaluation des élèves. La question divise les députés. Elue écologiste, B Pompili dépose un amendement qui invite à "sortir complètement du système de notation dans l’enseignement primaire". Le texte est soutenu par G. Hanotin qui remet lui aussi en cause l'évaluation par un autre amendement. "Notre système d’évaluation organise la réussite des uns par rapport à l’échec des autres. De nombreux travaux de recherche, notamment ceux dirigés par André Antibi, ont mis en évidence des constantes dans toutes les classes de notre pays : quel que soit le niveau d’une classe, elle comptera un tiers de bons élèves, un tiers de moyens, un tiers de mauvais. Il y aurait finalement un besoin de retrouver cette donnée constante, cet équilibre, au sein d’une classe. Sans remettre en cause le principe de l’évaluation qui m’apparaît nécessaire, tout comme le maintien des notes car elles sont ce qu’il y a de mieux compris par nos concitoyens, nous devrons réexaminer la manière d’évaluer, qui pose aujourd’hui problème en ce qu’elle est un facteur d’échec".
Finalement l'amendement de Mme Pompili est rejeté, celui de G. Hanotin est retiré. C'est le texte beaucoup plus traditionnaliste de Mme Bechtel, chevènementiste, qui est adopté avec le feu vert gouvernemental. "On ne peut imaginer un système scolaire dans lequel on ne noterait plus les élèves", dit-elle. "La note n’est pas une simple sanction arbitraire visant à stigmatiser les mauvais élèves dans un climat de méfiance ou à stimuler une compétition féroce. La note est avant tout une indication, pour l’élève comme pour l’enseignant, du degré d’acquisition de telle ou telle connaissance". La notation classique est sauvée....
Vincent Peillon tranche. "Bien entendu, je ne suis pas opposé à la notation et je ne propose pas qu’on la supprime. Au contraire, l’émulation peut être utile ! La France pourrait cependant s’inspirer de la diversité des manières d’évaluer pour permettre la progression. Les évaluations ne doivent pas être des sanctions ni des couperets. Elles ne doivent pas être sommatives mais, comme le disent les pédagogues, formatives. Nous prendrons ces considérations en compte au niveau des écoles supérieures du professorat et de l’éducation. Nous avons besoin d’une génération qui ait davantage confiance en elle-même."

 

Sauvez le redoublement !

Mme Bechtel aura moins de chance avec le redoublement. Son amendement, très favorable à cette pratique dont l'inutilité au primaire est démontrée, est retiré. L'Assemblée n'écarte pas le redoublement. Elle adopte un amendement déposé par une député PS, AL Dufour-Tonini, qui précise que le redoublement "doit être exceptionnel". Là les novateurs ont marqué un point.

 

De la maternelle au collège unique

Un autre amendement d'AL Dufour-Tonini est également adopté à propos du lien entre école maternelle et élémentaire. Elle obtient de l'Assemblée que les enseignants de GS et de CP se rencontrent et se transmettent des informations. L'Assemblée adopte également la prise en compte des moins de 3 ans dans les effectifs du primaire dans les communes en zone sensible ce qui favorisera les ouvertures de classes.
Suit une nouvelle bataille. L'opposition se mobilise pour le maintien du DIMA, un dispositif de sélection précoce des collégiens, contre le collège unique mais en pure perte : ses amendements ne passent pas. Le statut des enseignants, les Rased font aussi l'objet d'attaques répétées. Vincent Peillon annonce le "renforcement" des Rased.

 

Rejet de la discipline informatique

Le rapporteur doit aussi faire face à un amendement de Marie-George Buffet (PCF) qui demande la création d'une discipline informatique. Vincent Peillon est prêt à accepter l'idée d'une certification pour les enseignants mais refuse l'idée d'un capes ou d'une agrégation d'informatique. Pour lui, le numérique doit mieux pénétrer dans toutes les disciplines et non devenir une discipline. L'amendement disparait. L'informatique revient dans les échanges avec un nouvel amendement de B Pompili contre le wifi dans les écoles maternelles au nom du principe de précaution. "En quoi un enfant de maternelle a-t-il besoin du wifi ?", demande-t-elle. L'amendement est partiellement écarté au terme d'un compromis qui "favorise" l'utilisation de connexions filaires pour protéger les enfants de "l'influence des ondes".

 

Les profs des ESPE envoyés à l'école

Par contre le gouvernement va céder à un amendement de l'opposition qui propose d'obliger les professeurs des Ecoles supérieures du professorat et de l'éducation à continuer à enseigner à temps partiel. Finalement l'obligation est levée mais les futurs professeurs des ESPE seront "encouragés" à enseigner. On verra quelle proportion des anciens professeurs d'IUFM, reclassés automatiquement dans les ESPE, iront faire un tour sur le terrain...

 

Mais pas touche à la morale laïque

Le seul domaine où V Peillon reste intransigeant est celui de la morale laïque. Le concept est attaqué par l'opposition qui y voit un enseignement anti religieux qui arrache l'élève à sa famille. Vincent Peillon intervient longuement pour défendre l'idée d'une morale laïque,  "une morale commune à tous ceux qui peuvent avoir des options spirituelles différentes. C’est ce qui s’est appelé morale laïque dans notre histoire. Il a toujours été dit que l’on devait avant tout veiller à ne blesser aucune conscience dans la salle de classe – et seule la morale laïque y parvient".

Et au final...
En une journée de travail des dizaines d'amendements ont été écartés. Le ministre a longuement convaincu ses interlocuteurs. Dans la nuit l'article 1 est adopté au bout de 3 journées de travail parlementaire. Les modifications apportées au texte de la commission sont très modestes. Et il reste encore 59 articles à étudier...

 

François Jarraud



17/03/2013
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