Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 16/09/2013 : La charte de la laïcité inaugurée à l'école Vitruve
Comment faire vivre la charte de la laïcité à l'école ? Pour installer une des premières chartes de la laïcité, vendredi 13 septembre, George Pau-Langevin n'a pas choisi n'importe quelle école. Elle s'est rendue dans l'école Vitruve, située dans l'arrondissement dont elle est élue. Mais cette école est aussi un lieu historique de l'innovation pédagogique. Une école qui depuis cinquante ans applique la fraternité dans un quartier très populaire. Et où on pratique la laïcité pour de vrai...
L'école du vivre ensemble
Rarement un ministre aura été aussi bien reçu que George Pau-Langevin, ce 13 septembre, à l'école Vitruve, dans le 20ème arrondissement parisien. Ce n'est pas tant qu'on ait déployé le tapis rouge pour la ministre. L'accueil est extraordinaire par l'art qu'ont les enfants de l'école de recevoir le visiteur. Hauts comme trois pommes, deux élèves ont salué la ministre avec l'assurance d'un présentateur professionnel. "Nous sommes heureux que vous soyez dans notre école car ici les enfants prennent des responsabilités". Puis toute l'école a entamé le chant de l'école au quart de tour.
"C'est une école qui développe le vivre ensemble et par conséquent il était naturel que nous la choisissions. C'est déjà une école où on a un vécu démocratique ce qui est un terreau favorable pour que la charte soit appliquée", nous a confié la ministre. De fait l'école, fondée en 1962 par des instituteurs militants de l'école nouvelle, est devenue une école expérimentale. Elle a mis en place des structures de gestion associant les enfants. Dans le couloir, les enfants ont affiché les noms des coordinateurs enfants, ceux des ludothécaires et même ceux des "contrôleurs de vitesse". L'école a institué un système de réglement des conflits entre enfants. Les enfants savent débattre, argumenter avec assurance. En même temps, l'école Vitruve est largement ouverte sur le quartier. Les parents participent aux assemblées, aux fêtes, aux journées à thèmes.
Le problème des minorités silencieuses
Justement, la ministre assiste à un débat en classe sur le dernier conseil d'école, un organe qui réunit les élèves délégués et un enseignant sur les règles à appliquer dans l'école. Peut-on changer les règles ? Oui explique Théo parce qu'on peut changer d'avis après avoir essayé. La question du chewing gum amène une autre question : comment faire respecter l'interdiction des bonbons prises par le conseil pour éviter les disputes ? La maitresse explique qu'il y a des élèves qui ne respectent pas la règle et qui refusent de venir au conseil. C'est une minorité silencieuse. Comment lui faire respecter la règle ? "Il faut les faire venir au conseil", suggère Léna. A Vitruve, on a une certaine expérience du vivre ensemble.
Ecole de la vie, école de l'apparence
C'est par ce biais des applications concrètes, que l'école Vitruve entend appliquer la charte. Pour Frédéric Le Merrer, coordinateur de l'école, "la charte ne prendra son sens que si elle s'intègre dans une démarche plus globale qui va solliciter l'ensemble des acteurs de l'école. Elle ne transformera la réalité que si elle interroge l'école et ses pratiques". Dans la charte, il voit "une vision de l'école républicaine, l'école du travail coupée de la réalité", mais aussi "le droit à l'expression, des mots rassurants qui se rattachent à l'école de la vie, de la responsabilité". Pour lui c'est cette dernière école qui répondra le mieux aux défis de la laïcité.
Des parents, l'inspecteur du secteur, le recteur, des élus locaux ont échangé avec la ministre sur la laïcité. La maire du 20ème arrondissement, Frédérique Calendra a rappelé les difficultés rencontrées dans les cantines scolaires. Des problèmes qui ne peuvent se résoudre que dans le dialogue avec les parents.
La ministre a annoncé la publication prochaine d'une nouvelle circulaire sur la place des parents à l'école. George Pau-Langevin a rappelé que "s'il est important de rappeler le cadre quand les personnels s'interrogent pour savoir s'ils appliquent bien les principes républicains... il faut faire de l'école le creuset de la société et non un lieu qui divise". Pour elle, "l'idéal ne vivra que dans l'action pédagogique", "On fait confiance aux enseignants pour diffuser ces principes.. Ce texte a été voulu pour que tous les enfants, notamment dans ce quartier, sachent qu'on est tous égaux et que nous souhaitons vivre ensemble. Il ne s'agit pas de critiquer ou d'être contre telle ou telle croyance, mais de rappeler que l'école est un espace dévolu à la culture. Le texte dit que nous sommes tous protégés et respectés. C'est un texte de fraternité".
François Jarraud
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