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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 17/10/2013 : Pour le Snuipp, les directeurs d'école veulent du concret

Le premier syndicat du primaire a dévoilé le 16 octobre les résultats d'un sondage mené auprès de 7 500 directeurs d'école primaire. Il fait apparaître des attentes très précises en terme de décharges horaires, de salaire, de formation et de soutien administratif. Des sujets qui ne manqueront pas d'être repris dans les discussions qui vont s'ouvrir avec le ministère (Dgesco) sur l'avenir de la fonction.

 

Paperasseries

C'est une pile d'une quinzaine de centimètres de haut qu'agite Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp. Rien que des formulaires administratifs, entassés les uns sur les autres avec des cases à remplir enrobées de formules impératives. Cela représente ce qu'un directeur a reçu depuis le début de l'année en paperasses à remplir à destination du Dasen, de l'inspecteur ou du rectorat. La masse est variable selon les départements, certains ayant développé des outils spécifiques qui s'ajoutent aux enquêtes nationales. Face à ces demandes kafkaïennes, le directeur est généralement seul.

"Le seuil de tolérance est atteint", explique S Sihr. "Les directeurs s'épuisent. Avec les nouveaux rythmes à mettre en place, on est au bord de la rupture". Le syndicat a réalisé un sondage auprès de 7 500 des 48 000 directeurs d'école primaire. Et le verdict est sans appel : "un directeur est un animateur de la vie pédagogique de l'école. Ce n'est pas un administratif occupé à renseigner des enquêtes, écrasé par la paperasse". La première demande des directeurs c'est du temps. 78% demandent à ne pas faire les APC, un nouveau dispositif d'aide. Les directeurs veulent qu'on abaisse le seuil pour l'attribution des décharges et qu'on augment leur durée. Or si 1 400 directeurs ont une décharge totale d'enseignement, 18 000 n'en ont aucune. Les autres bénéficient de décharge partielle en fonction du nombre de classes. "Tout le temps pris par ce travail administratif c'est du temps de moins pour la relation avec les familles", rappelle S. Sihr.

 

Et salaire...

La seconde revendication des directeurs c'est l'aide administrative. Ils veulent la création d'un métier d'adjoint administratif. Ils souhaitent aussi pouvoir bénéficier d'une assistance juridique au quotidien. Les directeurs demandent aussi un renforcement de leur formation, réduite actuellement à 5 semaines. Enfin il y a la revendication salariale. 84% des directeurs veulent une revalorisation. Aujourd'hui les avantages salariaux cumulés des directeurs varie de 158 à 345 € mensuels selon le nombre de classes, un peu plus en réseau Eclair. Cela amène le salaire net d'un directeur entre 1 800 et 2 500 euros nets par mois. On mesure l'écart avec le salaire d'un principal de collège qui dispose d'un secrétariat et a parfois a moins de classes...

"Depuis trop longtemps les directrices et directeurs s'épuisent, note le Snuipp. Il faut un vrai choc de simplification administrative... On ne donnera pas la priorité au primaire en laissant les directeurs au bord du chemin. Il est temps de reconnaître que la direction d'école est un fonction spécifique qui nécessite des conditions de travail, de formation et de rémunération adaptées et améliorées". Le Snuipp entend s'engager résolument dans les discussions sur le métier de directeur et veut des mises en oeuvre dès la rentrée 2014.

 

Une veille question

A vrai dire, un sondage réalisé par le Se-Unsa en octobre 2012 amenait déjà les mêmes conclusions. "On est en train de passer du malaise à la souffrance au travail", nous avait dit Christian Chevalier, secrétaire général du Se-Unsa. Déjà 73% des directeurs estimaient trop lourd d'avoir à la fois à faire classe et à exercer la fonction de directeur. 60% se plaignaient du courrier à traiter,  67% du projet d'école. Enfin 59% se plaignaient du harcèlement par des enquêtes administratives. "On nous envoie des enquêtes à traiter tout de suite dont la finalité n'apparait pas ou qui nous heurtent", disait une directrice.

 

Quelle direction veut-on ?

Le sondage du Se Unsa posait ouvertement la question du statut du directeur d'école. Aujourd'hui le directeur est un professeur des écoles parmi ses pairs. Le sondage Se Unsa montrait que 52% d'entre eux voulaient un pouvoir hiérarchique. 70% voulaient une évolution de la structure administrative de l'école. Le sondage du Snuipp n'a pas posé ces questions. "La demande de statut traduit le malaise, la demande de reconnaissance", estime S Sihr. "Elle n'a pas émergé du sondage. Dans le second degré le chef d'établissement rencontre les mêmes problèmes de temps, de paperasserie, de charge de travail que le directeur. C'est dire que la solution n'est pas dans le statut". Un troisième acteur, le GDID, une association qui regroupe environ 2 000 directeurs, a pourtant mis cette demande en avant. Pour le GDID le directeur doit devenir chef de service, leader pédagogique. "Il faut une contrainte pour que le pilotage marche", nous avait dit Pierre Lombard début 2013.

Mais comment avoir une même définition du métier alors que la situation des écoles est très variable ? Sur les 48 500 écoles françaises, 5 000 n'ont qu'une seule classe, 4 000 en ont plus de 10 et 19 000 ont moins de 4 classes. Difficile de regrouper sous la même appellation des personnels gérant de véritables petits établissements avec du personnel et des enseignants isolés dans leur classe. Si tout le monde semble d'accord pour ne pas poser la question du statut du directeur au sein du groupe de travail réuni par la Dgesco, celle de la gestion des écoles et de leur lien avec le collège ou avec les autres écoles devrait forcément arriver sur la table.

 

François Jarraud

 

Sondage Snuipp



11/11/2013
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