Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 19/10/2012 : Le pilotage du primaire épuisé sous les paperasseries administratives
Quel bilan de la réforme de 2008 dans l'enseignement primaire ? Dans un rapport de 2011, l'Inspection générale (Philippe Claus, François Louis) estime que tout reste "fragile" voire "trompeur". Base élèves, le LPC, les évaluations nationales relèvent davantage de l'alourdissement bureaucratique que d'outils pédagogiques. La question du statut du directeur est posée.
En mars 2012, un sondage réalisé par le Café pédagogique montre les enseignants du primaire divisé sur le statut des directeurs d'école. Le rapport de l'inspection générale de juillet 2011 montre l'ambiguïté de son rôle. "Les évolutions fonctionnelles comprises dans la réforme de 2008 n’ont visiblement pas suffi à faire évoluer le rôle d’un directeur qui reste un animateur et qui, malgré des marges nouvelles, dispose de bien peu d’arguments pour engager des initiatives collectives dans son école. Comme le souligne un rapporteur, « le directeur d’école, s’il assume mieux son rôle d’organisateur, n’est pas encore dans l’impulsion »", écrit la rapport. Finalement, "dans les changements de ces trois dernières années, les directeurs voient plus la cause d’un alourdissement du travail administratif qu’une évolution de leurs fonctions". Quant aux directeurs, le rapport souligne que "leurs attentes sont diverses" mais que "l'existence d'un statut apparait inéluctable". Les aides administratifs, remis en question pour raisons budgétaires, sont largement accaparés par les nouvelles exigences administratives comme Base élèves.
Pour l'inspection, le fichier des écoliers "Base élèves" est en voie de généralisation malgré "la persistance de secteurs où la contestation demeure vive". Mais "il faut bien constater que les perspectives d’exploitation statistique... s’avèrent désormais singulièrement limitées, ôtant par là-même une grande partie du caractère opérationnel en ce domaine du dispositif mis en place". Le rapport mentionne en note que "l’absence des PCS illustre les limites d’exploitation éventuelle des données à des fins d’analyse statistique". Elle résulte des démarches judiciaires des opposants à la base. Au final, Base élèves est surtout une grande perte de temps pour les directeurs puisque de surcroit le logiciel ne s'interface pas avec les outils existants dans les grands villes. Il faut tout saisir en double !
La double imposition du livret scolaire et du livret de compétences est un autre facteur d'alourdissement bureaucratique. Le rapport signale que ces outils varient d'un département à l'autre. Surtout les enseignants obéissent aux injonctions administratives mais ne goûtent pas le charme du LPC. "Dans la majorité des circonscriptions, les écoles ne se sont pas encore engagées dans une révision conjointe du livret scolaire traduisant une réflexion sur les modalités d’évaluation des acquis des élèves et dans l’élaboration du LPC". "C’est une contrainte paperassière supplémentaire... L’ensemble des entretiens témoigne également de l’impact encore très relatif de ce dispositif sur la pratique professionnelle des enseignants qui s’inscrivent massivement dans une démarche individuelle, chacun dans sa classe."
Le bilan final confirme l'échec de la démarche de Luc Chatel. "Le premier degré dispose aujourd’hui d’une gamme intéressante d’outils de connaissance des élèves, et les enseignants ont sérieusement commencé à s’en emparer. Ces dispositifs ne sont cependant pas stabilisés : « Base élèves » reste fragile, les évaluations des élèves de CM2 et de CE1 doivent impérativement être consolidées et la mise en oeuvre du livret personnel de compétences n’en est qu’à ses débuts. L’application actuelle et effective des textes sur le livret personnel de compétences s’avère trompeuse : le LPC reste un outil extérieur à la pratique pédagogique des enseignants qui ne s’inscrit qu’exceptionnellement dans l’objectif de suivi personnalisé du parcours des élèves. L’objectif d’une validation collective des compétences n’est pas encore atteint, encore moins celui d’une responsabilisation des équipes dans l’organisation et le suivi du cursus scolaire des élèves."
François Jarraud
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