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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 24/03/2014 : 7 minutes pour apprendre à lire : Le Snpi Fsu réagit

"Formule réductrice". Pour Paul Devin, secrétaire général du Snpi Fsu, l'étude de Bruno Suchaut "conforte une vision d'un système scolaire dégradé". "Comment mesurer le temps d'engagement d'un élève" demande aussi P Devin.

 

"7 minutes par jour pour apprendre à lire... Il est logique que la formule de Bruno Suchaut ait fait réagir. On peut même présumer que le choix de cette forme très condensée ait justement eu pour but d'attirer l'attention. Mais est-il raisonnable aujourd'hui de céder à la tentation de ces formules chocs ?", demande Paul Devin dans un message envoyé au Café pédagogique. "A défaut de pouvoir rendre compte de la réalité complexe de l'école, elles confortent, même si ce n'est pas l'intention de leurs auteurs, la vision d'un système scolaire dégradé et négligeant pour les élèves les plus faibles."

 

Le secrétaire général du Snpi Fsu met en doute les calculs de B Suchaut. "La prudence des énoncés devrait être tout d'abord guidée par la difficulté de la mesure. Comment en effet produire un chiffre qui restitue la réalité objective quand on sait, qu'en la matière, l'expression d'une moyenne n'a guère de sens ? Comment délimiter les activités d'apprentissage de la lecture alors que les pratiques linguistiques sont transversales de l'ensemble des activités et que l'apprentissage de la lecture ne peut raisonnablement se limiter aux activités spécifiques de lecture ? Comment mesurer "le temps d'engagement" de l'élève alors que nous savons tous que les manifestations extérieures de l'attention ne recouvrent pas la mobilisation intellectuelle de l'élève ? D'autre part, la mesure est intiment liée à des parti pris que l'on peut discuter : Bruno Suchaut considère que "la compétence identifiée comme déterminante en CP est l'automatisation du code alphabétique". Très certainement cette compétence est nécessaire et doit être l'objet d'activités d'apprentissage mais cette nécessité suffit-elle à la hiérarchiser au point d'en faire "la" compétence indispensable ?"

 

Mais le point noir c'est le "plus de maitres que de classes", une formule préconisée par la Fsu, reprise par le ministère et dont Bruno Suchaut avait dit que rien ne venait certifier ses effets. "Quant à la question des maitres supplémentaires du dispositif "plus de maîtres que de classes", il n'est pas non plus raisonnable de prononcer, a priori, un verdict. Nous le savons tous, aucun dispositif n'est suffisant pour être vertueux en soi. C'est le soin avec lequel il est mis en oeuvre, la réflexion qu'il est capable de susciter, les motivations qu'il peut faire naitre qui détermineront sa réussite. Certains départements disposaient depuis longtemps de postes supplémentaires qui ont fait la preuve de leur pertinence pour permettre une meilleure réussite de l'apprentissage de la lecture et pour "augmenter le temps individuel d'engagement des élèves faibles". Attendons que le dispositif soit suffisamment engagé pour émettre des jugements basés sur une évaluation objective... Pour le dispositif "plus de maîtres que de classes", il est trop tôt. S'il est nécessaire un jour d'en faire le bilan critique, nous saurons le faire mais, pour l'instant, consacrons nos énergies à permettre qu'il contribue efficacement à une meilleure réussite de tous !"

 

Dans son étude, B. Suchaut explique exactement comment il arrive à 7 minutes par jour pour apprendre à lire. Dans l'entretien accordé au Café il explique : "Au-delà du caractère symbolique du chiffre 7, il correspond pourtant bien à une réalité dans notre article, à savoir environ 2% du temps scolaire effectif ! Mais il faut bien voir que l’on parle ici du temps d’engagement de l’élève sur la tâche, c'est-à-dire du temps où l’élève est sollicité directement et individuellement par l’enseignant sur une activité précise, en l’occurrence l’apprentissage du code alphabétique. En outre, on parle bien principalement des élèves les plus fragiles sur le plan des acquisitions en début de CP. En fait, le temps disponible à l’école primaire pour l’enseignement des matières fondamentales a fortement diminué ces dernières décennies pour diverses raisons, dont l’introduction de nouvelles disciplines"

 

Concernant le plus de maitres que de classes, il écrit : "L’arbitrage des moyens est sans doute difficile à réaliser mais la recherche internationale en éducation fournit des pistes pertinentes pour l’action politique qui devraient être suivies. Par exemple, rien n’indique pour l’instant que le dispositif « plus de maîtres que de classes » parviendra à augmenter le temps individuel d’engagement des élèves faibles sur les compétences essentielles. Plus largement, et pour illustrer le panorama des choix politiques, la réforme des rythmes scolaires coûtera au moins un milliard d’euros à l’Etat. On peut facilement imaginer ce qu’il serait possible de faire avec ce financement : dédoublement des classes de CP dans les zones défavorisées, généralisation de l’enseignement en petits groupes, augmentations salariales pour les enseignants, stages d’été pour les élèves en difficulté, etc."



07/04/2014
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