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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 26/08/2014 : Hamon : Le ministre ne fera pas la rentrée

Benoit Hamon a annoncé le 25 août qu'il ne ferait pas partie du nouveau gouvernement Valls. "La rentrée a été bien préparée", a-t-il déclaré. Nommé par François Hollande et Manuel Valls en avril 2014 pour mettre un terme à l'agitation sur les rythmes scolaires, Benoît Hamon est devenu en quelques mois une nouvelle source de fronde contre le gouvernement. Retour sur les 147 jours de Benoît Hamon à la tête du ministère de l'éducation nationale.

 

"Je veux remercier l'Education nationale, les enseignants, l'école pour ce qu'elle est". Avant de quitter la rue de Grenelle, Benoît Hamon se glisse une dernière fois dans le costume de ministre de l'Education nationale qu'il avait déserté le 24 août. En 147 jours, moins de 5 mois, le ministre a affiché trois visages. Derrière le Hamon continuateur de Vincent Peillon s'est glissé "le pédagogue usineur", puis le gestionnaire avant que n'apparaisse l'image fatale du frondeur.

 

Hamon le pédagogue usineur

"J'essaierai de m'inscrire dans les pas du ministre de l'éducation nationale à travers les réformes qu'il a engagées... Le chemin ouvert par Vincent Peillon doit continuer". Le 2 avril, devant la foule réunie rue de Grenelle pour le départ de V. Peillon, Benoît Hamon se place en situation de successeur. Il promet de poursuivre la refondation et les réformes de Vincent Peillon. Mais début juin, devant une commission de l'Assemblée nationale, le nouveau ministre glisse un nouveau concept : il serait "l'usineur des réformes engagées". Si usiner c'est enlever de la matière à une pièce (Larousse), on comprend que l'action du nouveau ministre ne sera pas tendre pour les réformes de V Peillon.

Nommé pour accompagner le retournement gouvernemental de l'éducation vers l'économie, le nouveau ministre doit d'abord apaiser la réforme des rythmes scolaires. Il montre là des qualités politiques, notamment en tenant tête avec habileté aux provocations des élus d'opposition à l'Assemblée ou ailleurs. Concrètement il "usine" la réforme Peillon en promettant d'abord des "assouplissements" pour finalement proposer dans un décret des "expérimentations" très larges. La seule contrainte restant est celle des 5 matinées de cours par semaine. En échange, le décret Hamon invite les communes à regrouper le périscolaire sur une demi journée, par exemple le vendredi après-midi. Une proposition ingénieuse qui facilite l'adoption de la réforme par les différents acteurs. Publié début mai, le décret est choisi dans une extrême l'urgence par 13% des communes. Il permet de briser l'opposition des maires ultras qui avaient fait de cette question une arme politique. Face aux enseignants, il règle la question de la date de la rentrée en la repoussant en septembre sous un prétexte technique.

B Hamon s'attaque alors à l'incendie soulevé à propos des ABCD de l'égalité. Là aussi le ministre se positionne en continuateur. Mais il s'oppose à la généralisation des ABCD promettant de généraliser un nouveau dispositif dont on reste sans nouvelles à quelques jours de la rentrée. "Les principes d'égalité doivent être enseignés de telle manière que les objectifs priment sur les objets.. Je ne transigerai pas sur les objectifs. Les moyens on en discutera", dira-t-il devant l'Assemblée.

 

Hamon le gestionnaire

Justement, Benoît Hamon montre des qualités de gestionnaire en soutenant son administration sur deux points sensibles et importants. Au détour d'un décret, un article glissé donne la possibilité aux assistants d'éducation d'occuper un emploi de professeur contractuel sans interrompre leur contrat à la demande du chef d'établissement. L'administration trouve ainsi un moyen commode et facile de faire face au manque de professeurs remplaçants. La gestion des remplacements devient une affaire locale qui épargne les postes de professeurs. Plus fort encore, un projet de décret, retiré pour réécriture, limite les redoublements de telle sorte qu'ils devraient pratiquement disparaitre. Compte tenu de la masse des redoublements dans le système éducatif, le ministre ouvre un véritable gisement de postes capable, même en période de disette budgétaire, de faire face aux besoins. Les redoublements coûtent 2 milliards d'euros, environ 40 000 postes d'enseignants.

Dès le début de son mandat, B Hamon s'est placé sur le terrain social. "Il y a quelque chose qui me révolte et révolte beaucoup d'enseignants : aujourd'hui l'origine sociale est un discriminant à l'école", dit-il le 2 avril. " Pour ceux qui ont du mal a joindre les deux bouts, ces familles qui souffrent de ne pas avoir suffisamment pour vivre, qu'elles puissent penser que l'école ne peut pas consacrer tout son temps pour que chaque enfant puisse réussir, le fait qu'il existe dans des familles françaises cette conviction que peut-être l'école  ne parviendra pas à remplir cette mission, me heurte".  Le ministre affirme vouloir lutter contre "une forme d'assignation à résidence sociale" et contre les inégalités sociales dans l'Ecole. Mais sur ce terrain son action se limite à mettre en place le modeste plan d'éducation prioritaire trouvé dans les dossiers. S'attaquer réellement à la façon dont le système éducatif accentue les inégalités sociales nécessiterait une autre action politique. Vincent Peillon avait tenté de s'y attaquer. Cela lui a peut-être couté son poste.

 

Hamon le frondeur

Fin août, alors que tous les acteurs de l'Ecole préparent la rentrée, on a la surprise de découvrir le ministre de l'éducation nationale participer à une opération politique d'opposition. " Benoît Hamon fait-il encore partie du gouvernement ?", interroge le Café pédagogique. C'est la fronde avec A Montebourg. Le ministre critique vertement la  politique économique du gouvernement. Pour le premier ministre c'est une trahison. Pour les enseignants c'est la révélation que ce ministre de l'éducation nationale préfère la politique à ses dossiers, même en pleine rentrée. Mais déjà l'Elysée frappe les 3 coups des 100 jours de B Hamon.

 

François Jarraud



27/08/2014
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