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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 28/04/2011 : Décentralisation : l’éducation en jeu

La ligne de démarcation entre les compétences des différentes instances politiques en matière d’éducation prend de plus en plus des airs de ligne Maginot. C’est vrai pour le numérique où le « à toi l’équipement ; à moi la pédagogie » sonne tel un refrain désuet à mesure que l’on constate l’impact du numérique sur les pratiques dans et hors la classe. Plus largement, toute politique touchant à l’éducation possède un impact potentiel sur les pratiques pédagogiques. Architecture, design, personnels techniques, équipement, les intentions et les dotations ne sont pas neutres pour l’école au quotidien.

 

Et l’on remarque aujourd’hui que les annonces de restriction pleuvent du côté de l’Etat tandis que les initiatives des collectivités territoriales marquent, certes de façon désordonnée, une volonté d’initiatives en prise avec les questionnements contemporains. Le dernier exemple en date, celui du pass contraception mis à disposition des élèves franciliennes de seconde montre la divergence de regard porté sur le système éducatif et son rôle dans la vie sociale. Pour l’annonce de cette mesure, décriée par le ministère de l’Education lorsqu’elle a été mise en place en Poitou-Charentes, Luc Chatel qui venait tout juste de confirmer la suppression de postes dans le primaire, semblait à l’image dans le sillage de Jean-Paul Huchon, totalement à la traîne.

 

En matière de politique éducative, les Régions manifestent leur impatience et souhaitent aller plus loin dans la décentralisation ; revendiquant maintenant la main sur l’enseignement agricole et l’enseignement professionnel comme elle l’a déjà sur la formation continue professionnelle et les formations par apprentissage. La revendication parait logique pour lier plus fortement le développement économique des régions et l’enseignement préparant aux axes prioritaires de ce développement.

 

A mesure que les initiatives du gouvernement sonnent creux par l’effet d’annonce qui les sous-tend et les faibles moyens qui leur sont attribués, le besoin d’une politique éducative avec un grand P se fait sentir. La politique a horreur du vide et le risque aujourd’hui est de quitter la sphère d’un système éducatif construit sur une certaine idée égalitaire, laïque et républicaine pour une nébuleuse nationale construite au jour le jour, aux rythmes d’initiatives éparses sans qu’un réel débat ait préfiguré le cadre de son épanouissement.

 

L’Education est un levier fondamental pour sortir de la crise et construire un avenir économiquement et socialement viable. Les Régions se portent candidates pour soutenir l’effort. On peut s’en réjouir mais on peut aussi craindre l’émergence d’un système éducatif dual avec d’un côté la formation professionnelle régionalisée et de l’autre la formation générale restant dans le giron de l’état. Différence de moyens, différence d’orientations, le système éducatif risque de voir s’effriter un peu plus une certaine cohésion, voire une cohérence certaine. La décentralisation peut sortir l’éducation de son ornière budgétaire, elle risque aussi de la faire quitter le modèle qui l’a créé : un risque à prendre ou un risque à craindre ?

 

Monique Royer



01/05/2011
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