Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 30/06/2011 : Comment noter un ministre de l'éducation nationale ?
Pourquoi poser cette question alors que l'interessé indique lui-même la voie avec l'exploitation des résultats des évaluations de CE1 et CM2 ? A en croire le ministère, "les résultats des évaluations de CM2 montrent une légère amélioration du niveau des élèves en français : le groupe des élèves ayant de bons ou très bons acquis a progressé de 73 à 74,2 %. L’amélioration est plus nette en mathématiques avec une progression de 66,3 à 69,5 %".
Mieux : "Les élèves de CE1 constituent la première cohorte à avoir bénéficié de la réforme depuis la grande section de maternelle. Les résultats obtenus sont encourageants, puisque près de 80 % des élèves arrivent en fin de CE1 en ayant de bons acquis en français et en mathématiques. Plus précisément 78,4 % en français, en progression de 3,8 points par rapport à l’année 2010 et de 5,6 points par rapport à l’année 2009... Ces résultats... laissent espérer que la réforme de l’enseignement du premier degré portera ses fruits et permettra enfin d’atteindre l’objectif de réduire considérablement le nombre des élèves qui entrent au collège en ayant d’importantes difficultés de lecture et de calcul". Devant le conseil des ministres, le 29 juin, il a fait le lien entre ces résultats et la politique décidée. "Nous avons revu les programmes, nous les avons concentrés sur les fondamentaux, nous avons mis en place depuis trois ans un système d'aide personnalisée..."
Curieusement, ceux qui cachent le plus leur satisfaction ce sont les enseignants. Ils accueillent avec scepticisme ces chiffres. C'est sans doute que, proches des épreuves, ils savent ce que la série statistique doit aux interventions correctives officielles. Plus globalement ils savent que l'enseignement ne se limite pas au remplissage des tests officiels. Même si enseignants et parents se préparent à ces épreuves, ce qui est appris à l'école est beaucoup plus vaste que ce que le test peut percevoir. Ils savent aussi par expérience que les fruits d'une réforme de l'éducation mettent un peu plus de temps pour murir. Et que les suppressions de postes et la nouvelle formation des enseignants sont difficilement compatibles avec de tels progrès...
Faut-il pour autant écarter le test ? L'exemple des pays anglo-saxons montre que c'est impossible. L'enjeu scolaire est tel que les parents, la société, en toute bonne foi, veulent évaluer les résultats de leur école. Même les pays anglo-saxons, qui ont davantage une tradition d'école de l'épanouissement, ont mis en place des batteries de tests qui prétendent mesurer les progrès du système. Et même s'ils en connaissent les limites, on voit que ce système se perpétue.
Si ce communiqué ministériel fait du bruit c'est qu'avec lui l'école française entre dans l'ère de l'évaluationnite. Et nous le faisons avec le même aveuglement et la même absence de critique que pouvaient avoir ses inventeurs il y a une dizaine d'années. Les yeux braqués sur le 80%, notre ministre libéral claironne come un kolkhozien que les objectifs du plan sont atteints.
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