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Revue de presse : Article sur www.grainedecurieux.fr du 28/11/2011 : L'autorité sans fessées

Edwige Antier, pédiatre et députée de Paris, a récemment proposé une loi visant à abolir les châtiments corporels. Dans son nouveau livre L’autorité sans fessées, elle propose aux parents des solutions concrètes pour élever leur enfant sans recourir à la fessée ni aux violences verbales.

Découvrez en avant-première les bonnes pages du nouveau livre d’Edwige Antier.

 

Des repas infernaux

 

Les repas sont prétextes à de nombreux châtiments corporels et vexations : la tenue à table permet d'exercer l'autoritarisme sans véritable autorité, d'autant plus qu'est revenue la pression des préceptes diététiques. Lorsque j'étais enfant, c'était : « Mange ta soupe ou tu n'auras pas de dessert ! » Puis les pédiatres ont montré que l'essentiel était de proposer des menus équilibrés et de faire confiance à l'appétit de l'enfant, sans jamais le forcer. Mais les campagnes

cinq fruits-cinq légumes sont venues récemment qui, appliquées trop tôt à des petits dont le goût est très sélectif, provoquent à nouveau des drames à table.

 

La diversification alimentaire, ce n'est pas :

une fessée et au lit !

 

Ce que vous faites :

Nicolas n'aime que le jambon avec les pâtes ou le steak haché avec des frites. Je démontre à sa mère que, à 5 ans, quand il a pris un petit déjeuner avec du lait vitaminé, un goûter de laitage et compote, et complété le même repas du soir par un deuxième lait vitaminé, il est bien nourri, comme l'attestent ses courbes de croissance. Mais elle n'est pas convaincue, et voudrait que son fils « mange de tout » comme le petit cousin qui avale sous le regard fier de sa mère poisson et gigot d'agneau avec des courgettes. Et le cousin pour le même âge est plus fort et plus grand ! La comparaison des deux enfants inquiète la maman. Ce sont surtout les « caprices » de Nicolas refusant obstinément la cuisine familiale qui contrarient le père. Quand l'enfant sanglote devant sa tranche de cabillaud, c'est parfois : « Une fessée, et au lit ! »

- Mon mari essaie ainsi de faire cesser ses caprices mais comme il ne supporte pas de le voir s'endormir le ventre vide, il va ensuite lui préparer un biberon de lait...

 

Le vécu de l'enfant :

Si Nicolas est mince, ce n'est pas parce qu'il sélectionne ses aliments en fonction de ses goûts. La valeur nutritive d'un steak haché est la même que celle d'une tranche de gigot, et les frites sont plus caloriques que les courgettes... Il trouve ses vitamines et ses éléments minéraux dans son jus de fruit et son lait « de croissance ». Si Nicolas est plus mince que son cousin, c'est parce que c'est sa constitution (le tracé de la courbe depuis la naissance est éloquent : il est venu au monde à 2 800 grammes). Menu et pas très grand, il n'a pas les mêmes besoins que son cousin. Dès lors, il n'est pas affamé et donc plus sélectif dans le choix de ses aliments. Si les parents continuent de faire un drame à chaque repas, jusqu'à lever la main, le blocage alimentaire risque de devenir total, et l'on entrera vraiment dans l'anorexie.

 

Ce qu'il faut faire :

Une fois les parents rassurés par le prolongement des courbes qui montrent que Nicolas sera mince mais de bonne taille, donc très beau et élégant, une fois que les parents ont compris que le forcer à manger ne peut que le bloquer, ils doivent se dire que leur devoir est de :

- faire le marché : l'enfant ne peut pas ;

- préparer les aliments : l'enfant ne peut pas ;

- disposer le repas : tant que l'enfant ne peut pas.

Mais leur devoir n'est pas, à 5 ans, de faire manger leur enfant. Ni de proposer plusieurs menus successifs au gré de ses demandes. Si l'enfant n'a pas voulu manger, il peut aller jouer, il aura un biberon de lait en se couchant. Mon expérience m'a montré qu'avec cette stratégie sans drame, tous les enfants venaient progressivement partager le repas. Au plus tard à 7 ans, l'« âge de raison ». Sans blocage...

 

Respectez le principe fondamental, à savoir comprendre votre enfant :

- aucun enfant ne peut rester à table avant 3 ans ;

- entre 3 et 7 ans, le repas ne doit jamais dépasser vingt minutes ;

- le plat doit être prêt à être servi dès que l'enfant est assis ;

- pour lui inculquer les bons principes : pas les coudes sur la table, on ne parle pas la bouche pleine... montrez l'exemple !

 

Et le principe « faites diversion » :

- si vous avez deux enfants chamailleurs, ne les laissez pas à côté ni en face l'un de l'autre, mais en diagonale ;

- ouvrez des sujets de conversation qui les intéressent ;

- sachez écouter votre enfant s'il intervient de façon pertinente ;

- maintenez le plus possible les repas en commun, même si la vie actuelle ne le permet pas aussi souvent qu'aux générations précédentes.

 

Article extrait de L'autorité sans fessées, Robert Laffont, 2010, p. 95-98.



02/12/2011
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