Revue de presse : Article sur www.vosquestionsdeparents.fr du 21/05/2012 : Evaluations nationales : à quoi servent-elles ?
Leur programmation en fin d’année scolaire, entre le 21 et le 25 mai 2012, tout comme leur qualification de “nationales”, leur donnent un côté un peu solennel. Mais pas de panique : les évaluations de CE1 et de CM2 ne sont pas des examens !
“Piloter le système éducatif”
En 2009, dans la foulée des nouveaux programmes de primaire, des évaluations nationales ont été instaurées en CE1 et en CM2.
Pour le ministère de l'Education, il s'agissait tout d'abord d'aider les enseignants à situer le niveau de leurs élèves par rapport aux objectifs de chaque cycle scolaire. Puis, en agrégeant les résultats obtenus sur tout le territoire, il comptait “disposer d'indicateurs fiables […] pour mieux piloter le système éducatif”.
Outre des débats sur son utilité, le protocole avait été contesté sur sa fiabilité même par le Haut Conseil de l'Education : “La confusion entre deux types d'évaluation prive les indicateurs de la rigueur nécessaire”, jugeait-il dans un rapport, en septembre 2011.
En 2012, pas de résultats nationaux !
Evaluation destinée aux élèves et à leurs professeurs, ou évaluation du système en général ? Pour la session 2012, l'ambiguïté est levée : les évaluations auront bien lieu entre le 21 et le 25 mai, selon les écoles, puisqu'il “est trop tard pour dire qu'on arrête tout”, a déclaré le 10 mai 2012 au journal Le Monde Vincent Peillon, chargé de l'éducation dans l'équipe de François Hollande.
“Les livrets sont imprimés. Les enseignants reçoivent une prime de 400 euros pour s'en charger. […] Que les enseignants les fassent passer pour savoir où en sont leurs élèves. En revanche, nous suspendons les remontées nationales des résultats” a-t-il également précisé.
Des évaluations sans incidence pour les élèves ?
Mais quelle incidence auront les résultats au niveau individuel ? Parents et syndicats craignaient que les évaluations de CM2 ne cachent un examen d'entrée au collège.
Une idée réfutée par Luc Chatel : “Pour éviter qu'on ne les confonde avec un examen d'entrée en sixième, les évaluations auront lieu après l'affectation des élèves en sixième”, avait annoncé le ministre de l'éducation l'an dernier au Café pédagogique, un site Web tenu par des enseignants.
“Les décisions de passage sont prises dès le mois d'avril”, confirme Marie-Laure, directrice en primaire. Le taux de réussite obtenu aux évaluations ne peut donc pas faire pencher la balance.
Un bilan individuel en français et en maths
Enfin, les parents sont informés des scores réalisés par leurs enfants, item par item. Quelle différence cependant avec les renseignements que l'on peut tirer d'une interrogation ordinaire ?
“On dispose d'une photo d'un plus large ensemble des compétences en un seul devoir”, répond Delphine, enseignante en CE1.
Autre spécificité de ces tests : ils ne demandent en principe aucune préparation. “Cela porte sur tout le programme de l'année en maths et en français, donc il n'est pas question de réviser. D'ailleurs, le but du jeu est de repérer les connaissances qui sont bien ancrées… en quelque sorte, ce qui reste de l'enseignement d'une année, une fois que l'on a tout oublié.”
Comment parler des évaluations à son enfant ?
Va-t-elle annoncer aux parents les dates précises des évaluations dans sa classe ? Fin avril, Marie-Laure hésitait encore. Directrice d'une école primaire, elle a bien veillé à glisser un mot dans le carnet de correspondance des élèves, les années précédentes.
Mais elle a eu le sentiment que cela accentuait les enjeux de ces tests, au lieu de rassurer les familles. “Certains enfants sont stressés. D'autres ont révisé, alors que j'avais bien indiqué que c'était inutile.” Alors, pour éviter la pression, “peut-être faudrait-il en parler le moins possible” ; il ne s'agit pas en effet d'un examen…
Dédramatiser, c'est aussi l'un des messages clés que Delphine, enseignante en CE1, transmet aux parents : “Si l'enfant lance le sujet, on peut tout simplement lui répondre qu'il s'agit d'interrogations. Comme d'habitude, il doit faire de son mieux, et il lui suffit de suivre les consignes du professeur.”
“C'est un peu plus long que les contrôles qu'ils ont eus jusque-là, mais cela ne perturbe pas les élèves et tout se passe très bien”, assure-t-elle.
Cadre national, organisation… locale
Les livrets d'exercices sont les mêmes d'une école à l'autre, mais l'organisation appartient aux enseignants. Certains répartiront les tests sur quatre demi-journées, d'autres sur trois jours… En théorie, il n'y a pas non plus de mise en scène particulière qui risquerait d'impressionner les élèves : les évaluations sont organisées dans leurs salles de classe habituelles.
Mais si les évaluations sont nationales et que les consignes sont strictement définies pour chaque exercice, gare aux généralités. D'un établissement à l'autre, des différences existent, ainsi que l'a relevé le Haut Conseil de l'Education.
Dans un rapport publié fin 2011 sur les chiffres de l'Education nationale, il pointe “la diversité des pratiques observées”. Ainsi, “certains enseignants laissent par exemple à leurs élèves plus de temps que prévu pour faire les exercices”. Autre entorse au protocole : des questions sont reprises “à l'identique […] d'une année sur l'autre (ce qui peut inciter les enseignants à ‘préparer’ leurs élèves à y répondre).
Un bilan individuel, pas plus !
Enfin, les parents seront reçus par l'enseignant pour connaître les résultats de leur enfant. Une bonne occasion de repérer les points forts et les compétences qu'il faudra retravailler.
Mais mieux vaut ne pas aller plus loin que ce bilan individuel : “Evitez de comparer les évaluations d'un élève avec celles de ses cousins ou voisins puisque, d'une école à l'autre, le travail et les conditions de passage ne sont pas les mêmes”, conseille Delphine. A bon entendeur…
Le 21 mai 2012 Aurélie Djavadi
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