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Revue de presse : Article dans Les Echos du 03/03/2011 : Après des cancers d'enfant, bonne qualité de vie mais séquelles lourdes

Les personnes ayant souffert d'un cancer dans leur enfance s'en sortent au moins aussi bien que les autres, socialement et personnellement, mais ont besoin d'être suivis : leur mortalité avant 50 ans est 4 à 7 fois supérieure à celle de la population générale.

 

Chaque année, 2.200 nouveaux cas de cancers, des leucémies pour près d'un tiers, sont diagnostiqués avant l'âge de 18 ans, dont la moitié chez des enfants de moins de 5 ans.

 

Le taux de guérison est proche de 80% (30-35% dans les années 70). Mais la surmortalité augmente avec l'âge : elle est de 3% entre 5 à 10 ans après le cancer et de 22% après 20 ans.

 

Des chercheurs, à l'initiative de Claude Griscelli, professeur de pédiatrie et de génétique médicale, et de la Fondation Pfizer pour la santé de l'enfant et de l'adolescent, ont interrogé entre 2005 et 2010 quelque 2.490 anciens patients, âgés de 20 à 40 ans.

 

Selon leur étude, la vie privée et socio-professionnelle des anciens patients est similaire, voire supérieure, à celle de la population générale : 58% vivent en couple, leur statut social est plus élevé, plus de 40% sont propriétaires de leur logement, 75% partent en vacances au moins une fois par an et 30% pratiquent une activité physique. Ils fument moins que la moyenne et consomment moins d'alcool.

 

Ces résultats, plus favorables que ceux trouvés dans nombre d'autres pays, pourraient être imputables au système de protection sociale en France, mais il pourrait y avoir aussi un effet psychologique du cancer.

 

Pour le Pr Griscelli, on peut ainsi imaginer "une profonde volonté de la personne guérie de réussir pleinement sa vie sauvée", ou les effets de l'accompagnement attentif de l'entourage.

 

La situation est cependant moins brillante pour les survivants d'une tumeur cérébrale, qui présentent des séquelles plus importantes que les autres. "Survenant dans un système nerveux en développement, la maladie, mais aussi les traitements, impactent ce développement, et la probabilité de zéro séquelle après une tumeur cérébrale dans l'enfance est faible", dit le Pr François Doz, oncologue pédiatre.

 

Plus généralement, les personnes guéries, quel que soit le siège du cancer, ont un risque élevé de séquelles de la maladie ou des effets à très long terme des traitements anticancéreux : survenue d'un deuxième cancer, de cardiopathies, de pathologies vasculaires cérébrales...

 

Même si le Pr Doz souligne que ces deuxièmes cancers peuvent être des cancers locaux très bien soignés, l'avenir médical des enfants soignés d'un cancer est qualifié par les auteurs de l'étude de "dramatiquement inquiétant".

 

Ainsi, jusqu'à l'âge de 50 ans au moins, "la mortalité des anciens patients est 4 à 7 fois supérieure à celle de la population générale", et 45% des survivants développent au moins un cancer secondaire avant l'âge de 55 ans.

 

C'est d'abord une question de chiffres : comme le souligne le Pr Doz, "s'il y a plus de séquelles, c'est qu'il y a plus de survivants".

 

En outre, pour les patients traités le plus récemment, la multiplication des deuxièmes cancers est liée à l'introduction des poly-chimiothérapies associées avec la radiothérapie, qui fait monter à 55% l'incidence des cancers secondaires à l'âge de 50 ans.

 

"Si dans les années 45-50 il existait un nombre très réduit de chimiothérapies, on a utilisé ensuite des agents qui augmentent les risques de deuxième cancer ou de toxicité cardiaque, et on les combine entre eux pour augmenter le contrôle tumoral", souligne le Pr Doz. "Plus on emploie d'agents mutagènes ou cardiotoxiques, plus on augmente les risques".

 

Pour lui, un suivi à très long terme par des médecins formés s'impose pour ces adultes qui souffrent de problèmes de santé "spécifiques".

Par Christine COURCOL


07/03/2011
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