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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 01/10/2012 : Education : Le budget assez bien accueilli

C'est une vraie rupture. Pour la première fois depuis 7 ans, le budget de l'éducation nationale soulève plus d'adhésion que de rejet dans les rangs syndicaux. C'est que l'éducation nationale bénéficie dans la loi de finances 2013 de privilèges que n'ont pas les autres ministères.

 

Les syndicats compréhensifs

 

"Si la FSU apprécie positivement l'annonce de l'arrêt des suppressions des postes dans la fonction publique et les créations d’emplois dans les secteurs prioritaires (Éducation, justice, sécurité), elle ne peut accepter que cela se fasse au prix de suppressions d'emplois dans les autres ministères". Bernadette Groison, secrétaire générale de la FSU souligne aussi que "les contraintes budgétaires" ne peuvent être indéfiniment utilisées pour ne pas négocier la revalorisation des salaires des agents de la Fonction publique et des services publics". Mais cette position ne semble pas unanime dans la fédération. Sébastien Sihr, secrétaire général du Snuipp, souligne que "pour la première fois depuis sept ans, l’Éducation bénéficiera d’un budget 2013 en positif. 10 011 créations dans l’enseignement dont 8 781 pour les écoles, collèges et lycées, le changement de cap en matière d’investissement scolaire est confirmé". Pour le Se-Unsa, Guy Barbier, secrétaire national du Se-Unsa, estime que "l'effort est important" même s'il craint une réduction des dépenses pédagogiques.

 

Un ministère préservé

 

Le budget de l'éducation se situe dans un contexte de stabilité des dépenses de l'Etat en euros et donc de baisse des dépenses réelles. L'Etat devrait dépenser 371 milliards en 2013 contre 370 en 2012. Et bien des ministères voient leur budget baisser en 2013 comme la Culture ou la Défense. L'Education nationale verra son budget passer de 60,9 milliards en 2012 à 62,7 en 2013 (soit +2,9%) et atteindre 65,1 en 2015. Elle n'est pas seule : l'enseignement supérieur, la solidarité, la Justice connaissent aussi la hausse. Mais celle-ci se fait aux dépens des autres administrations obligées de réduire leurs dépenses.

 

Le poids des retraites

 

L'effort en faveur de l'Education est largement absorbé par la croissance des pensions. Quand l'Etat ajoute deux milliards au budget de l'Education, seulement 300 millions sont finalement disponibles pour la politique ministérielle. On a là une contrainte historique extrêmement lourde. Le budget de l'Education nationale, une fois retirées les cotisations de retraite, n'évolue que de 0,6% (au lieu de 2,9) : 44,3 milliards en 2012, 44,6 en 2013, 45,4 en 2015.

 

43 450 recrutements

 

L'Education nationale est le ministère qui bénéficiera du plus grand nombre de créations de postes en 2013, faisant suite aux 6728 postes créés en 2012. En 2013, le ministère lancera deux concours de recrutement d'enseignants. Le premier, largement engagé, fournira 22 100 enseignants qui seront affectés devant les élèves à la rentrée 2013. Ils auront une formation à peine améliorée par rapport à l'époque Chatel et financée par des stratagèmes peu couteux.

 

Un second concours aura lieu en juin 2013. Il s'adressera à des étudiants de M1 pour embaucher 21 350 enseignants. Ils seront admissibles en juin 2013 et admis en juin 2014 et ne deviendront réellement professeurs devant les élèves qu'à la rentrée 2014. En 2013-2014, pendant qu'ils prépareront leur M2 et le concours final, ils seront embauchés et payés à mi temps pour effectuer des stages en classe en tiers temps. Leur coût sera inférieur à 10 675 postes car ces nouveaux emplois prennent la place de dispositifs précédents qui correspondaient à plus de 3000 postes. Il y a donc bien en 2013 au moins 43 450 recrutements annoncés. Mais en création finale de postes on ne trouve que 8781 postes budgétaires parmi lesquels 500 emplois administratifs.

 

Quatre autres ministères obtiennent des créations de postes. C'est le cas de l'enseignement supérieur qui gagne 1 000 postes, de la police avec 480 postes, de la justice avec 520 et de l'agriculture avec 230 postes d'enseignants. Mais ce même ministère doit rendre 280 emplois de non-enseignants, tout comme l'Intérieur est amené à redonner 614 postes en dehors des forces de police. Au total, l'Etat aura crée 17 789 postes en 2012 et 2013 et supprimé 12 298 emplois. L'Education nationale est donc bien traitée à part.

 

6 000 emplois aidés professeurs

 

C'est une initiative originale lancée par Vincent Peillon. Recruter dans les quartiers populaires 18 000 jeunes (6000 dès 2013) pour les amener aux concours d'enseignants. Ces jeunes seront identifiés par les universités, sélectionnés par les rectorats, embauchés par certains EPLE et répartis ensuite entre école, collège et lycée.

 

Priorité au primaire ?

 

La répartition des postes au premier concours 2013 est connue et respecte la priorité donnée au primaire. Celle du second concours n'a pas été communiquée. Le ministère annonce sa volonté de créer des postes pour les maternelles des quartiers populaires et "plus de maitres que de classes" dans les écoles. Pour le secondaire il entend encourager la lutte contre le décrochage et améliorer la formation en L.P. Le soutien à des projets en collège et lycée reste à préciser.

 

Priorité au numérique

 

Le ministère annonce un plan de 10 millions pour le numérique. Dans un paysage budgétaire où on coupe toutes les dépenses nouvelles l'effort est de taille. Mais il est à comparer au plan numérique de Luc Chatel : 30 millions en 3 ans. Ces millions n'ont d'ailleurs pas tous été dépensés : ainsi 5 millions de chèques d'achats de logiciels n'ont pas été utilisés par les établissements, ce qui interroge fortement le programme ministériel.

 

Le pari de l'emploi

 

L'Education,, comme les autres ministères, doit réduire ses dépenses de fonctionnement de 5% et imposer des économies à ses "opérateurs" comme le Cned ou le Cndp. Tous ces efforts sont consentis pour  favoriser le recrutement massif des enseignants. Mais le ministère trouvera-t-il les candidats nécessaires ? Il affirme que le vivier du premier concours est de 100 000 candidats. Celui du second de 200 000. Ce qui permettrait de maintenir des concours très sélectifs. Si ces chiffres sont en gros exacts, dans le détail on observe que le manque de candidats touche certaines académies au primaire (Créteil par exemple) et certaines disciplines au secondaire (maths, anglais par exemple). La masse globale de candidatures n'a pas grand sens. Et le ministère ne propose rien que les déclarations ministérielles pour rendre le métier attractif. L'idée d'une augmentation des salaires est écartée.

 

François Jarraud

 

Le PLF 2013



08/10/2012
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