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Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 08/07/2011 : L'éducation doit-elle être au centre du débat des présidentielles ?

Un sondage BVA France Info montre que l'éducation est devenue l'attente prioritaire des français en matière d'action publique. Est-ce une bonne nouvelle pour l'Ecole ?

 

Selon le sondage BVA France Info, publié le 5 juillet, 60% des français ont mis l'éducation en tête de leurs "attentes prioritaires" en 2011, devant l'emploi et le logement. C'est tout à fait inattendu puisque cette question fait un bond de 20% pour prendre une place que les questions d'emploi occupait depuis longtemps. Les français sont d'ailleurs peu satisfaits de l'action des pouvoirs publics en matière d'éducation : 39% de satisfaits seulement.

 

Les Français ont des raisons de penser cela. Les derniers résultats de Pisa, par exemple, ont montré l'éclatement croissant du système éducatif avec la montée du nombre d'élèves de faible niveau et le maintien d'un pourcentage de jeunes élites. Entre les deux la proportion d'élèves aux compétences moyennes recule. Autrement dit le système éducatif est en train d'éclater entre un système élitiste accueillant les enfants des bonnes familles et des écoles populaires où les difficultés s'accumulent. Cela se traduit par une sortie massive de jeunes sans diplôme reconnu : environ 150 000 par an.

 

Est ce pour cela que dans Libération du 4 juillet, Luc Chatel annonce que l'éducation "sera un débat très important de la campagne électorale" ? Il annonce un débat "sur les missions des enseignants, leur rôle dans le soutien scolaire".

 

Ces thèmes sont-ils susceptibles de résoudre les réelles difficultés de l'Ecole ? Certes il est temps de reconnaître que les enseignants de fait exercent d'autres missions que l'enseignement classique face aux élèves. Mais concrètement, pour récupérer des emplois, le ministère traque tous les enseignants qui exercent des missions autres que l'encadrement traditionnel des élèves. Ainsi à la rentrée de nombreux postes de conseillers pédagogiques, de rased, d'intervenants en langue ou en informatique vont être supprimés ou transformés en postes d'enseignants classiques. Il y a là une curieuse opposition entre les paroles et les actes. Le "soutien scolaire", introduit par Luc Chatel du primaire au lycée et encore au centre de la réforme des rythmes scolaires, répond-il également à ces faiblesses ? Pour le moment aucun bilan permet de conclure favorablement à la généralisation de ces dispositifs.

 

On en arrive donc au non dit de ce débat. L'idée que tout aurait été tenté et de passer au sauve qui peut individuel. C'est concrètement cette philosophie qui est une référence constante et qu'applique le gouvernement. C'est la philosophie du soutien que vient d'évoquer Luc Chatel et de "l'égalité des chances". C'est celle qui a poussé à supprimer la carte scolaire avec les résultats détestables sur les collèges populaires que l'institution elle-même a reconnues. Ou que l'on trouve en action avec le dispositif ECLAIR qui brouille peu à peu la frontière de l'ancien enseignement prioritaire.

 

Le débat sur l'Ecole est nécessaire. Il devrait porter sur l'accroissement des inégalités dans l'accès à l'éducation et les risques que cela entraîne pour notre société. Mais pour le moment ce sont les vacances des enseignants (fainéants !) et l'encadrement des enfants musulmans qui occupe le gouvernement et une partie des médias. Avec ces guides là, il y a fort à craindre qu'au final le débat sur l'Ecole aggrave la situation de l'Ecole.

 

François Jarraud



08/07/2011
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