ALPE74140

ALPE74140

Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 14/02/2012 : Résignation, dépit, non protestation

On les croyait admises les suppressions de postes. Les cortèges, les jours de grève, ne prenaient pas les allures des grands jours. Certes ici et là des élus protestaient contre les coupes sombres, contre l’éducation posée dans la colonne des débits comme un vulgaire bâtiment dont les huisseries laisseraient échapper la coûteuse énergie. Et puis l’affaire du moment c’est la neige, le froid, les routes verglacées et les chauffages qui flanchent. Que pèsent face à une telle actualité une classe de maternelle ou un poste de Rased ? La raison, devaient penser les savants comptables et les penseurs de la rigueur, avait fini par l’emporter. 27 ou 30 par classe en primaire, ce n’est pas la mer à boire pour échapper au bouillon grec.

 

Et là un peu partout en France, la voix de la raison justement se fait entendre, à petits pas, à cris modestes mais déterminés, les parents d’élèves se mobilisent pour refuser la grande braderie de l’école. De Vic Fezensac à Gevrey-Chambertin, de Mauléon à Amigny-Rouy, de Clairac à Jaulgonne, de Bouvignies à Etaples, les fermetures de classe dont l’annonce se profile dans les conseils départementaux de l’Education Nationale (CDEN) réveillent les contestations. La disparition programmée des Rased inquiète aussi et s’inscrit sur les banderoles parentales. C’est une certaine idée de l’éducation qui se défend, une éducation qui intègre tous les enfants et ne les noie pas dans le nombre et dans la difficulté.

 

Les élus locaux se joignent souvent à eux parce que l’école dans un village, dans une ville c’est aussi un lieu de vie citoyenne. Fermer une classe, accélérer les regroupements, revient à éteindre à petits feux l’activité locale. Les municipalités investissent dans l’école, et c’est comme si, dans ces suppressions de postes, les politiques éducatives locales étaient quantité négligeable. A l’heure de la rigueur, la répartition des rôles entre état et mairie se résume à un rapport de force où le maillon local ne peut que subir les directives jacobines.

 

Petit à petit, le mouvement se propage aussi au secondaire. Lycées professionnels, lycées d’enseignement agricole, filières fragilisées, on voit aussi collèges et lycées d’enseignement général entrer dans la danse. Bien sûr, le mouvement reste discret, cantonné aux pages d’actualités de la presse quotidienne régionale. Il n’empêche qu’à regarder ces petits ruisseaux grandir et converger, on mesure l’attachement profond d’un pays à son école. Et malgré les vacances qui arrivent, on se prend à espérer que les mouvements locaux trouveront un écho national. Après tout, les protestations des parents et des élus rejoignent les recommandations de l’Ocde : l’éducation est un investissement nécessaire pour l’avenir du pays, la voix de la raison en somme.

 

Monique Royer



14/02/2012
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 93 autres membres