Article dans L'Express du 02/09/2010 : Rentrée scolaire : les dossiers qui fâchent
La classe reprend. Pour Luc Chatel l'année scolaire s'annonce mouvementée.
"Il n'est pas fréquent d'avoir un mouvement de grève le premier lundi de la rentrée", anticipait le ministre de l'Education en juillet. Cette année dérogera pourtant à la règle. Les 12 millions d'élèves auront à peine repris le chemin des cours que les enseignants quitteront leur estrade pour la rue.
Le lundi 6 et le mardi 7 septembre, les collèges et lycées devraient être paralysés, le principal syndicat enseignant, le Snes-FSU, ayant appelé à la grève, le jour même de la mobilisation contre les retraites.
16 000 postes en moins
Les pommes de discorde reviennent comme un boomerang d'année en année : d'abord les suppressions de poste. "Il y aura 16 000 postes en moins, alors qu'on attend 7 000 élèves de plus à la rentrée 2011", s'alarme le principal syndicat d'enseignants des écoles primaires, le SNUipp-FSU dans une lettre distribuée aux parents à la rentrée.
Des jeunes enseignants sans formation IUFM
Deuxième point d'accrochage : la dégradation des conditions de travail des enseignants, avec la réforme de la masterisation. Cette réforme, qui prévoit le recrutement des profs au niveau master, a chamboulé le système de formation des maîtres. Plus de stage et d'étude à l'IUFM, les professeurs débutants sont désormais envoyés directement et à plein temps dans une classe. Un apprentissage sur le tas qui en inquiète plus d'un. Beaucoup de ces jeunes profs doutent de la méthode et iront probablement défiler le 7 septembre.
La "méthode Chatel" en question
Chez les syndicats, on regrette l'activisme de Luc Chatel qui avait pourtant joué la carte du dialogue et de l'écoute en succédant à Xavier Darcos. "Luc Chatel avait appris à écouter, mais il est ensuite retombé dans du pur 'sarkozysme' pour imposer ses sujets et son calendrier", témoigne Antoine Evennou, président de l'UNL, la première organisation lycéenne.
Des mesures à marche forcée et décriées comme celles des états généraux sur la sécurité à l'école en avril dernier. Une impression de "sécuritaire" amplifiée par les récentes annonces de Luc Chatel sur la refonte des sanctions contre les violences à l'école. "Toute violence verbale à l'égard des personnels entraînera une procédure disciplinaire, et toute violence physique donnera lieu à un conseil de discipline", expliquait-il dans les colonnes du Figaro le 26 août. Luc Chatel veut serrer la vis envers les élèves "les plus difficiles", âgés de 13 à 16 ans, qui seront envoyés pendant un an dans de tout nouveaux établissements dits "de réinsertion scolaire".
Une réforme du lycée chahutée
Le refus de négocier sur la réforme du lycée qui entre en vigueur cette année a noirci un peu plus l'image du ministre. Le micmac sur les manuels scolaires pour les élèves de seconde et la question de leur financement a crispé un peu plus les enseignants.
Les programmes du primaire boudés
En primaire, les enseignants "désobéisseurs" refusent d'appliquer les nouveaux programmes et de contribuer au fichier base élèves. Ils ont déjà annoncé la reprise de leurs actions dès ce jeudi 9 septembre et espèrent entraîner dans leur sillon leurs collègues du secondaire.
Le rythme scolaire
Enfin, les questions de rythme scolaire continuent de fâcher. La semaine de 4 jours décidée par Nicolas Sarkozy ne convainc ni les professionnels de la santé, ni ceux de l'éducation. Au point que le ministre envisage l'école le mercredi matin, au risque cette fois-ci, de provoquer la colère des associations sportives et culturelles. Le raccourcissement des vacances scolaires prôné à la fois par l'Académie de médecine et l'inspection générale de l'Education nationale retient aussi l'attention dans le milieu scolaire.
Pour trancher, Luc Chatel a mis sur pied une Conférence nationale sur les rythmes scolaires. Mais son comité de pilotage ne comprend ni représentants des parents d'élèves ni syndicats d'enseignants. De quoi susciter le scepticisme des intéressés lors de la remise de conclusions au premier trimestre 2011.
Par Emilie Cailleau
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