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Article dans L'Express du 22/01/2013 : Rythmes scolaires : la gauche va-t-elle réussir à réformer l'école ?

La majorité des enseignants parisiens sont en grève mardi contre la réforme des rythmes scolaires. Cette première grève, circonscrite à Paris, illustre le point de rupture entre un ministre et la profession enseignante, quand il est question de leurs conditions de travail. La gauche n'échappe pas à la règle. 

 

"Je n'ai quand même pas mis 60 000 postes sur la table pour être emmerdé après". Cette petite phrase de Vincent Peillon, rapportée par ses proches, donne une bonne idée du climat qui règne rue de Grenelle. Après cinq ans de suppressions de postes, une formation des enseignants amputée, et des moyens budgétaires jamais vus, 60 000 postes en cinq ans, la gauche avait toutes les raisons, en arrivant au pouvoir de faire confiance aux enseignants. La réforme des rythmes scolaires ? Un boulevard, quand on sait que la moitié du travail de concertation a été mené par le ministre précédent, Luc Chatel.  

 

C'était sans compter sur le corporatisme de (certains) syndicats enseignants que même Bruno Julliard, issu de l?unef et ex conseiller de Peillon, n'hésite plus à dénoncer. 

Une grève de "précaution"

Alors comment expliquer la grogne de la profession ? Circonscrite à Paris, pour des raisons propres aux conditions d'enseignement dans la capitale, la grève du 22 janvier illustre pourtant ce point de rupture entre les enseignants et leur ministre de tutelle, aussitôt qu'il est question de réforme. 

 

"Pour moi c'est une grève de précaution", estime Claude Lelièvre, historien de l'éducation. "Les enseignants ont peur de perdre les moyens supplémentaires dont ils disposent à Paris". Autre raison de cette grève, le positionnement du Snuipp, qui n'hésite pas à relayer la grogne de sa base. D'autres syndicats fustigent en off "l'attitude corporatiste du Snuipp, et de ses sections départementales", note encore Claude Lelièvre. "Ce mouvement me fait penser à ces grèves organisées pour dénoncer le retrait de moyens dans certains établissements. On est dans le registre de la grogne contre certains avantages acquis", souligne l'historien, qui ne croit pas à une extension du mouvement. 

Hollande ne donne pas de signes clairs

Peillon sur ce dossier tiendra le cap. Cette réforme, il y est attaché, "pour l'intérêt des élèves", explique-t-il. Mais il est isolé. Contrairement à d'autres sujets sur lesquels François Hollande s'est engagé plus clairement (la formation des enseignants, la sanctuarisation des moyens du primaire), le président de la République n'a pas donné de signes clairs sur la réforme des rythmes. Son ministre, qui comptait boucler ce dossier dès la rentrée, a rapidement été recadré par l'ancien professeur d'allemand Jean-Marc Ayrault. Et François Hollande a donné des gages aux collectivités, inquiètes du coût de la réforme, en reportant à 2014 l'entrée en vigueur sur tout le territoire de la semaine de quatre jours et demi. Ses voeux à la jeunesse, prévus mercredi à Grenoble, lui donneront l'occasion d'envoyer -ou non- un signe à son ministre sur ce dossier. 

 

Pourtant la gauche n'a aucun intérêt à fâcher le "peuple" de gauche. Un mouvement de grève massif des enseignants entamerait durablement sa crédibilité sur les sujets éducatifs, quand toute la campagne de François Hollande a été faite sur ce thème. Mais que reste-t-il à négocier, quand tout a été mis sur la table dès les premiers mois du quinquennat (une loi de refondation et 60 000 postes en cinq ans) ? Avant de devenir ministre, Peillon aimait à répéter que la revalorisation salariale des enseignants n'était pas prioritaire, les enseignants étant plus attachés à une refondation "morale" de leur métier. Le dossier des rythmes scolaires, lui a, sur ce point donné tort. 

 

Par Marie Caroline Missir



22/01/2013
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