Article dans Le Figaro du 09/09/2010 : École : pas de lien entre effectifs et résultats
Selon une étude de l'OCDE, le travail en petits groupes ne bénéficie qu'aux élèves en difficulté.
Enseignants et parents d'élèves sont convaincus qu'il existe une forte corrélation entre des classes aux effectifs peu nombreux et des bons résultats. La «baisse des effectifs» est une de leurs vieilles revendications. En quête, lui, de «gisements d'efficience», autrement dit d'économies, le ministère de l'Éducation nationale envisage au contraire, dans une note envoyée aux recteurs, une augmentation de la taille des classes à l'école primaire, estimant que «les études récentes indiquent que la diminution des effectifs dans les classes n'a pas d'effet avéré sur les résultats».
De plus grosses classes dans le privé
Pas facile de répondre à cette question dont les enjeux financiers sont importants. Selon l'édition 2010 de la revue de comparaison internationale Regards sur l'éducation, éditée par l'OCDE, les recherches «n'ont pas permis de tirer des conclusions cohérentes, même s'il apparaît que les classes moins denses pourraient avoir un impact sur des groupes spécifiques d'élèves, notamment les élèves défavorisés». Les effectifs de classe ne varient pas suffisamment pour évaluer les effets sur la performance des élèves. Et le fait de regrouper les enfants plus faibles en classes plus petites pour leur accorder davantage d'attention peut donner lieu à des gains de performance inférieurs à ceux que l'on pourrait espérer… Autre élément qui amène à relativiser l'importance de la taille des classes, dans les pays où la part de l'enseignement privé est importante, comme la France, l'Australie ou la Belgique, les élèves tendent à être plus nombreux par classe dans les établissements privés que dans le public. On compte en France en moyenne un élève de plus par classe dans le privé, tant à l'école qu'au collège. «Ce constat montre que, dans les pays où de nombreux parents choisissent d'inscrire leur enfant dans un établissement privé, la taille des classes n'est généralement pas un facteur déterminant à leurs yeux», observe l'étude. Ce sont surtout les heures de soutien personnalisé mises en place en France en primaire et au lycée qui peuvent permettre d'améliorer les performances des élèves, à moyens constants, selon Éric Charbonnier, expert sur les questions d'éducation pour l'OCDE. «Ces heures impliquent de travailler en petits groupes. Encore faut-il voir comment s'organisent les établissements…», précise-t-il toutefois.
Le nombre d'élèves par classe devrait augmenter
Avec 22,7 élèves par classe en primaire et 24,1 au collège, la France se situe légèrement au-dessus de la moyenne de l'OCDE et, depuis 2000, ces chiffres ont «très peu varié», comme dans les autres pays de l'OCDE. Auparavant, la France avait consacré des moyens importants à la réduction de la taille de ses classes. Selon une note du Haut Conseil de l'évaluation de l'école, de 1966 à 1999, la taille des effectifs a diminué de 26% en primaire (de 28 à 22 élèves) et de 14% au collège (de 27,5 à 24 élèves), sans que des effets positifs notables aient été constatés.
Dans les prochaines années, le nombre d'élèves par classe devrait augmenter, selon Bernard Hugonnier, l'un des responsables de l'OCDE, «compte tenu des politiques à l'œuvre aujourd'hui et de la suppression d'ici à 2012 de 10 % du nombre d'enseignants français».
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