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Tant les EVS dont les contrats sont annulés que les directeurs d'école sont plongés dans le désarroi.

"Nous ne sommes même pas des numéros, nous sommes des papiers qu'on jette", constate B. avec amertume. Comme 19 autres emplois de vie scolaire (EVS), elle devait prendre son poste dans une école du Chablais le 1er septembre, mais a été informée que son contrat ne serait pas signé...  seulement la veille, mardi 31 août !

"J'ai passé un entretien avec l'inspecteur d'académie et le directeur d'école fin juin, j'ai passé une visite médicale, et le soir même l'inspection de l'Education nationale me confirmait que c'était bon, raconte B. Il était prévu que je signerais mon contrat le premier jour de la rentrée, comme c'est l'usage. Début juillet j'ai donc contacté le directeur de l'école, avec qui j'ai commencé à travailler fin août, pour préparer la rentrée." Jusqua'au coup de téléphone du secrétariat du collège dont dépendait ce contrat d'EVS, lui demandant de rentrer chez elle.

Mis devant le fait accompli

Un irrespect total de la personne humaine et des conditions de travail, c'est aussi ce que l'on déplore à l'école d'Orcier. Autre commune, mais même scénario : "Quand notre EVS a déposé son dossier auprès de Pôle Emploi avant les vacances, on l'a même assurée que son contrat serait reconduit jusqu'au 31 août 2012, indique la directrice, Isabelle Rocherolle. Mais quand nous avons reçu le coup de fil du collège, j'ai été prise de cours : on nous met devant le fait accompli

En effet, c'est toute l'organisation matérielle de la rentrée qui s'en est trouvée bousculée, car même si la directrice bénéficie d'un jour de décharge de cours par semaine, la masse de travail administratif reste considérable. "Les parents ne trouvent pas cela normal, et le maire nous a également apporté son soutien", rapporte la directrice. Alors il faut sans doute y voir une conséquence : le mouvement de grève national du 7 septembre devrait être suivi à 100% dans l'école - Orcier n'étant qu'un exemple parmi d'autres.

Les EVS sont des "contrats aidés", destinés à des personnes en situation difficile. Leur suppression est vécue d'autant plus douloureusement. "J'étais arrivée en in de droits. Aujourd'hui je me retrouve sans rien, déplore B. Heureusement, le directeur de l'école m'a fait une attestation de mes démarches. Mais j'imagine qu'il doit y avoir des mamans dans une situation encore pire que la mienne..."

Moins de cinq classes = suppression

Lydie Rebière, secrétaire générale de l'inspection académique, tient à clarifier les choses : "Je comprends ces situations, mais j'ai toujours insisté sur le fait que ces "contrats aidés" sont là pour faciliter le retour à l'emploi et qu'ils ne doivent pas s'inscrire dans la durée." Et rappelle également que certains EVS ont pu signer des conventions en vue de la rentrée, mais qu'il ne s'agissait aucunement de contrats de travail. "Et au cas où les directeurs d'établissement ont quand même fait signer un contrat, avant l'heure, ce contrat a été maintenu".

Concernant le fond du problème, Mme Rebière explique que ces disparitions de poste "s'inscrivent dans le cadre d'une maîtrise des dépenses publiques demandée cet été par le ministère", et que le critère retenu a été la suppression des EVS pour les écoles comptant moins de cinq classes, soit au total 20 cas pour le Chablais.

Sur la forme, elle assure en outre que les établissements recruteurs, c'est-à-dire les collèges, "en ont été informés lors d'une réunion dès la réouverture des établissements, le 24 août" : si l'annonce n'est arrivée dans les écoles que le 31 août, ce ne serait donc pas la faute de l'inspection académique... La secrétaire générale dit aussi que les dossiers ont été "retravaillés au cas pasr cas", et que certains EVS pourront être réorientés, s'ils l'acceptent, vers des postes d'assistance aux élèves handicapés.

Yvan Strelzyk