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Article dans Le Monde du 26/08/2010 : Rythmes scolaires : Luc Chatel explore le Danemark

C'est dans le cadre de sa "Conférence nationale sur les rythmes scolaires", lancée le 7 juin, que Luc Chatel se rend en visite au Danemark jeudi 26 août. Le ministre de l'éducation s'apprête à trouver dans ce pays de 5 500 000 habitants un système scolaire en pleine activité depuis déjà plusieurs semaines.

 

La rentrée, fixée cette année en France au 2 septembre, a lieu traditionnellement début août pour les élèves et les professeurs danois. Ces derniers ont repris les cours le 11 août.

Le Danemark figure en Europe, avec l'Allemagne, le Lichtenstein et les Pays-Bas, parmi la minorité de pays où les vacances d'été sont particulièrement courtes : environ six semaines, contre neuf en France, qui occupe de ce point de vue une position médiane.

Pour sa visite, M. Chatel est accompagné des deux coprésidents du comité de pilotage de la conférence sur les rythmes scolaires, Christian Forestier, administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers et Odile Quintin, ancienne directrice générale de l'éducation et de la culture à la Commission européenne. Les représentants des fédérations de parents d'élèves sont également du voyage.

 

"MIEUX ÉQUILIBRER L'ANNÉE"


Un des buts est de voir "comment on peut mieux équilibrer l'année scolaire", a précisé le ministre le 18 août sur Europe 1. De ce point de vue, le Danemark fait figure de modèle. "En France, indiquait récemment M. Chatel, nous avons 178 jours de cours par an dans le secondaire, 144 dans le primaire, au Danemark on est autour de 200 jours."

 Eric Charbonnier, expert de l'OCDE sur l'éducation, rappelle pour sa part qu'il y a 42 semaines de classe au Danemark, contre officiellement 36 en France (mais plutôt 35 en réalité).

Le résultat, outre cet étalement sur l'année, est que les journées scolaires y sont nettement plus courtes. D'autant que les semaines de classe, même au niveau de l'enseignement primaire durent cinq jours, contre quatre jours généralement pour les écoliers français depuis la suppression des cours du samedi matin à la rentrée 2008.

Outre sa durée plus réduite, la journée scolaire danoise est organisée différemment, les cours s'arrêtant à midi ou 12h30 au niveau primaire et à 14 h ou 15 h pour l'équivalent de notre collège.

D'autres contrastes existent avec le système éducatif français. Ainsi, le Danemark ignore notre coupure nette entre le primaire et le collège : toute la scolarité obligatoire, de 6 ans à 16 ans, y est accomplie dans la continuité au sein d'une seule "école fondamentale" dénommé Folkeskole. Comme toujours lorsqu'on se livre à la comparaison des systèmes éducatifs, certains aspects du système danois semblent plus ou moins exotiques d'un point de vue français.

Ainsi, une très grande autonomie est laissée aux établissements scolaires, l'Etat se contentant de fixer des objectifs généraux. Ce sont les écoles qui décident de la répartition des horaires par matière, même si des minima sont fixés au niveau national.

Les vacances des professeurs ont une durée inférieure à celle des élèves. Ces derniers, conformément à une conception très douce de l'autorité, appellent leurs enseignants par leurs prénoms. Le système éducatif danois, marqué par la tradition de l'Etat-providence, est selon l'OCDE "l'un des plus coûteux du monde" : la part du PIB consacrée à l'éducation (dépenses faites au titre des établissements d'enseignement, tous niveaux confondus, incluant le supérieur) était en 2005 de presque 7,5 %, au troisième rang de l'OCDE après Israël et l'Islande, et avant la Corée, contre 6 % en France.

 

 MARGES D'EXPÉRIMENTATION

 

Ses performances mesurées par les enquêtes internationales ne semblent pas à la hauteur de cet investissement. A l'instar de l'Allemagne, le Danemark a été désagréablement surpris, en 2000, par la première enquête PISA (sur les acquis des élèves de 15 ans), qui le plaçait en milieu de classement, au 16e rang parmi 31 pays participants.

Son score en "compréhension de l'écrit" était de 497 points, la moyenne de l'OCDE étant à 499. Depuis, qu'il s'agisse de la compréhension de l'écrit, des mathématiques ou de la culture scientifique, le pays n'a pas enregistré d'évolution statistiquement significative lors des enquêtes PISA de 2003 et 2006. La dernière enquête PIRLS, qui mesure les capacités en lecture des élèves âgés de 9 à 10 ans, plaçait en 2006 le pays au 15e rang avec un score de 546 (contre une moyenne de 500, la France étant à 522).

Si cette visite est une occasion de "regarder ce qui se fait ailleurs", son but, a averti M. Chatel, "n'est pas d'avoir un modèle, un exemple type qu'il faudra reproduire". La Conférence nationale sur les rythmes scolaires doit rendre un rapport d'étape en janvier 2011, puis un rapport d'orientation mi-mai, date à laquelle il est prévu que soient présentées les pistes retenues.

Le ministre a toutefois souligné lui-même, à plusieurs reprises, que le calendrier scolaire, en France, était fixé avec trois ans d'avance. Néanmoins, M. Chatel dispose de certaines marges d'expérimentation : ainsi, à partir de cette rentrée, certaines classes de 124 collèges et lycées vont expérimenter un nouveau rythme avec cours le matin et sport l'après-midi.

Luc Cédelle

 



03/09/2010
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