Résumé du rapport de synthèse des auditions, des débats en académie et des échanges sur Internet - janvier 2011 (2)
IV.2.3.2. L'organisation de l'espace : lieu de vie pour les élèves et ouverture sur l'extérieur
Dans de nombreux débats publics, comme par exemple dans les académies de Grenoble ou de Paris, l'expression des élèves a aussi porté sur la nécessité de "faire de l'Ecole un "lieu de vie" en plus d'un lieu d'apprentissage, avec les conséquences que cela peut avoir sur l'organisation de la journée de travail mais aussi sur l'organisation des espaces de travail".
L'académie de Montpellier inscrit ce point dans sa réflexion : "L'amélioration du temps scolaire doit viser une meilleure appropriation par les élèves de l'espace scolaire, pour développer un sentiment d'appartenance et le plaisir d'être à l'école" et le décline ainsi : insonorisation des bâtiments, aménagement des espaces pour garantir une pause méridienne confortable, pour un réel moment de repos ou d'éducation, aménager des bureaux, salles de réunion...
Plus complexe qu'il n'y paraît, la question de l'"espace" touche à deux sujets très sensibles, la question de la présence des enseignants dans l'établissemtn et celle du partenariat avec les collectivités territoriales : la présence "informelle" d'enseignants accessibles, présents en dehors du temps des cours, est en effet une demande récurrente des lycéens, et parfois aussi des parents, qui émane de plusieurs académies. [...]
Les collectivités territoriales soulignent la charge financière pour elles de tout nouvel aménagement et déplorent dans le même temps la sous-utilisation des équipements déjà existants (installations sportives, espaces spécialisés, moyens informatiques) : dans plusieurs académies elles se disent favorables à les mettre à disposition d'élèves ou d'associations. On souligne ainsi comme un point fort dans l'académie de Rennes que "l'école soit un espace ouvert" et que déjà nombre de locaux scolaires soient disponibles hors temps scolaire pour différentes activités.
Ceci implique une association étroite des collectivités territoriales à la réflexion : il s'agit de donner corps et bâti à une nouvelle vision de l'Ecole et tous les partenaires doivent être associés à part entière.
IV.2.4. Des inégalités à compenser
Les restitutions académiques soulèvent trois types de préoccupations, récurrentes et fortement pointées dans tous les débats :
IV.2.4.1. La question des coûts
Les petites communes et, notamment, les communes rurales s'inquiètent de devoir prendre en charge des temps plus longs d'accueil le matin et de garderie municipale l'après-midi.
De façon plus générale, on pose dans toutes les académies la question de l'impact sur le budget des collectivités, sur la qualification des personnels territoriauxm sur la gestion des transports et les différentes répercussions en termes de coûts des aménagements ou services nouveaux à prévoir.
On pose également la question des coûts individuels : de nombreuses académies font observer que toutes les familles ne seront pas à même de financer des activités ou de supporter de nouvelles charges de garderie.
IV.2.4.2. Les différences entre territoires
Là encore, les restitutions académiques sont unanimes à mettre en garde : ont été évoquées les différences de ressources, de moyens et d'équipements entre communes, entre secteur urbain et secteur rural. C'est, au total, l'égalité des chances sur le territoire qui risque d'être compromise.
On fait aussi observer que la réduction de la journée scolaire peut, en dégageant du temps libre, accentuer les inégalités culturelles : les familles ayant la culture scolaire nécessaire ou les ressources suffisantes sauront trouver un encadrement pour aider leurs enfants. Les familles les plus défavorisées, au contraire, n'ont pas les repères suffisants pour les aider ni la possibilité matérielle de leur faire suivre des activités payantes.
IV.2.4.3. Une exigence de qualité
Ce souci émane de toutes les catégories de représentants présents : parents, élèves, enseignants, élus et membres de la société civile. Tous les débats académiques convergent en ce sens : il est indispensable non pas d'"occuper", mais d'organiser le temps libéré autour de ce qu'une académie désigne par "activités intelligentes" : on s'accorde à dire qu'il n'est pas question de multiplier les garderies, c'est au contraire le temps et le lieu de compenser les inégalités sociales des familles. Ce qui suppose une véritable politique éducative concertée entre éducation nationale, collectivités et associations. [...]
Ce qui suppose également la mise en place de quelques garde-fous, comme le maintien d'un "temps obligatoire et éducatif" : "pour que l'Ecole remplisse mieux sa mission, il ne faut pas pour autant qu'il y ait moins d'Ecole", comme le fait observer l'un des participants de l'académie de Créteil.
En corollaire obligatoire, on pose bien sûr la question de la pérennisation : comment s'assurer de maintenir sur la durée des dispositifs de qualité mis en place sur projet, par une équipe donnée ? Comment garantir par exemple le maintien du financement, des personnels ?
IV.3. Des propositions qui ne sont encore que des pistes de réflexion
S'il n'y a pas de consensus sur l'ensemble des propositions, pas même de consensus au sein de chaque académie, on note néanmoins un souhait majoritaire de réduire la journée en tenant compte de l'ensemble des contraintes, méticuleusement déclinées dans les différentes restitutions (accueil, transports, devoirs, temps scolaire) et une volonté réelle de réfléchir à son organisation. La semaine et l'année font pour leur part l'objet de compromis plus qu'une proposition élaborée.
IV.3.1. Réduire ou aménager la journée ?
Un consensus récurrent apparaît : il faut arriver à proposer moins d'heures de cours dans la journée ou trouver une autre organisation, plus respectueuse des rythmes biologiques. Alléger la "journée pédagogique" de classe, ne pas dépasser un nombre quotidien d'heures de cours, ce qui n'empêche pas d'autres formes de prises en charge, à l'école, en surplus de ce temps. Dans l'académie de Lyon, on suggère par exemple un concept innovant, celui de "temps forts" : c'est un regroupement de disciplines, par périodes, sur des plages horaires à thème. En contrepartie les emplois du temps sont allégés et plus souples sur d'autres périodes.
Dans l'académie de Montpellier, on commente par exemple des expérimentations proposant les cours magistraux le matin, et les après-midi privilégiant les travaux pratiques en demi-groupes, ou bien consacrés aux activités sportives et culturelles. La proposition n'est donc pas la réduction du temps passé à l'Ecole, mais son amélioration selon d'autres modalités pédagogiques.
L'unanimité se fait sur la nécessité d'aménager la pause méridienne, d'en faire réellement un temps de détente, suffisamment long : on propose le plus souvent une heure trente. Selon les spécificités de l'académie ou de l'établissement (locaux et restauration), on note toutefois des suggestions divergentes : l'académie de Guadeloupe en demande la réduction, en raison des fortes chaleurs de la mi-journée, alors que dans nombre d'académies on souhaite au contraire l'allonger et la porter à une durée effective d'une heure trente. La grande majorité des participants rejettent le choix de ce créneau horaire pour placer l'aide individualisée.
Une majorité d'entre eux se déclarent également favorables à l'intégration des devoirs (travail personnel au lycée) dans la journée de classe. Sans qu'il y ait consensus sur la solution à retenir, on y voit bien des avantages : allègement de la journée de travail, mise à profit utile du temps libéré, espace privilégié pour un travail personnalisé avec l'enseignant, compensation des inégalités culturelles des familles. Certains parents regrettent toutefois ce moment privilégié de partage avec leur enfant...
La grande question, déjà évoquée, reste néanmoins celle des temps extra- ou péri-éducatifs à mettre en cohérence et à articuler entre eux : transports, cantine, garderie, activités de qualité. Comme le dit l'académie de Montpellier, "il faut réfléchir à une autre échelle, quitter le cadre de la journée de six heures pour celui de la journée de vingt-quatre heures... Le bon enchaînement des temps scolaire, péri- et extrascolaire ne fait pas suffisamment l'objet d'une concertation entre les institutions concernées. Il faut affirmer leur complémentarité... et ne plus raisonner en termes de concurrence, l'objectif commun étant la réussite de l'enfant et son épanouissement".
IV.3.2. La semaine de quatre jours et demi n'emporte pas toujours l'adhésion
[...] En dépit des préconisations des chronobiologistes, on note un attachement très fort au samedi libéré et donc au week-end de deux jours, en insistant notamment sur le cas particulier des familles recomposées. Mais on se dit aussi majoritairement favorable à augmenter le nombre de jours de classe, par souci d'un rythme plus régulier : serait donc majoritairement retenue la formule d'une semaine de quatre jours et demi (ou cinq jours comme on le relève dans l'académie de Poitiers par exemple) avec mercredi travaillé ?
Les restitutions académiques font toutefois état d'une absence de consensus sur ce point. [...]
"La journée de quatre jours à l'Ecole rencontre de vives oppositions : elle ne respecte pas les rythmes de l'enfant, entraîne une compression des cours sur six heures par jour, des couchers et des levers trop tardifs... désynchronise les enfants et les fatigue" pour l'un des groupes de participants ; et pour le second : "La journée de quatre jours à l'Ecole emporte l'adhésion : le mercredi apparaît comme une vraie coupure, elle permet aux enfants de se reposer, de se détendre et de pratiquer des activités sportives et culturelles".
On conclura avec le rapporteur que "l'essentiel tient au contenu pédagogique de chaque journée et à la qualité de la gestion du temps familial".
IV.3.3. L'année et la répartition des vacances : des compromis
Là encore, on ne trouve pas de consensus, sinon sur le souhait, unanime, de voir effective l'application du rythme 7/2, dont deux semaines pleines et donc allongement en ce sens des vacances de Toussaint.
C'est à ce titre que les propositions académiques font état de compromis plus que de propositions : il y a peu d'oppositions catégoriques à la réduction des vacances d'été, mais de nombreuses réserves dans chaque académie, émanant plus particulièrement des familles séparées ou des lycéens pour qui une activité saisonnière d'été représente souvent une aide finacière nécessaire.
La réduction de deux semaines d'été est souvent évoquée, et consentie "à la rigueur... à condition de permettre le 7/2". On ne paraît pas hostile en revanche au zonage des vacances d'été (2 zones) qui revient dans plusieurs propositions : cette formule a l'avantage d'augmenter l'amplitude des congés et répond aux préoccupations des académies plus sensibles à l'économie du tourisme et des loisirs (les académimes de Clermont et Lyon, par exemple, évoquent cette spécificité de leur tissu local).
Evoquant le zonage éventuel des vacances d'étém plusieurs propositions académiques le lient alors à une extension et à une révision à deux zones du zonage annuel ; mais là encore la proposition émane de groupes et ne fait pas consensus. [...]
Une mise en garde récurrente toutefois : comme on a pu le relever à propos de la prise en compte des contraintes familiales, il est rappelé à plusieurs reprises que les considérations liées à la vie économique doivent rester secondaires dans les choix à opérer. [...]
IV.3.4. Le niveau de pilotage : une variation de position
[...] Du cadrage national aux adaptations locales : selon les restitutions académiques, on peut toutefois mesurer comme la place du curseur peut varier au vu des positionnements respectifs. [...] L'académie de Grenoble va plus loin en ce sens : "la France n'est plus uniforme et la décentralisation en a déjà pris acte. De plus, la notion d'autonomie des établissements étant au centre des réflexions actuelles, il semble que l'uniformité des réponses en termes de rythmes scolaires sur le territoire national ne soit plus la seule solution (spécificités locales à prendre en compte : ruralité, dispersion de l'habitat, milieu montagnard, organisation du transport scolaire commun premier et second degrés, saisonnalité professionnelle)". [...]
Du détail des lectures ne peut émerger aucun "modèle", la pluralité territoriale faisant précisément la richesse de cette consultationm mais on retiendra ce motif récurrent : "la différence de l'offre territoriale qui peut survenir selon les collectivités ne doit pas conduire à de trop grandes inégalités territoriales en matière d'accompagnement éducatif ou d'offre d'activités péri-éducatives". [...]
En conclusion, les différentes contributions qu'il est impossible de citer toutes, pourraient trouver écho dnas ce récapitulatif précis et finement pesé de l'académie de Versailles. Il pose les contraintes et ouvre les pistes de travail :
"Tout aménagement du temps scolaire (révision des zones, durée des vacances, durée de la semaine, durée de la journée) a des conséquences importantes sur les partenaires de l'Ecole (associations et collectivités) et peut poser des problèmes de financement. Les propositions ne pourront être que le résultat de compromis dans la recherche d'équilibres.
Il apparaît difficile de mettre en cohérence les rythmes de l'enfant et des adultesm ces derniers conditionnent toujours la durée du temps passé par l'enfant en dehors de la famille, la journée scolaire n'étant qu'une partie de cette période.
L'aménagement du temps scolaire passe par un travail sur l'organisation de la journée, éventuellement la diminution de sa durée et surtout une meilleure alternance des activités scolaires et extrascolaires, d'où l'importance des partenariats et du rôle dévolue à l'éducation nationale dans une offre éducative cohérente. L'éducation nationale doit avoir la maîtrise d'oeuvre des temps scolaires et périscolaires pour garantir la cohérence éducative et l'égalité d'accès à chacun selon ses besoins.
Les changements ne peuvent être mis en oeuvre sans une concertation avec les collectivités territoriales, en particulier au premier degré. Il est indispensable de repenser la journée scolaire avec les municipalités (articulation des temps de cantine, garderie, école ; qualité de l'encadrement).
L'Etat doit définir un cadre national qui permette des adaptations locales, il doit aussi garantir le réalisme des décisions sur tout le territoire, envisager des solutions que les collectivités locales puissent mettre en oeuvre dans un cadre budgétaire contraint".
V. Synthèse des échanges sur internet
La suite arrive...
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