Reuve de presse : Article dans Les Echos du 12/11/2010 : L'Education nationale recompte les enseignants et... retrouve 20.000 emplois
Le ministère de l'Education, qui vient de procéder à un décompte de ses effectifs, a « retrouvé » plus de 20.000 emplois. Une opération de transparence qui sème le trouble.
C'est une opération de transparence, qui paradoxalement, a jeté le trouble. A l'occasion du budget 2011, le ministère de l'Education nationale a réalisé un décompte de ses effectifs. Surprise, l'opération aboutit à une correction à la hausse de plus de 20.000 postes sur son plafond d'emplois, mis en place par la LOLF pour maîtriser les dépenses de personnel de l'Etat. Elle porte le total à 968.194 ETPT (équivalent temps plein travaillé). Le ministère compte ainsi désormais 5.600 emplois « en surnombre » dans le premier degré, dus à des départs en retraite moins nombreux que prévu en 2009 et 2010, conjugués à un surcalibrage du recrutement des professeurs des écoles. Conséquence de la réforme de la formation des enseignants, qui devait permettre, sur le budget 2010, la suppression de 16.000 postes via la fin de l'année de stage des jeunes enseignants lauréats au concours, le ministère a décidé de prendre en compte les stages réalisés par les étudiants en master se destinant au métier d'enseignant, soit près de 6.000 postes. Les emplois de vacataires, jusqu'ici comptés en crédits, sont intégrés, à hauteur de 2.900 postes. Sous-calibré depuis la mise en place de la LOLF, le plafond de l'enseignement privé est régularisé (5.000 postes). Le logiciel Chorus a aussi permis de « retrouver » 1.300 postes. « Toutes ces corrections consistent à prendre en compte dans le plafond, des emplois qui existaient déjà mais n'étaient pas comptabilisés », justifie-t-on au ministère de l'Education nationale.
L'ampleur de ces corrections fait tiquer la commission des Finances du Sénat. Pour Philippe Marini, rapporteur général (UMP) du budget au Sénat, elle ne peut que « laisser sceptique sur le pilotage d'emplois du premier employeur de l'Etat ». Si, reconnaît-il, ces corrections relèvent toutes d'un « effort de sincérité budgétaire, elles compromettent la crédibilité des précédents schémas d'emplois et rendent impossible une appréciation objective de l'effort du ministère en matière de réduction des effectifs. » Un sujet ultrasensible quand l'Education nationale affiche d'importantes suppressions de postes (16.000 en 2010 et en 2011, 13.500 en 2009, etc.). Philippe Marini va plus loin en affirmant que « l'évolution erratique des décomptes d'effectifs » fait peser des soupçons sur les plafonds qui seront présentés à l'avenir. Il se demande même si certaines corrections, ne sont pas « gonflées ». De quoi, à l'exécution du budget, afficher plus facilement les suppressions de postes demandées.
Ces soupçons sont rejetés en bloc Rue de Grenelle où l'on affirme que la règle de non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite est respectée. Si l'on reconnaît les difficultés de prévision sur les retraites, on assure que les départs devraient repartir à la hausse en 2011. On souligne aussi que le nombre de places au concours 2011 du premier degré a été plus que divisé par deux (3.000 contre 7.000). Les syndicats, eux, regardent cette opération avec circonspection. « Elle va permettre d'afficher, malgré les suppressions de postes, des taux d'encadrement qui ne baissent pas, relève Guy Barbier, secrétaire national au SE-Unsa. S'il est difficile d'affirmer que ces corrections sont gonflées, il est sûr que dès qu'on touche au plafond, naît le soupçon. »
ISABELLE FICEK, Les Echos
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