Revue de presse : Article dans L'Expansion du 11/10/2010 : Retraites : semaine de la dernière chance pour les syndicats?
Les syndicats espèrent une forte mobilisation ce mardi contre la réforme des retraites, alors que les préavis de grève reconductible se sont multipliés. Une course de vitesse est engagée avec le gouvernement qui a demandé aux sénateurs d'accélérer le vote.
Mardi 12 octobre sera la cinquième journée de mobilisation contre la réforme des retraites à l'appel de tous les syndicats depuis le début de l'année, la troisième depuis le début de l'examen du projet de loi au Parlement en septembre. Lassés, les manifestants ? Il ne semble pas, vu le nombre important de préavis de grève déposés, dans les transports publics, dans les ports et les raffineries, chez les contrôleurs aériens, à l'Education nationale ainsi que dans la plupart des entreprises publiques et semi-publiques (La Poste, EDF, GDF, France Télécom, etc.). Lors des précédentes journées d'action (le jeudi 23 septembre et le samedi 2 octobre), entre un million selon le gouvernement et trois millions de personnes selon les syndicats étaient dans la rue. Forts du soutien de l'opinion, les syndicats espèrent faire aussi bien, si ce n'est plus, ce mardi.
Un atout pourrait bien faire pencher la balance des chiffres en faveur des syndicats: la présence, massive ou non, des lycéens et des étudiants, jusqu'ici relativement discrets dans le mouvement social. Il faut dire que la rentrée universitaire a eu lieu il y une dizaine de jours. L'Unef, première organisation étudiante, a appelé à une journée "fac mortes" mardi afin de permettre aux étudiants de participer aux manifestations aux côtés des salariés. "La rentrée des jeunes dans cette bataille sera un élément déterminant pour la suite", a déclaré lundi sur Europe 1 le président de l'Unef Jean-Baptiste Prévost. Pour les motiver, un chiffre est régulièrement mis en avant par les syndicats : le report de l'âge légal de départ à la retraite à 62 ans priverait les jeunes d'un million d'emplois. La présence des jeunes semble inquiéter l'exécutif, qui redoute un scénario à la CPE. Le conseiller social de l'Elysée, Raymond Soubie, et le ministre du Travail, Eric Woerth, ont ainsi qualifié "d'irresponsables" ceux qui appellent les jeunes à manifester.
La constance du gouvernement à ne pas bouger sur l'architecture de la réforme, notamment sur les mesures d'âge, a poussé certains syndicats - souvent CGT, FO ou Solidaires - à durcir leur opposition, en déposant ces derniers jours des préavis reconductibles dans plusieurs secteurs (énergie, chimie, agroalimentaire...) ou entreprises (SNCF, RATP, Total, La Poste, France Télécom...). Il est difficile d'évaluer si ces appels, qui font débat parmi les syndicats, seront suivis lors des assemblées générales qui se tiendront dans les entreprises après la journée de mardi. 66% des Français sont favorables à un durcissement des mouvements de grèves, selon un sondage BVA. Ces mouvements reconductibles pourraient faire le lien avec la prochaine journée d'action, le samedi 16 octobre.
Le patronat grince des dents
Jusqu'ici peu disert sur le mouvement social contre les retraites, le patronat semble avoir retrouvé l'usage de la parole - et de la critique. La présidente du Medef Laurence Parisot a estimé lundi que les journées de grève participaient "à une dégradation très préjudiciable" de la "réputation" française. La Confédération générale des petites et moyennes entreprises (CGPME) a quant à elle demandé à l'exécutif de prendre en compte le "ras-le-bol" de la "majorité silencieuse", ajoutant que "les salariés du secteur privé, les plus concernés par l'inéluctable réforme des retraites, seront une fois de plus pénalisés."
Accélération du calendrier politique
Pour tenter de désamorcer la contestation, le gouvernement a demandé aux sénateurs d'accélérer l'examen du projet de loi, en votant en priorité les mesures d'âge. L'article le plus important du texte, le report de l'âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans, a ainsi été adopté vendredi. L'autre mesure phare, le report de 65 à 67 ans de l'âge de la retraite sans décote, devrait l'être lundi soir.
L'ampleur de la mobilisation n'aura pas été vaine : le gouvernement a déjà fait de nombreuses concessions (sur la pénibilité, les carrières longues, les chômeurs, les mères de trois enfants et les parents d'enfants handicapés). Mais il reste inflexible sur les mesures de report d'âge. Le président du groupe UMP au Sénat, Gérard Longuet, a affirmé lundi qu'il ne voyait "pour l'instant plus de marge de manoeuvre" du Parlement à propos de la réforme des retraites. Après celui de l'Assemblée, le vote du Sénat au projet de loi semble quasiment bouclé. Et ce quelle que soit l'ampleur de la mobilisation mardi. "Nous ne sommes pas dans la perspective d'un baroud d'honneur, réplique Eric Aubain (CGT). Le vote des députés a amplifié le niveau de mobilisation, celui du Sénat aura le même effet. Combien de temps le gouvernement pourra-t-il encore l'ignorer ? "
Par Emilie Lévêque
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