Revue de presse : Article dans L'Express du 16/06/2011 : Les dyslexiques jugés sur l'orthographe au bac de français
A l'épreuve écrite de français lundi, ces élèves seront évalués sur un critère qui constitue justement leur handicap. Le témoignage de Clara, lycéenne.
Clara fait partie des plus de 650 000 lycéens qui vont passer lundi 20 juin le baccalauréat de français. Pour cette élève de 17 ans, en Première Economique et Sociale (ES) à Paris, le stress va être d'autant plus important car elle est handicapée par la dyslexie, un trouble de l'apprentissage de la lecture pénalisant la compréhension de l'écrit et l'orthographe. Or elle va tout de même être évaluée sur son orthographe pour l'épreuve de français. Une aberration règlementaire.
Depuis sa classe de CP et la reconnaissance de ses difficultés à l'écrit par un médecin scolaire, Clara a bénéficié d'aménagements afin de compenser son handicap. L'aide d'enseignants spécialisés au collège dans des unités pédagogiques d'intégration (UPI) [aujourd'hui nommées unités localisées pour l'inclusion scolaire, ULIS, ndlr] lui ont permis de suivre des cours adaptés et de bénéficier d'un suivi rapproché. Elle a également reçu le soutien d'auxiliaires de vie scolaire (AVS), présents à ses côtés pour noter les cours ou pour l'aider à comprendre les énoncés.
Un micro-ordinateur gratuit a aussi été mis à sa disposition pour lui permettre d'écrire plus facilement. Enfin, elle a pu profiter de salles aménagées pour les examens, comme le bac blanc de français qu'elle a passé dans le CDI de son lycée. "Les élèves dyslexiques sont bien soutenus dans leur scolarité, en tout cas dans les grandes villes", précise Antoinette, la mère de Clara.
Pour le bac, la présence d'un assistant pour lire l'énoncé et l'usage de l'ordinateur sont maintenus. Les élèves dyslexiques bénéficient, en outre, d'un tiers du temps supplémentaire pour passer l'épreuve. "Ce bonus permet de mieux comprendre le sujet, mais le temps n'y fait rien en ce qui concerne les fautes d'orthographe, ce n'est pas une question de mauvaise volonté", explique Clara.
Les fautes d'orthographe justement, la plaie pour les dyslexiques, l'origine de leurs difficultés, peuvent être corrigées via des logiciels correcteurs orthographiques, autorisés pour toutes les épreuves, sauf... pour le français. En effet, un règlement exclut cette "épreuve visant à évaluer les compétences en orthographe". La mère de Clara s'indigne : "Ce règlement n'a aucun sens.
C'est comme demander à un paraplégique de courir un 100 mètres."
"C'est le règlement. Ces conditions d'examen sont issues d'une circulaire du 26 décembre 2006", indique à L'Express le chef de la division du baccalauréat du service interacadémique des examens et concours (SIEC) qui a autorité en Île-de-France. Pourtant, l'inspectrice académique en charge des élèves handicapés, Isabelle Poulet, et la référente de la maison du handicap du secteur académique de Clara (Paris), Isabelle Paré, semblent le découvrir. Preuve du manque de coordination dans un système censé compenser le handicap des dyslexiques.
"Pour ce bac de français, je me demande comment je vais faire sans un outil qui m'assiste depuis longtemps maintenant", conclut Clara, très inquiète.
Par Benoît Magistrini, publié le 16/06/2011 à 13:59
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