Revue de presse : Article dans La Tribune du 24/07/2011 : Métier d'enseignant : pourquoi les chiffres d'inscriptions aux concours sont en trompe l'oeil
Les inscriptions aux concours 2012 progressent de 6% dans le second degré et de 20% en maths. Mais cela ne préjuge en rien d'un maintien de l'attractivité de la profession chez les jeunes titulaires d'un master. Explications.
Réforme de la formation, dégradation d’entrée dans le métier, conditions de travail plus difficiles, suppressions de postes, faible rémunération... Cela fait plus d’un an que les syndicats d’enseignants prédisent un risque de désaffection pour la vocation d’enseignant. Or les chiffres d’inscriptions aux concours 2012 viennent prouver le contraire, a estimé le ministère de l’Education nationale en fin de semaine dernière.
De fait, pour les concours externes 2012, 111.611 candidats se sont inscrits, soit une progression de près de 7 % par rapport à l’an dernier. Cette afflux supplémentaire est surtout perceptible dans le second degré où la hausse est de 6 % (+ 11,3 % pour l’agrégation ; + 5,3 % pour le Capes). Fait notable, les mathématiques, discipline désertée depuis des années, affichent un bond de 20 % du nombre d'incriptions. Pour le ministère, ces chiffres, qui certes mériteront d’être confirmés les années suivantes, démontrent que "les métiers de l’enseignement continuent d’attirer les jeunes diplômés". Selon le ministre Luc Chatel, interrogé par "Le Parisien", la campagne - très critiquée - de 17.000 recrutements (dont 11.600 enseignants) lancée en juin n’y est pas pour rien.
Soubresaut
Mais ces chiffres recouvrent une réalité plus nuancée. Dans le 1er degré, les inscriptions aux concours se tassent encore (-2,3 % à 42.260) après une forte chute en 2011 (- 48,5 %). Par ailleurs, le nombre de candidats suit généralement celui des postes offerts aux concours. Ceux-ci passant de 11.600 en 2011 à 13.600 en 2012, il est logique qu’il y ait un peu plus de candidats. En revanche, les postes ouverts dans le secondaire stagnent à 8.600. Surtout, "il y a eu un tel trou d’air pour le concours 2011 que cette légère amélioration relève du soubresaut", ironise Daniel Robin, co-secrétaire général du Snes-FSU (principal syndicat du secondaire). En 2007, ce sont 22.000 postes qui étaient ouverts... Autre bémol, "il faut bien faire la différence entre les inscriptions aux concours et les candidats présents aux épreuves", nombre d’entre eux s’inscrivant à plusieurs concours, rappelle Christian Chevallier, secrétaire général du SE-Unsa. En 2010, dans le second degré, 47.000 candidats se sont présentés aux épreuves sur... 85.000 inscrits. L’obligation nouvelle d’être titulaire d’un master, aussi, limite mécaniquement le vivier (on compte 330.000 étudiants de moins en master qu’en licence) et l’appétence pour une profession qui promet 1.500 euros de rémunération les 10 premières années d’exercice et qui a vu 65.000 postes supprimés depuis 2007.
Signe annoncé d'un début de désaffection ? La session 2011 des concours vient de s’illustrer par un nombre sans précédent de postes non pourvus : 978 places offertes aux Capes externes sont ainsi restées vacantes (dont 376 en mathématiques, 132 en anglais et 108 en lettres classiques). Résultat, un recrutement accru de contractuels.
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