ALPE74140

Et si le système d'échange gratuit d'appartements entre vacanciers pouvait s'appliquer aux parents divorcés? Cette transposition est l'idée phare d'un site Internet d'entraide créé par Magali Le Carrérès, elle-même séparée et mère de trois enfants. Cette Morbihannaise de Ploeren a vite compris que le droit de visite et d'hébergement pouvait tourner au cauchemar lorsque son ex-mari s'est installé en Rhône-Alpes.

Astuces-parents, premier réseau d'entraide entre parents divorcés, vise donc à simplifier la vie des mamans, et surtout des papas, éloignés de leurs petits. Échange de logements régulier pour accueillir les enfants près de leur domicile principal, covoiturage, hébergement simple, trocs d'habitations pour les vacances… Grâce à ce système, les familles éclatées espèrent réaliser des économies conséquentes sur les billets de train, les week-ends à l'hôtel et les entrevues au restaurant. Certains cherchent également à éviter ainsi de recevoir leurs petits chez les grands-parents.

Un «enjeu éthique»

Pour l'instant, le site compte près de 200 abonnés. Fin 2010, Magali Le Carrérès a même élargi le concept aux parents d'enfants hospitalisés loin de chez eux. «Il existe environ 400.000 parents éloignés de leurs enfants», estime cette jeune autoentrepreneuse qui fonde son calcul sur les statistiques de divorces avec enfants mineurs, les données relatives à leur garde et les chiffres de l'Insee sur la mobilité professionnelle.

Nicolas, un militaire de Périgueux, qui peine à voir aussi souvent qu'il le voudrait son petit garçon de 3 ans à Tarbes, s'est inscrit sur le site dans l'espoir de trouver un appartement pour accueillir leurs retrouvailles dans la ville des Hautes-Pyrénées. «Je voudrais éviter de passer la moitié du week-end avec lui sur la route ou de le voir à l'hôtel. J'aimerais qu'il puisse avoir ses jouets, que nous nous retrouvions dans un endroit plus chaleureux», explique Nicolas.

«Il y a une vingtaine d'années, la majorité des pères divorcés perdaient le contact avec leurs enfants. Aujourd'hui, leur engagement croissant dans l'éducation a fait changer les choses. Mais nombre d'entre eux ont du mal a s'organiser. Errer dans une ville d'un fast-food à l'autre, d'hôtel en hôtel, pour voir un enfant qui vit loin peut avoir des conséquences sur les conditions d'éducation et de partage de la vie quotidienne», avance le psychologue clinicien Daniel Coum, parrain de cette initiative solidaire. Selon ce dernier, au-delà de l'astuce, il y a un «enjeu éthique» dans cette entraide entre parents. «Il n'y a pas que les psys qui peuvent régler les difficultés liées au divorce. Les solutions peuvent être parentales!», conclut-il.