Revue de presse : Article dans Le Figaro du 06/06/2011 : Écoles et collèges, nouvelles cibles de la violence
Près de Paris à Clichy-sous-Bois, Pierrefitte ou Thiais, mais aussi dans la Marne ou à Lyon, les incidents se multiplient.
À l'école primaire Michel-Montaigne de Sevran, la récréation a été annulée la semaine dernière après que des coups de feu eurent éclaté près de l'établissement. Une mesure déjà prise par la direction de l'école à trois reprises en un mois. Selon Michel Richard, secrétaire général adjoint du Syndicat national des chefs d'établissement, des coups de feu à proximité d'une école, voire visant délibérément une école, «c'est rare, mais ça arrive de façon sporadique, dans des quartiers populaires mais aussi en centre-ville». L'inspecteur académique de Seine-Saint-Denis compte ainsi une poignée de cas similaires en un an, dans des écoles de Clichy-sous-Bois et de Pierrefitte. En octobre 2007, peu avant la sortie des classes, une balle perdue avait carrément traversé une salle de cours de l'école François-Villon, également à Sevran. Heureusement, aucun enfant n'avait été touché.
Plus grave encore, en mars 2009, un jeune homme ouvrait le feu sur une école maternelle située dans le IIIe arrondissement de Lyon avec une carabine à air comprimé et blessait légèrement huit personnes venues chercher les enfants à la sortie. Deux mineurs de 16 ans ont quant à eux tiré à trente et une reprises sur les vitres du collège Alphonse-Sive à Monteux (Vaucluse) et son gymnase en mars dernier. Connus des services de police, ce sont d'anciens élèves de cet établissement.
Deux adultes se sont amusés à tirer une trentaine de balles de 9 mm sur la façade du collège de Saulx-les-Chartreux (Essonne) en novembre dernier, pendant les vacances scolaires. Bilan : une quinzaine d'impacts sur les murs. La semaine précédente, ils avaient brûlé des voitures. À Heiltz-l'Évêque (Marne), des tirs de carabine ont atteint une classe d'école maternelle et un dortoir. L'auteur, un enfant de 11 ans, s'est mis à tirer alors que deux enfants jouaient encore dans la cour de récréation avec le fusil de son père, chasseur. Il pensait «viser des hirondelles».
Il s'agit là de cas de vandalisme, agression la plus fréquente concernant les établissements scolaires. Mais ces derniers peuvent aussi être témoins ou victimes malgré eux de la violence régnant dans leur quartier : querelles de bandes, trafic de drogue, disputes de voisinage, etc. Une trentaine de personnes ont ainsi participé à une rixe devant le lycée Louis-Armand de Yerres (Essonne) en janvier dernier. Ce soir-là, plusieurs coups de feu ont été tirés, et un jeune homme a été grièvement blessé à coups de béquille.
Victimes de jets d'objets
En 2010, une bagarre concernant une poignée d'individus survenait en pleine journée dans une cité HLM située devant un lycée de Thiais (Val-de-Marne), coups de feu à l'appui. Mais bien plus que de coups de feu, certains établissements scolaires sont surtout victimes de jets d'objets parfois dangereux venant des immeubles voisins : bouteilles en verre, canettes, pierres, chaises, extincteurs, manches à balais, etc. Il y a quinze jours, pendant une récréation, c'est une école primaire d'Aulnay-sous-Bois qui a reçu, de l'extérieur, une bouteille contenant de l'acide qui a explosé en touchant le sol de la cour de récréation.
Ces incidents sont «souvent le fait d'anciens élèves exclus des établissements scolaires qui viennent chercher querelle», explique l'inspecteur académique de Seine-Saint-Denis. Au début des années 2000, une école de Villejuif avait carrément mis en place un filet de protection au-dessus de la cour de récréation après que des boules de pétanques y furent jetées. Une dizaine d'écoles primaires à Paris seraient aujourd'hui dotées d'un tel système, comme l'école Vandrezanne auparavant, visée par des bouteilles jetées de la tour voisine pendant que les enfants jouaient dans la cour.
Sevran toujours sous le choc
Le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, s'est engagé à ce que «la police républicaine» rétablisse la sécurité à Sevran. Une sécurité, récemment mise à mal, à proximité d'une école, par des règlements de comptes entre trafiquants de drogue. Malgré les propos rassurants du ministre, certains riverains sont inquiets après la fusillade, à deux pas de l'école primaire Montaigne. «Les règlements de comptes sont quotidiens», déplore un jeune homme. De leur fenêtre, derrière les rideaux, des femmes scrutent le préfet Christian Lambert et les élus locaux, qui font visiter les halls d'immeubles au ministre. Une retraitée de 80 ans, note : «Je suis là depuis 1982 et c'est la première fois que je vois ça.» L'ambiance est tendue, surtout parmi les jeunes hommes, qui jouent même la provocation : «Vous êtes venus en safari ?, lance une bande au ministre, vous êtes comme les policiers, vous n'osez plus venir à moins de 50.» Deux hommes d'une soixantaine d'années, qui habitent ici depuis quarante ans relativisent et minimisent les faits : «Le maire a réussi un joli coup de pub pour se faire réélire. Bien sûr qu'il a des gars qui trafiquent le soir, qu'il y a des problèmes ici, mais tout le monde s'y intéresse maintenant alors qu'on a depuis longtemps laissé la situation pourrir.»
Par Marie-estelle Pech, Jérémy Collado
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