Revue de presse : Article dans Le Figaro du 08/06/2011 : Un village paye son instituteur pour sauver une classe
Le maire de Puy-Saint-Vincent, station de ski des Hautes-Alpes, va recruter et rémunérer aux frais de la municipalité un professeur pour sa classe de maternelle, dont l'inspection académique a annoncé la fermeture.
Puisque l'État ne veut pas mettre la main à la poche, ce sont les habitants qui le feront. En désespoir de cause face au refus de l'inspection académique de maintenir ouverte l'unique classe maternelle de son village, le maire de Puy-Saint-Vincent, dans les Hautes-Alpes, a décidé que le village se paierait son propre instituteur.
Créée par la municipalité et les parents d'élèves, une association subventionnée par la mairie prendra en charge le salaire du professeur. Pour ce faire, une enveloppe de 60.000 euros - dont 35.000 euros seront alloués à ce salaire et le reste au fonctionnement de l'école - a déjà été prévue dans le budget 2011. «On a retourné le problème dans tous les sens et c'est la seule solution (...), même si ça déplaît à l'inspection d'académie», explique Marcel Chaud, maire sans étiquette de Puy-Saint-Vincent.
Cette station de ski de moyenne montagne ne compte que 300 habitants permanents. À la rentrée prochaine, vingt-trois élèves doivent y être scolarisés, dont sept en classe maternelle. Pour l'académie un tel effectif, en baisse, ne justifie pas le maintien d'une classe maternelle dans le village. «Nous avons proposé un regroupement pédagogique avec les écoles des communes voisines, elles aussi en baisse d'effectif, afin d'avoir une complémentarité», souligne Pierre Barrière, inspecteur d'académie des Hautes-Alpes.
Huit cents mètres de dénivelé à parcourir chaque jour
Le problème, c'est que cette proposition ne prend pas en compte la «réalité du territoire», selon le conseil municipal. «Puy-Saint-Vincent se situe à 1800 mètres d'altitude et les Vigneaux, où l'on nous propose de scolariser les enfants, à 1000 mètres d'altitude. C'est impensable, les routes sont difficiles d'accès en particulier l'hiver avec la neige», souligne le maire, qui dénonce l'«approche comptable» de l'autorité académique.
«En fermant cette classe, c'est la survie du village que l'on remet en question (…) On ne peut pas demander à des jeunes de s'installer s'il n'y a pas d'école pour leurs enfants», regrette par ailleurs l'élu. Dans un village qui, en haute saison hivernale, propose 12.000 lits touristiques, il faut également attirer des saisonniers.
L'académie reste sourde à ces objections, et a fait savoir «qu'elle ne reviendra pas» sur la décision de fermeture. De son côté, le maire assure avoir déjà reçu une quinzaine de CV d'instituteurs.
Lefigaro.fr
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