Revue de presse : Article dans Le Figaro du 09/01/2011 : École : le cahier de doléances des profs et des parents
Cinq mille personnes ont participé, via Internet, à la consultation voulue par Luc Chatel sur la durée des vacances d'été et la semaine de quatre jours.
Les contributions sur les rythmes scolaires ont été rendues publiques sur le site Internet de la conférence nommée par Luc Chatel. Plus de 5 000 internautes ont donné leur avis. Parents d'élèves (49%), enseignants (22%), personnels de l'éducation (11%) se sont exprimés par le biais de ce qui s'apparente souvent à un cahier de doléances. Parmi les 1000 thèmes suscitant le plus d'échanges, la durée des vacances, notamment celles d'été, a attiré 2000 messages, suivent les questions de l'intégration des devoirs dans le temps scolaire (600 messages), la semaine de quatre jours (550 messages) et le sport à l'école (480 messages). Ces thèmes rejoignent les propositions des rectorats qui, lors de réunions, ont recueilli l'opinion de milliers de personnes. Voici un florilège de cet inventaire à la Prévert.
La réduction des vacances
Les vacances d'été sont trop longues et les enfants oublient leurs apprentissages, affirment les partisans d'un raccourcissement tandis que les tenants du maintien d'un statu quo font observer, dans l'académie de Montpellier, par exemple, que les étés trop chauds ne permettent pas d'aller à l'école l'été. Seuls 46% des internautes souhaitent un raccourcissement. «Je pense qu'il faut accepter de faire des sacrifices, réduire les grandes vacances de deux semaines ne ferait de mal à personne ! Ni aux élèves qui pour les plus fragiles oublient souvent tout ou presque durant les congés, ni aux enseignants !», écrit une mère d'élève qui estime, comme beaucoup d'internautes, qu'à la Toussaint, dix jours sont insuffisants pour récupérer de la rentrée et que les vacances de Noël sont trop courtes. En cas de raccourcissement, l'absentéisme augmenterait en raison des fermetures estivales des entreprises ou des congés des familles issues de l'immigration dans leurs familles d'origine, pronostiquent cependant nombre d'enseignants. Un professeur s'interroge sur un allégement de la journée scolaire, conséquence d'un raccourcissement des vacances d'été : «Que vont faire les élèves à 15h30 lorsqu'ils quitteront les locaux scolaires ? Qui s'occupera d'eux ? Avec quel financement ?»
L'intégration des leçons dans le temps scolaire
Cette question apparaît prioritaire pour les parents d'élèves. Les synthèses élaborées après des dizaines de débats dans les académies de Versailles ou d'Orléans proposent que le travail personnel de l'élève, surtout à l'école primaire, soit organisé dans le temps scolaire. Les internautes sont divisés, même si 45% souhaitent cette solution. Les nouvelles organisations de la famille (parents séparés, garde alternée), les horaires contraignants des parents sont invoqués. «Quand ils rentrent le soir, ils n'ont pas envie ou le temps de s'occuper du travail scolaire de leurs enfants.» Frédéric cite sa fille en CM1 «qui revient tous les jours avec une heure à une heure et demie de devoirs (…) Je pense que c'est trop, elle est dégoûtée par l'école». Sabine ne se souvient pas avoir eu droit en son temps à «tant de devoirs». Alice parle d'une école «où les enfants sont assommés de devoirs » qui «affectent la vie de famille». Un peu raisonnablement, mais pas trop, implore-t-elle. Les devoirs, se plaint une mère, «sont souvent adressés aux parents car on demande des choses que les élèves sont incapables de faire seuls : des exposés en CM1, des fiches de lecture, des résumés…». Reste, comme le fait remarquer une enseignante, «qu'il y aura toujours des parents pour donner du travail le soir à leurs enfants, ceux qui travaillent à la maison et ceux qui ne travaillent pas. Mieux vaut en avoir un peu et partout».
La semaine de quatre jours à l'école primaire
Cette nouvelle organisation mise en place il y a deux ans à l'école primaire suscite des opinions contrastées. Une majorité d'internautes (67%) approuvent la semaine de quatre jours même si beaucoup la critiquent. Ces derniers considèrent qu'elle ne respecte pas le rythme des enfants parce qu'elle aboutit à une compression des cours, d'autres estiment que la coupure du mercredi leur permet de se reposer. Dans l'académie de Montpellier, on fait observer que la semaine de quatre jours est plébiscitée par les cadres et les milieux aisés qui prennent en charge le travail scolaire et les loisirs des enfants. A contrario, dans les zones défavorisées, «les enfants sont moins pris en charge par les familles, veillent devant la télévision. La semaine de cinq jours est donc préférable». Selon ce directeur d'école qui dénonce un «forcing» permanent sur les enfants, «le rythme scolaire est trop chargé sur une semaine de quatre jours, et les enseignants ont tendance à se défouler sur les devoirs, en se disant que les leçons qu'on n'a pas eu le temps d'étudier seront faites à la maison». On en revient toujours là !
Par Marie-Estelle Pech
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