Revue de presse : Article dans Le Figaro du 09/03/2010 : Le plan Chatel contre l'absentéisme des profs
Le ministre de l'Education nationale entend demander aux recteurs de se mobiliser pour améliorer les remplacements. Quitte à faire appel à des étudiants ou des retraités.
La FCPE (première fédération de parents d'élèves) ne cesse de le rappeler, un élève perdrait en moyenne, sur l'ensemble de sa scolarité, un an en temps de cours non remplacé. «Avis de mobilisation générale à tous les échelons de l'Education nationale» lance le ministre, mardi. Avant de réunir les recteurs dans la matinée, Luc Chatel dévoile son plan pour mieux remplacer les professeurs absents dans Le Parisien. Il confirme en fait les pistes déjà évoquées par Le Figaro en janvier dernier. Le point sur ses propositions :
«Enclencher la recherche de solutions dès le premier jour». Luc Chatel estime que, dans le primaire comme dans le secondaire, l'absence d'un enseignant doit être réglée au plus vite. Actuellement, un délai de carence fait qu'une absence est signalée au rectorat au bout de quatorze jours ouvrables. En deçà, elle est gérée en interne par l'établissement.
«Concentrer les moyens» sur les absences de courte durée. Comme le rappelle le ministre de l'Education nationale, le taux de remplacement des absences de moins d'une semaine les plus imprévisibles-, n'est que de 19%. A l'inverse, il est respectivement de 91,3 et 92% dans le primaire et le secondaire, en ce qui concerne les absences de plus de quinze jours. Or, un tiers des absences imprévisibles (maladie, accident…) ne durent qu'une journée, et les trois quart sont inférieures à six jours.
«Instaurer un pilote chargé du remplacement». Chaque chef d'établissement devra désormais désigner un responsable en la matière. Aucun collègue ne peut remplacer, au pied levé, un professeur absent ? Dès le premier jour, le «pilote» devra faire appel au rectorat, où un «interlocuteur dédié à ce seul problème» tentera de lui apporter la meilleure réponse. Le ministre ne dit pas qui occupera ces fonctions dans les structures existantes.
«Faire bouger les frontières académiques». Les futurs responsables de rectorat devront pouvoir contacter l'académie voisine, en cas de manque de remplaçants dans leur propre académie. Le ministre de l'Education nationale ne précise pas dans quelles limites ce dispositif pourra être utilisé. Mais il cherche visiblement à assouplir les règles qui distribuent actuellement les remplaçants par académie.
«Faire appel à des retraités de l'Education nationale, des étudiants ou adultes diplômés». Peu avare en chiffres, Luc Chatel rappelle que 10% (en primaire) et 20% (en secondaire) des 50.000 remplaçants titulaires ne sont pas «pleinement utilisés». Il cherche donc à «améliorer le vivier de remplaçants» de chaque rectorat. Comparant les étudiants qualifiés aux internes de médecine, Luc Chatel estime que «c'est devant les élèves qu'on apprend le mieux à enseigner». Il n'envisage l'utilisation de ce «vivier supplémentaire de contractuels associés» que pour des remplacements courts, de un à trois jours. S'il ne précise pas ce qu'il entend par «adulte diplômé», il indique que ces nouveaux contractuels «auront déjà été vu par les inspecteurs».
Les principales Fédérations de parents d'élèves sont globalement satisfaites que le gouvernement se saisisse du problème. Les réactions de leurs présidents :
Jean-Jacques Hazan, président de la FCPE (première fédération de parents d'élèves, classée à gauche) : «Aujourd'hui, les recteurs ne peuvent pas quantifier les heures d'absence de profs car il n'y a aucun outil spécifique. On va désormais acquérir plus de transparence sur le sujet. Enfin, le gouvernement reconnaît la légitimité de nos revendications. Cela fait des années que l'on met l'accent sur la nécessité de remplacer les profs absents, et ce dès le premier jour d'absence. Il faut désormais voir ce que cela va donner sur le terrain. Je ne crois pas beaucoup à l'idée d'élargir les frontières académiques. Où va-t-on fixer les limites ? Où va-t-on placer le bureau des remplacements -qui doit effectivement absolument être créé ? Ce qui nous dérange surtout, c'est que ce ne soit pas un enseignant qui remplace un enseignant. Les professeurs retraités, pourquoi pas, mais il ne s'agit pas vraiment d'une solution pérenne pour les élèves. Pour les étudiants, c'est compliqué. Ils doivent être accompagnés pendant leur formation, on ne peut pas les abandonner comme ça devant une classe inconnue pour quelques jours… Il est temps que le gouvernement prenne ses responsabilités jusqu'au bout et qu'il crée des postes d'enseignants remplaçants. Des milliers d'entre eux ont été supprimés par l'ancien ministre de l'Education nationale, Xavier Darcos, il va falloir corriger le tir si on veut aller au bout des choses».
Philippe Vrand, président de la PEEP (deuxième fédération de parents d'élèves du public, classée à droite) : «L'absentéisme des profs dure depuis trop longtemps, les parents en ont ras-le bol ! Les deux pistes de réflexions que nous défendons depuis longtemps ont été prises en compte : la gestion des ressources humaines doit être géographiquement plus souple, et le délai de carence de quatorze jours avant de déclarer un prof absent auprès du rectorat doit être supprimé. Le ministre de l'Education nationale, Luc Chatel, se saisit du problème et nous en sommes satisfaits. Il faut maintenant que ces propositions soient appliquées. Pour ce faire, regardons en interne : pourquoi ne pas envisager un vivier de remplaçants titulaires à disposition des établissements scolaires ? Les enseignants ne pourraient-ils pas rester 2 ou 3 heures de plus par semaine (payées en heures supplémentaires) pour être disponibles au pied levé en cas d'absences d'autres profs ? Je sais qu'ils ont beaucoup de travail en amont et en aval de leurs cours, mais peut-être qu'ils peuvent participer à l'effort collectif ? Nous pensons également qu'il faut travailler sur la polyvalence des enseignants (certains d'entre eux sont tout à fait capables, par exemple, d'assurer un remplacement en géographie alors qu'ils sont profs de français). Quant à l'idée de faire appel à des retraités de l'Education nationale volontaires : je dis pourquoi pas. Je pense également que des gens en formation qui se prédestinent à être enseignants peuvent tout à fait faire l'affaire. Donnons-nous les moyens d'assurer tous les cours pour la réussite de nos enfants.»
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