Revue de presse : Article dans Le Figaro du 10/09/2012 : École à deux ans : «Un bon investissement pour l'avenir»
INTERVIEW - Agnès Florin, professeur en psychologie de l'enfant et de l'éducation à l'université de Nantes, estime que l'école à deux ans a «des effets positifs sur les performances scolaires».
LE FIGARO. - Derrière la scolarisation des moins de trois ans, quels sont les enjeux ?
Agnès FLORIN. - Lorsque l'on parle des enfants de moins de trois ans scolarisés, il faut tout d'abord savoir qu'il s'agit, dans 70% des cas, d'enfants ayant entre deux ans et demi et trois ans. Cette scolarisation s'est développée dans les années 1970, à destination des ZEP et des zones rurales.
Toutes les études sur le sujet montrent qu'elle a des effets positifs sur les performances scolaires, le nombre de redoublements et l'apprentissage du langage. Il existe également un impact sur les trajectoires de vie, les problèmes sociaux et comportementaux. Cette scolarisation ne permet pas de compenser les inégalités sociales, mais de les réduire. En ce sens, elle se justifie pour moi. C'est un bon investissement pour l'avenir, pour les enfants de Marseille et d'ailleurs.
Quelles sont les conditions d'une scolarisation réussie à cet âge ?
Il faut bien évidemment étudier cela au cas par cas. Si l'enfant est un gros dormeur ou ne maîtrise pas suffisamment le langage, elle n'est pas recommandée. Il faut aussi tenir compte de la journée de l'enfant : s'il va à la garderie le matin et le soir, c'est trop. Une journée de 10h, hors du domicile, c'est épouvantable. Les parents, qui sont aux 35 h, devraient le comprendre.
L'école aussi doit s'adapter. Il faut deux adultes par classe. Dans les crèches, la règle est d'un adulte pour huit enfants qui marchent… La pédagogie doit être structurée sur l'ensemble de la journée et pas uniquement le matin, et doit alterner activité ludique et mobilisation cognitive. Enfin, les enseignants doivent être formés à la maternelle, qui doit bien se distinguer de l'école élémentaire.
Dans les quartiers dits «difficiles», des ajustements spécifiques sont-ils nécessaires ?
Selon moi, il faut prendre en compte l'existence d'une langue familiale. Les enfants partiellement francophones auraient besoin de stabiliser d'abord la maîtrise de la langue familiale, avant d'apprendre le français, ce qui nécessiterait un intervenant spécifique. Les recherches que j'ai menées dans les DOM-TOM, où l'échec scolaire est important, m'ont menée à cette conclusion.
En France, on n'a pas le droit de parler deux langues. Un enseignant m'a rapporté que dans son école, il était écrit dans la cour «il est interdit de parler breton et de cracher»…
Certains estiment qu'une scolarisation précoce est néfaste…
Certains parlent en effet de manque affectif, voire d'une agressivité qui serait développée au contact de la collectivité. Nous avons mené à l'université de Nantes une étude sur 200 enfants montrant que les enfants qui ont une relation sécurisée avec leurs parents ont un attachement tout aussi sécurisé au lieu d'accueil. Parmi ceux qui ont une relation insécurisée avec leur famille, la moitié développe une relation sécurisée avec le lieu d'accueil, ce qui est positif.
Quelle est la différence entre la crèche et l'école ?
Il y a de grosses différences à l'intérieur des écoles et des crèches, certaines crèches fonctionnant comme de petites écoles. Mais les principales différences sont le temps d'attente des enfants, qui est plus long à l'école, et les jeux libres, qui occupent plus de place à la crèche.
Par Caroline Beyer
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