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Revue de presse : Article dans Le Figaro du 13/12/2011 : Un Français sur vingt a tenté de se suicider

Les femmes sont plus concernées que les hommes. Les individus les plus susceptibles d'avoir des pensées suicidaires sont souvent isolés, pauvres, au chômage ou ayant subi des violences.

 

En France, où presque un décès sur 50 est un suicide, 5,5% des 15-85 ans déclarent avoir déjà fait une tentative au cours de leur vie, selon une enquête du Baromètre santé 2010.

 

Cette tendance est globalement stable depuis 2000, selon une étude de l'Inpes publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) mardi, mais on note toute de même une légère augmentation des tentatives admises sur l'année écoulée (0,5% en 2010 contre 0,3% en 2005). Les femmes sont plus nombreuses à avoir tenté de mettre fin à leur jour (7,6%), contre 3,2% des hommes. En revanche, ces derniers sont surreprésentés dans les décès enregistrés, notamment en raison des méthodes plus violentes qu'ils emploient (pendaison, armes à feu…).

 

Les périodes de la vie où l'individu est le plus susceptible de passer à l'acte sont l'adolescence pour les femmes (15-19 ans) et l'entrée dans l'âge adulte pour les hommes (20-25 ans). En 2009, 10.464 décès par suicide ont été enregistrés par le Centre d'épidémiologie sur les causes médicales de décès de l'Inserm, un chiffre en diminution régulière ces dernières années, mais qui reste très élevé par rapport aux voisins de la France. En outre, une autre étude conclut à une sous-estimation de 9,4% du nombre officiel de décès.

Des idées suicidaires en baisse

Si la fréquence des passages à l'acte au cours de l'année écoulée a légèrement augmenté, celle des idées suicidaires qui les précèdent a plutôt reculé. Sur les 27.000 individus de 15 à 85 ans interrogés par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, ils étaient 3,9% à admettre avoir pensé à mettre fin à leur jour pendant l'année 2010, contre 5,9% en 2005. Les facteurs d'exposition récurrents, dont les études ne font pas mention car les individus les admettent difficilement, sont la dépression, les troubles mentaux et l'alcoolisme. Le fait d'avoir subi des violences (sexuelles ou non), l'isolement, le chômage, ressortent également des études parues dans le BEH. Même si les spécialistes commencent à s'intéresser à l'impact de la course à la performance dans le milieu professionnel, le travail est plutôt un facteur protecteur.

 

Les spécialistes rappellent néanmoins qu'avant de passer à l'acte, l'individu passe par plusieurs stades - l'idée, l'intention, la programmation, et l'action - et qu'à chaque étape, la dynamique peut être enrayée si le risque est détecté. Le processus allant de la pensée suicidaire au passage à l'acte peut prendre plusieurs semaines, estime le Pr Jean-Louis Terra, professeur de psychiatrie à l'université Lyon 1. «Plus une personne est construite, équilibrée, plus elle va lutter contre ça. Plus elle est impulsive, instable, plus ça ira vite. Heureusement, la plupart des gens sortent spontanément du processus, en se rattachant à ce que j'appelle des 'idées velcros', comme 'Je ne peux pas faire ça à mes enfants'» explique-t-il.

 

Ce spécialiste de la prévention du suicide milite pour une meilleure formation des professionnels de la psychiatrie mais aussi une politique de rachat des armes à feu. «On recense 10 à 20 millions d'armes à feu en France. Or avoir un fusil chez soi réduit le délai de réflexion si l'on envisage de mettre fin à ses jours. Nous devrions prendre exemple sur l'Australie, où une campagne de rachat des armes à feu peu utilisées des particuliers a très bien fonctionné».

 

Par Pauline Fréour



13/12/2011
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