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Revue de presse : Article dans Le Figaro du 19/10/2010 : Les enfants inégaux devant le vocabulaire

Des ouvrages livrent aux parents les clés de l'entrée pour leur enfant dans le langage oral et la lecture dès la maternelle. 

Vers 6 ans, au moment de l'entrée en cours préparatoire, les enfants, nous disent les spécialistes, sont censés maîtriser environ 1000 mots. Derrière cette moyenne se loge toute l'injustice qui condamne certains enfants à la difficulté. Car les moins bien lotis n'en maîtrisent en fait que 500, et ceux dont le vocabulaire est le plus riche en accumulent 2500. Un trésor, dans la tête d'un enfant, qui révèle sa compréhension du monde par la capacité à le nommer.

 

La carence de vocabulaire des collégiens et lycéens - et même des étudiants - est un phénomène constaté par la très grande majorité des professeurs. Mais c'est dès la maternelle que se joue l'accès à la langue, dans la mesure où un retard précoce n'est que rarement comblé. C'est un des constats que dresse le linguiste Alain Bentolila, dans son dernier ouvrage, Parle à ceux que tu n'aimes pas (Odile Jacob), sous-titré Le défi de Babel, pour souligner combien le code commun que constituent la grammaire et le vocabulaire est l'unique moyen d'engager un dialogue avec l'autre, celui qui n'a pas les mêmes références ni les mêmes préoccupations que nous.

 

Le linguiste, qui fut à l'origine de deux rapports sur l'enseignement du vocabulaire et de la grammaire, souligne dans son livre, constitué d'autant de propositions et de conseils aux parents que d'analyses et d'états des lieux, combien il est important de développer chez l'enfant, par de petits jeux sur les mots, la curiosité et le plaisir. Mais au préalable, il s'agit de lui faire accepter le caractère purement arbitraire des règles qui régissent la langue, et qui font que tel amas de sons signifie «chien», et tel autre «chat».

Des lectures variées 

Dans un petit livre intitulé Donner l'envie d'apprendre (Ixelles Éditions), Alain Sotto, psychopédagogue, et Varinia Oberto, écrivain, dispensent leurs conseils aux parents soucieux d'aider leurs enfants. Eux aussi insistent sur la dimension fondamentale du vocabulaire et prolongent, pour les plus grands, les indications d'Alain Bentolila concernant les tout-petits. «Pour enrichir le vocabulaire de l'enfant, on l'incite à lire les écrits les plus variés, on ne le renvoie pas systématiquement au dictionnaire, ce qui le découragerait, on lui explique le mot ; on aborde devant lui des sujets diversifiés.»

 

Les lectures variées peuvent ainsi commencer avec l'aide des parents, avant que les enfants ne puissent les poursuivre seuls. Encore faut-il trouver des textes adaptés à chaque âge. Car, rappelle Alain Bentolila, un texte trop complexe, comprenant trop de mots inconnus, laissera l'enfant démuni, incapable de combler le sens en s'appuyant sur le contexte. La Fondation pour l'école, qui développe des écoles privées hors contrat, vient donc de publier un petit opuscule : Une bibliothèque idéale : que lire de 5 à 11 ans (Terra mare). En dehors des quelques ouvrages d'initiation religieuse propres aux orientations de la fondation, un excellent rappel de tous les textes pour enfants écrits parfois par les plus grands écrivains, et dans la plus belle langue.

 

Par Natacha Polony



20/10/2010
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