Revue de presse : Article dans Le Figaro du 22/05/2012 : Semaine de cinq jours : des intérêts divergents
Tout le monde affirme haut et fort penser au bien-être de l'enfant. Pourtant, les débats suscités par la semaine de quatre jours et demi montrent bien que chacun voit midi à sa porte.
Entre grasse matinée sacrifiée et raisons économiques, les arguments sont aussi divers que les interlocuteurs concernés.
Pour l'industrie du tourisme, qui représente 7 % du PIB français, il n'est pas envisageable de faire une croix sur le samedi. Selon le cabinet Protourisme, cela correspondrait à une perte de 3 milliards d'euros par an. «Il faut trouver un équilibre de bon sens entre la santé des élèves et la performance économique, explique Roland Héguy, président de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih). Nous ne nous opposons pas à une réduction des vacances d'été mais nous suggérons un étalement des zones, du 15 juin au 15 septembre», ajoute-t-il. Nommée en 2010 par le Medef porte-parole de la profession dans le cadre de la consultation sur les rythmes scolaires, l'Umih «se tient à la disposition de Vincent Peillon pour travailler sur le dossier».
Les parents séparés tiennent aussi au samedi sans école. «Lorsqu'on est passé à la semaine de quatre jours, j'ai vu des pères qui ont enfin pu souffler parce qu'ils avaient deux nuits devant eux», explique Stéphane Ditchev, secrétaire général du Mouvement de la condition paternelle. Le fait de réduire le temps déjà étroit du week-end est problématique. «Cela dit, les pères pourraient emmener leurs enfants à l'école», fait remarquer Stéphane Ditchev.
Le monde des associations serait lui aussi directement concerné. «Les mercredi et samedi sont nos plus grosses journées, confie Éric Marion, directeur du C3B, association parisienne proposant près de 80 activités culturelles ou sportives. Supprimer une de ces demi-journées correspondrait à une perte que nous ne pourrions récupérer en semaine.» En France, plus de 430 000 associations participent aux activités extra et périscolaires des enfants, ce qui représente 680 000 emplois et 6 millions de bénévoles.
L'Église a aussi son mot à dire puisque le catéchisme est traditionnellement organisé le mercredi matin. «Il serait regrettable de supprimer ce moment. Le mercredi matin est un temps favorable à la transmission du message chrétien», constate France-Marie Anxo, catéchiste à la paroisse Saint-Christophe de Javel, évoquant la difficulté de trouver une autre plage horaire. «Nous pourrions organiser cela le soir et le samedi matin, comme pour les lycéens, mais, indéniablement, il y aurait une désaffection.» Actuellement, 30 % des enfants scolarisés en France vont au catéchisme.
L'Association des maires de France (AMF) demande quant à elle une concertation minimale. «Il faut impliquer les collectivités locales», martèle Jacques Pélissard (UMP), son président. À ce jour, les centres de loisirs, qui dépendent des mairies, gèrent les mercredis. Supprimer une demi-journée aurait donc des conséquences pour eux. Parallèlement, si les journées d'école étaient raccourcies, les collectivités supporteraient plus de coûts liés à l'aide aux devoirs et aux garderies. «Tout cela doit être discuté en amont», conclut Jacques Pélissard.
Par Caroline Beyer
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