Revue de presse : Article dans Le Figaro du 28/04/2010 : Polémique autour du fichier sur les élèves «décrocheurs»
Le ministère de l'Education nationale met en place à partir de début mai un logiciel pour répertorier de façon précoce «les élèves susceptibles de décrocher» dans tous les collèges et lycées. Plusieurs syndicats s'inquiètent des dangers du «fichage» de ces jeunes.
Nouvelle polémique dans le monde de l'Education. A partir de début mai, un logiciel pour recenser les élèves dits «décrocheurs» va être mis en place par l'Education nationale dans les collèges et lycées de l'hexagone. L'ensemble des établissements scolaires devrait en être équipés en 2011. Un système qui suscite des angoisses sur les dangers du «fichage» des élèves.
Ce programme, qui s'inscrit dans le cadre du fichier «suivi de l'orientation» (SDO), vise à répertorier de façon précoce «les élèves susceptibles de décrocher» dans le but de «les aider» et de leur «permettre de suivre une scolarité réussie», affirme le ministère. Quelque 150.000 élèves sortent en effet chaque année du système scolaire sans diplôme.
Parmi les informations collectées, figureront «l'identité et les coordonnées de l'élève et de son responsable légal, des informations sur la scolarité suivie et un compte rendu synthétique des entretiens menés avec la personne responsable du suivi de l'élève», soit celles «strictement nécessaires pour effectuer un suivi des élèves décrocheurs», explique le ministère de l'Education nationale, qui assure que l'accès en sera «très encadré». «Seules les personnes autorisées ont accès aux données: les chefs d'établissement et leur adjoint, les CPE (conseillers principaux d'éducation, ndlr), le conseiller d'orientation psychologue et les enseignants, pour les élèves sous leur responsabilité, et les directeurs des Centres d'information et d'orientation (CIO) pour les élèves situés dans les établissements de leur bassin, après autorisation du chef d'établissement». «L'information ne quitte pas le cadre de l'Education nationale», les directeurs des CIO étant des personnels de l'Education nationale, ajoute le ministère.
Des données conservées deux ans
Ce logiciel a été validé le 24 mars dernier par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil). Cette dernière a d'ailleurs recommandé d'informer les personnes concernées lors de l'inscription dans l'établissement. «Cette recommandation sera naturellement suivie», précise l'Education nationale. Les données seront en outre conservées deux ans, pour le suivi des élèves, mais pas plus, afin de permettre «un droit à l'oubli».
Baptisé par certains opposants «fichier des décrocheurs», ce logiciel a déjà provoqué quelques levées de boucliers dans le monde de l'éducation. Au premier rang des inquiétudes: la confidentialité des données. «Ce type de fichier fait craindre une interconnexion avec d'autres fichiers, notamment celui des délinquants. Il faut absolument s'en prémunir car l'amalgame entre décrocheur et délinquant ne doit pas être fait», déplore Christian Chevalier, le secrétaire général du syndicat d'enseignants SE-UNSA interrogé par Lefigaro.fr. «Des interrogations demeurent, notamment sur les remarques dites 'libres' qui pourront être écrites dans le dossier. On peut craindre qu'elles ne dépassent le cadre strictement éducatif pour déborder vers des éléments sociaux ou de nationalité», s'inquiète de son côté Daniel Robin, le co-secrétaire général du Syndicat national des enseignements de second degré (Snes).
«Un outil très administratif»
Mais au-delà des questions sécuritaires, c'est bien l'utilité même du dispositif que remettent en cause certains syndicats. «Le fichier en lui-même ne règle pas le problème de fond de ces élèves qui décrochent. On crée de nouveau un outil très administratif, mais une fois qu'on a la liste complète, comment réintroduit-on ces élèves dans le système?», s'interroge Christian Chevalier. «Nous proposerons des solutions appropriées en lien avec les établissements et les CIO comme une nouvelle formation ou un emploi, explique au Figaro.fr un membre du cabinet du ministre de l'Education nationale, Luc Chatel. Le suivi précoce fait partie des outils qui vont permettre de suivre ces jeunes. Plus l'élève sera encadré, plus on pourra prévenir son décrochage».
Du côté du Snetaa, on juge d'un bon œil l'arrivée de cet outil. «Nous ne souhaitons pas qu'il y ait une stigmatisation du terme 'fichier', mais il faut bien repérer ces élèves «décrocheurs», explique Christian Lage, le secrétaire général du syndicat enseignants. Ce qui m'intéresse ce sont les procédures mises en places ensuite pour aider ces jeunes.» Le Snetaa a ainsi obtenu trois garanties de la part de l'Education nationale: aucun fichier national des «décrocheurs» ne sera créé, les solutions devront être apportées au cas par cas et le ministère devra travailler main dans la main avec les régions.
par Marion Brunet
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