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Dans le Chablais, les piscines couvertes sont peu nombreuses. Sur certains secteurs, le défaut d'équipement n'est pas sans poser certains problèmes. Mais des projets existent...

Une fois les piscines estivales fermées, difficile de trouver un endroit où aller nager dans la région. Côté équipements publics, il n'y a guère que la Cité de l'eau, à Publier, qui permet de faire quelques longueurs. Mais la piscine du centre sportif arrive parfois à saturation, du côté des créneaux réservés pour les cours, notamment.

A l'école primaire la natation est obligatoire ; les programmes scolaires imposent même de savoir nager en classe de sixième. Un objectif bien difficile à tenir : "Certaines écoles vont à la Cité de l'eau, d'autres à Genève ou encore au City Green à Veigy, expose Laurence Vernay, adjointe chargée des affaires scolaires à Loisin. Le City Green c'est bien, mais c'est une piscine privée, et il faut payer les entrées et les maîtres nageurs relativement cher".

"On a même emmené des élèves apprendre à nager à Habère-Poche, s'indigne le maire d'Yvoire, Jean-Claude Fert. Ils habitent au bord du lac et vont nager en vallée Verte, il faut prendre la mesure de l'aberration !" D'autres classes seraient amenées à aller jusqu'à Annemasse pour les cours de natation : problème, la piscine va fermer fin novembre, pour deux ans de travaux.

Un projet pour le Bas-Chablais

M. Fert regrette le manque d'équipement dans le Bas-Chablais : "La population augmente de façon exponentielle, il y a des projets ici et là, et nous, on va rester là au milieu, avec rien. Or la natation est un sport très complet, qui peut être pratiqué de la naissance à la mort. Les Romains disaient d'ailleurs qu'un imbécile est quelqu'un qui ne sait ni lire ni nager !"

Le maire a donc pris la tête d'une commission chargée d'étudier la question au sein de la Communauté de communes du Bas-Chablais : "La construction d'un bassin couvert sur Douvaine est envisagée, c'est central pour toutes les communes. Un terrain est même réservé, là où devait être installé le collège qui s'est finalement implanté à Margencel".

Grâce à diverses visites sur des chantiers en France et en Suisse, Jean-Claude Fert a une idée assez précise de ce que devrait être une piscine : "Il faut au minimum un bassin de 25 mètres avec huit lignes d'eau, pour accueillir des épreuves. Il faut prévoir une ouverture sur des pelouses pour que ce soit viable aussi l'été".

En cas de projet à Douvaine, pas avant cinq ans, la Ville de Thonon serait prête à participer dans le cadre de la future communauté d'agglomération. Mais cette fois, Gilles Cairoli veut avoir son avis à donner : "On peut apporter notre vécu. De toute façon, il ne faut jamais occulter la partie éducative et sportive".

Outre les projets en cours, à Evian ou Morzine, la commune de Châtel réfléchit, elle aussi, à avoir son bassin couvert.

Thonon n'aura sûrement jamais de bassin couvert

Thonon-les-Bains n'aura très certainement jamais de piscine couverte. L'adjoint aux sports de la capitale du Chablais le confirme, "en tout cas pas avant de nombreuses années".

Avec ses bientôt 35 000 habitants, Thonon n'offre en effet de possibilité pour se baigner que cinq mois par an, entre avril et septembre, à la plage municipale. Cette situation, la municipalité en a bien conscience, mais ne pourrait pas faire grand-chose pour y remédier.

Pour comprendre l'état des lieux actuel, Gilles Cairoli invite à regarder dans le rétroviseur : "En 1973, quand a été construite la Maison des sports de la Grangette, il y avait le projet d'une piscine dans la continuité ; d'ailleurs, si vous regardez bien, le bâtiment n'est pas terminé. La chaufferie, les vestiaires, tout avait été dimensionné pour intégrer la piscine ; ça ne s'est pas fait à l'époque".

C'est le développement de la plage municipale qui a été préféré dans les mêmes années, avec la création du bassin de 50 mètres.

Des projets trop complexes

Pourquoi, une quarantaine d'années après, ne pas finir le projet de la Grangette ? "On s'aperçoit bien que ce genre de structure doit être au même endroit toute l'année, justifie M. Cairoli. On ne peut pas avoir deux piscines. Et puis l'été, s'il fait mauvais, les gens ne remonteraient pas en haut ; le mieux serait d'avoir la possibilité d'un bassin couvert à la plage".

Couvrir le bassin de 50 mètres ? Cette solution a été sérieusement envisagée, confirme l'adjoint, mais les études ont pointé une difficulté majeure : le chauffage. "Ce bassin a été construit au-dessus du lac. Le toit devrait donc reposer sur une structure légère ; cela est encore techniquement possible. Mais le problème vient de la température de l'eau : avec le lac en dessous, l'été nous sommes déjà obligés de chauffer l'eau pour qu'elle ne soit pas trop froide ; l'hiver ce serait carrément impensable. Et il est impossible d'isoler correctement".

A moins d'une refonte complète de la plage municipele, le projet n'est donc pas loin d'être abandonné. Sur Thonon, du moins.

Des piscines qui vont se couvrir à Evian et Morzine

La piscine de Morzine est en travaux depuis plus d'un an maintenant. L'objectif est de créer des bassins couverts pouvant profiter aux Morzinois mais aussi à la vallée d'Aulps et à tout le Chablais... toute l'année.

Au final, la nouvelle installation comptera un hall de 1 280 m² avec deux bassins : un premier de 25x15 mètres et un second, réservé à l'apprentissage, de 125 m². En outre, une pataugeoire de 50 m² sera créée, ainsi qu'un espace balnéo de 160 m², avec saunas, hammams et sanitaires. Le chantier a également été l'occasion de rénover les vestiaires et de créer un restaurant.

La nouvelle piscine couverte morzinoise ouvrira ses portes pour Noël prochain, un beau cadeau qui coûte 5,8 millions d'euras à la commune. Pour boucler le tout, la mairie a bénéficié de diverses subventions pour une enveloppe global de 1,3 million d'euros.

En outre, sur les hauteurs de la commune, à Avoriaz, la société Pierre et Vacances construit actuellement un espace aquatique ludique. Baptisé Aquariaz, il s'inspire du modèle des Center Parcs. Sur plus de 2 000 m², avec une eau à 29°C, les baigneurs pourront profiter d'une grande rivière artificielle, d'un mur d'escalade ou encore de bassins à bulle. Le nouvel espace, déjà bien sorti de terre, devrait ouvrir ses portes pour le mois de juillet 2012.

A Evian-les-Bains, les élus ont approuvé, en 2009, le projet de réaliser un bassin couvert de 25 mètres. Cette ambition s'inscrit dans un chantier plus global de rénovation du centre aquatique, incluant le restaurant notamment, et qui est déjà bien avancé.

Concernant la piscine couverte, en revanche, le maire reconnaît que "cela fait partie du projet initial", mais Marc Francina assure que pour l'instant rien n'est ni prévu ni budgété. "Il y a un besoin, c'est sûr, pour les habitants, pour le tourisme", concède cependant l'édile.

Cité de l'Eau : les cours arrivent à saturation

"LA" piscine couverte du Chablais, inaugurée il y a un peu plus de dix ans  à Publier, compte chaque année près de 200 000 entrées individuelles chaque année. La Cité de l'eau accueille également des scolaires, dans le cadre de la natation obligatoire à l'école ; l'année dernière, 114 classes ont été accueillies.

Le centre nautique propose, en outre, des cours de natation : sur la saison 2010/2011, 3 520 heures d'enseignement ont été dispensées à 4 256 personnes d'une cinquantaine de communes différentes.

Ces cours, notamment chez les plus jeunes, sont victimes de leur succès. Pour les inscriptions, la règle est celle du premier arrivé premier servi : "Pour inscrire mes enfants à la piscine, il faut se rendre sur place pour faire la queue le samedi matin parfois avant 7 heures, se plaint une maman. En plus, il y a des jours différents selon les niveaux, il me faut renouveler cela plusieurs semaines de suite. Le risque de ne plus avoir de place, même après deux heures de queue, n'est pas nul, en plus !"

Le problème, c'est que la Cité de l'eau ne peut proposer plus de créneaux que ce dont elle dispose. L'unique piscine couverte des bords du lac doit également composer avec d'autres groupes, comme le club des nageurs de Thonon. Ceux-ci regrettent de ne pas avoir plus de possiblités, et invitent leurs adhérents à les retrouver au printemps, à la plage de Thonon, s'ils ne peuvent se libérer pour les seuls créneaux opposés.

Faut-il un bassin supplémentaire ? Marc Francina, maire d'Evian-les-Bains, regrette en effet que le projet intercommunal n'ait pas abouti à l'époque de la construction : "On aurait pu faire une piscine moins ludique, avec un bassin de 50 mètres. Mais quand on laisse passer le train, il ne revient pas." Le projet n'est pas totalement abandonné par la mairie de Publier, qui espère, dans ce cas, tabler sur l'intercommunalité d'un futur bassin...

Dossier réalisé par Emmanuel Rouxel