Revue de presse : Article dans Le Monde du 09/02/2011 : Education : à quoi servent les devoirs à la maison ?
Les parents les réclament, les élèves les exécutent avec plus ou moins de zèle, l'unanimité des enseignants les juge "indispensables". A première vue, les devoirs à la maison remportent l'adhésion générale. Une étude de la direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (DEPP) s'est intéressée à l'importance de cette pratique pédagogique dans le processus d'apprentissage des collégiens.
Que ceux qui y voyaient encore une corvée inutile censée légitimer la parole magistrale, soient rassurés : "On est bien dans une logique pédagogique qui exclut l'usage détourné de leçons et devoirs pour asseoir l'autorité du professeur, renforcer sa crédibilité, affirmer l'importance de la discipline". L'étude rappelle d'ailleurs le glissement sémantique du terme "devoir" à celui, moralement plus neutre, de "travail à faire". Articulé à l'enseignement dispensé en classe, il permet de consolider les acquis de la journée et de responsabiliser les collégiens.
DES ÉCARTS QUI RISQUENT DE SE CREUSER
Les effets de ce réputé facteur de réussite scolaire demeurent toutefois difficiles à apprécier. Les élèves notent une amélioration sensible de leurs résultats, un regain de confiance en soi, même de plaisir à se rendre en cours, mais aucun d'entre eux n'est capable d'estimer la durée hebdomadaire de travail effectué en dehors de la classe. Pour un tiers des enseignants, elle varie de 1 à 5 heures, de 5 à 10 pour 36% d'entre eux.
Le succès des devoirs à la maison repose sur l'adéquation entre l'apprentissage scolaire et extrascolaire. Pour être efficace, le travail réalisé hors classe doit ainsi s'inscrire dans le prolongement des activités menées en cours, et rester encadré par l'enseignant. Or cet accompagnement n'est pas individualisé. La quantité de travail reste la même pour tous, quel que soit le niveau de l'élève : "on est loin, avec le travail donné à faire en dehors de la classe, des dispositifs d'accompagnement personnalisé qui tentent de cibler précisément les difficultés d'apprentissage des élèves et d'y remédier par des travaux ajustés à leurs besoins", précise l'étude.
Couplée à la multiplication des dispositifs d'aide aux devoirs, l'uniformité des activités demandées accroît les craintes de voir se creuser les écarts entre les élèves aidés et ceux qui ne le sont pas. De bonnes conditions de travail constituent de meilleurs gages de réussite que la réalisation du devoir lui-même. Encore faut-il stimuler l'inspiration des collégiens, dont l'appétence pour le travail ne cesse de diminuer.
Anne-Laure Jean
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