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Revue de presse : Article dans Le Monde du 10/02/2011 : "Quand un enseignant est absent, il est du devoir du ministère de le remplacer"

Les enseignants sont appelés à faire grève jeudi dans toute la France pour protester notamment contre les 16 000 nouvelles suppressions de postes de professeurs prévues à la rentrée 2011, en dépit de la hausse du nombre d'élèves.

En Seine-Saint-Denis, des parents d'élèves protestent depuis plusieurs semaines contre le manque de remplaçants. Ils ont occupé, lundi 7 février, des dizaines d'écoles de ce département touché par un taux élevé d'absentéisme chez les instituteurs du primaire, sans disposer d'une "réserve" d'enseignants remplaçants adaptée. Michel Hervieu, vice-président de la principale fédération de parents d'élèves (FCPE), revient sur la situation.

 

Quels ont été, jusqu'à présent, les effets de votre mobilisation ?

La situation a très peu évolué, même si nous avons tapé du poing sur la table lundi. Il y a eu un conseil départemental de l'éducation nationale, mais celle-ci a botté en touche sur nos questions.

En fait, la seule réponse qui nous ait été apportée remonte à quelques jours, et concerne la seule ville d'Epinay-sur-Seine. L'éducation nationale a décidé d'y mettre à disposition trois remplaçants supplémentaires, passant ainsi de 27 à 30. Il ne s'agit évidemment pas de créations de poste : ils ont été déplacés depuis une autre circonscription. Ce qui est déplorable, c'est de devoir déshabiller un secteur pour habiller celui qui remue le plus. C'est ce mode de résolution qui est privilégié en permanence.

C'est d'autant plus dommage qu'Epinay n'est pas la seule ville touchée par ce problème : cela concerne tout le département. Depuis septembre, nous avons comptabilisé plus de 700 jours d'absence.

 

L'inspecteur d'académie expliquait que le taux de remplaçants dans le "93" était similaire à celui des autres départements, tout en reconnaissant que les enseignants y sont plus absents qu'ailleurs. Quelles sont les raisons de ce phénomène ?

Il y a un mal-vivre qui touche toute la Seine-Saint-Denis, enseignants compris. Notre département est stigmatisé. Il a besoin de davantage de moyens. Beaucoup de familles d'ici sont prises en charge par les services sociaux, par exemple. Ce mal-vivre fragilise peut-être les enseignants.

Mais le mot d'ordre de la FCPE est simple : quand un enseignant est absent, il doit être remplacé ! Il en va de la responsabilité de l'éducation nationale.

 

Les parents d'élèves avaient annoncé vouloir déposer un recours à la Halde pour discrimination territoriale. Où en est-on ?

Nous sommes en train de constituer le dossier. Nous avons par ailleurs mis en place en Seine-Saint-Denis un système de recours administratif pour les parents d'élèves. Nous les incitons à nous signaler chaque absence non remplacée, afin de mettre M. Chatel devant un tribunal administratif. Il devra y répondre concernant la continuité du service public. L'an dernier, nous en avons déposé plus de deux cents. La procédure prend du temps, mais nous savons les difficultés que connaît notre justice. Pour frapper un grand coup, nous allons regrouper tous ces recours pour les déposer d'un coup après les vacances scolaires.

Nous nous associons également à la manifestation prévue jeudi 10 février à 14 h 30 au départ du jardin du Luxembourg, à Paris. Nous voulons protester contre ce non-sens : d'un côté l'exécutif souhaite supprimer les allocations familiales pour les parents d'enfants absentéistes, de l'autre les enseignants absents ne sont pas remplacés et 16 000 postes sont sur le point d'être supprimés dans l'éducation nationale.

 

propos recueillis par Vincent Matalon

 



13/02/2011
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