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Revue de presse : Article dans Le Monde du 26/04/2011 : Moins de classes, plus d'élèves, les parents se mobilisent

Séquestration symbolique d'un directeur d'école à Aiguillon (Lot-et-Garonne), "nuit des écoles" à Montpellier et ses environs, occupation d'école à Thionville (Moselle), opération "école morte" à Caen. Pas un jour sans qu'une initiative ne vienne dénoncer la suppression des postes d'enseignants en maternelle et en primaire. "Des actions sont déjà recensées dans 60 départements", affirme Sébastien Sihr, secrétaire général du SNUipp.

On connaissait, depuis décembre 2010, l'ampleur du sacrifice imposé à l'école à la rentrée 2011-2012. Les parents savaient que 8 967 postes seraient supprimés dans le premier degré (maternelle et élémentaire) alors que 4 900 nouveaux élèves sont attendus. On connaissait aussi la répartition académique des coupes, particulièrement sévères pour Lille et Nancy-Metz.

 

Mais on ignorait encore les dotations pour chaque école, dossier reporté après les élections cantonales. Les isoloirs rangés, l'annonce des "cartes scolaires départementales" a fait l'effet d'une bombe. Quelque 3 367 des 8 967 postes supprimés correspondent à des maîtres en charge d'une classe. Pour la première fois, le rapport entre ouvertures et fermetures est négatif : - 1 500 classes prévues en septembre 2011 (contre + 373 en septembre 2010).

 

"L'évolution sera pour la première fois perceptible par les parents", explique l'historien de l'éducation Claude Lelièvre. Jusqu'à présent on avait rogné sur les postes de remplaçants, ceux dégagés pour la formation, les conseillers pédagogiques, les profs en charge des élèves en difficulté, les animateurs en langues ou arts plastiques", précise-t-il. D'autres variables d'ajustement sont utilisées par les inspecteurs d'académie et les recteurs : le relèvement du nombre d'élèves par classe et la non-scolarisation des enfants de moins de 3 ans. "L'école est à l'os", analyse l'historien.

 

Pourtant, le cap sera maintenu, selon le secrétaire d'Etat à la fonction publique, Georges Tron, invité le 27 avril du Grand Jury-RTL-Le Figaro-LCI. Une position affirmée par Nicolas Sarkozy lors de son déplacement le 19 avril dans les Ardennes, même si ce dernier avait reconnu un peu plus tôt devant les députés UMP du collectif droite rurale avoir "conscience des limites" de sa politique de réduction des dépenses publiques. Le ministre de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative, Luc Chatel, a, de son côté, tenté de relativiser les coupes en déclarant sur RMC, mardi 26 avril, qu'il y aura, en septembre, "plus de professeurs et moins d'élèves" qu'il y a quinze ans. Il ajouté "245 000 classes de premier degré à la rentrée, c'est sensiblement le même chiffre qu'il y a quatre ou cinq ans".

 

Enseignants et parents d'élèves estiment pourtant que l'école primaire, à laquelle la France consacre déjà 15 % de moins que la moyenne des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), ne pourra se permettre les 16 000 suppressions de postes prévues en 2012. Ce constat est partagé par la Fédération des parents d'élèves de l'enseignement public (PEEP), classée à droite. Même l'enseignement privé, qui ne perd "que" 1 533 enseignants, se fait entendre. "Cent postes nous manquent pour une rentrée non pas confortable mais convenable", répète Eric de Labarre, secrétaire général.

 

Si la mobilisation reste locale, à l'échelle de l'école concernée, elle n'a plus rien de dispersée, soutient Christian Chevalier, secrétaire général du SE-UNSA : "Une, deux, voire trois occupations d'écoles par département, comme on l'observe à Toulouse, c'est inédit." Même constat de la part de Thierr Cardart, secrétaire général du SGEN-CFDT. Le SNUipp a déjà recensé une cinquantaine de disparitions de "petites écoles" - d'une à deux classes - à la rentrée. "Les regroupements pédagogiques communaux existent depuis vingt-cinq ans. Là, on voudrait regrouper des regroupements !", s'insurge Vanik Berberian, maire (MoDem) de Gargilesse-Dampierre (Indre), et président de l'Association des maires ruraux de France. "Cela a un impact sur l'attractivité des villages ; c'est aussi un transfert de charges pour les départements contraints de revoir le transport, coûteux, des élèves."


Certains prévoient une année explosive. Le sociologue François Dubet n'exclut pas un blocage d'envergure, mais plutôt en mars, à l'annonce de la prochaine "carte scolaire départementale"... et à un mois de l'élection présidentielle.

 

Aux 8 967 postes supprimés dans le premier degré, viennent s'ajouter les 7 033 coupes dans les collèges et lycées, mais qui, elles, se voient moins ou frappent moins les esprits. Reste qu'au total ce sont 16 000 postes qui disparaissent encore, portant à 66 000 les suppressions depuis 2007.

 

Mattea Battaglia



27/04/2011
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