Revue de presse : Article sur www.cafepedagogique.net du 31/01/2011 : Les calculs du plan sciences
Luc Chatel annonce un "plan sciences". Est-il utile ? A-t-il les moyens de le mettre en place ?
C'était lors d'une récente conférence de presse.
Une jeune enseignante stagiaire nous expliquait qu'elle avait du interrompre son cours de C.P. pour filer dans la classe d'une collègue expérimentée, observer comment elle faisait, avant de revenir dans sa classe l'imiter. "Avec un bac plus 5", expliquait-elle, "je croyais être capable de m'autoformer. En fait je me rends compte qu'on peut avoir un doctorat et ne pas savoir enseigner l'addition".
Au moins cette stagiaire avait-elle saisi la difficulté de l'exercice.
Une étude publiée ces jours derniers dans la revue officielle Education et formations (n°79) montre en effet une baisse sensible du niveau en maths à la fin du CM2 depuis 1987. Or d'autres travaux, comme ceux de B Suchaut, ont mis en évidence l'importance des compétences en calcul et du calcul mental. "Les compétences dans l’acquisition de la langue écrite, dans la structuration du temps et dans la construction du nombre à la fin de l’école maternelle déterminent les capacités attentionnelles des élèves à l’entrée au cycle III", nous disait-il en 2008. "Par ailleurs, ces capacités attentionnelles sont liées aux compétences en calcul mental qui elles-mêmes vont déterminer les futures acquisitions des élèves en numération et calcul à l’entrée au collège et, de façon indirecte, les compétences en compréhension. Ce dernier domaine étant central pour expliquer la réussite ou l’échec des élèves à l’entrée au collège". Voilà qui fonde la réaction ministérielle et la volonté d'un plan sciences.
Mais depuis 1999, "on observe un tassement des résultats" en maths à la fin du primaire. La fameuse baisse serait stoppée. Ce serait du aux programmes de 2002, hélas remplacés en 2008 par de nouveaux programmes fortement critiqués, dans nos colonnes, par les spécialistes des apprentissages mathématiques, comme R Charnay ou R Brissiaud. Car, ce que montre aussi cette étude du ministère, c'est que "l’accent sur le calcul mental apparaît à nouveau dans tous les programmes de mathématiques, de l’école primaire au lycée. Loin de l’aspect purement mécanique qu’il pouvait avoir jadis (on connaissait l’air sans forcément connaître les paroles), son enseignement est aujourd’hui vivement encouragé pour des raisons très diverses qui trouvent leurs fondements autant du point de vue des apprentissages intramathématiques que de celui de ses applications dans la vie courante". Les liens avec la mémorisation par exemple sont bien repérés.
Il est bon que Luc Chatel ait saisi que l'apprentissage des opérations et de la numératie est quelque chose d'important et de prédictif du succès des élèves. Il reste maintenant à faire le chemin. Cela passe par la suppression des programmes de 2008 et un vrai effort de formation des nouveaux profs. Sans cela, inspecteurs ou pas, les bases mêmes de la numératie ne seront pas acquises par les élèves et le plan Sciences n'aura été qu'un épisode médiatique.
R Charnay : apprendre ou comprendre
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