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Sur les tapis de la salle de gym, ils se sont tous mis en cercle. But de la manœuvre : chacun jette un foulard en l’air et le fait rattraper par son voisin. Exercice suivant : faire passer à son voisin une tige en bois sur laquelle tourne une assiette sans la faire tomber. Durant plus d’une heure, les élèves ont découvert ainsi toute la magie des arts du cirque. Et les enfants adorent. Comme leurs nouveaux rythmes scolaires.

« Le matin, le cerveau peut réfléchir tandis que l’après-midi, il ne réfléchit plus », résume Enola, 11 ans. Tous sont conscients d’être privilégiés. « On a beaucoup de chance, déclare Marieme, 11 ans. Car s’il y a des choses que l’on ne comprend pas en cours, on peut se rattraper grâce à l’aide aux devoirs. » « On a même un goûter à 16 heures, renchérit un camarade. Et pas les autres classes. » « J’ai adoré la lutte car j’ai enfin réussi à mettre les garçons par terre » s’enorgueillit Sarah. « Mon frère a essayé de m’apprendre à jongler mais je ne réussissais pas, alors qu’avec ces cours sur le cirque, je suis sûr d’y parvenir », enchaîne Johnatan, 11 ans.

Cette fraîcheur et cette bonne humeur ravissent Caroline Brémond, leur professeur principal. « Il y a une telle proximité entre eux qu’en trois mois, ils ont atteint un niveau d’émulation que les élèves du même âge obtiennent en un an, dit-elle en souriant. Cela se traduit par beaucoup de dynamisme, une bonne participation orale et beaucoup d’investissement dans la vie du collège, comme la chorale ou les compétitions sportives. »

Cette section, qui compte 19 élèves, pratique douze heures de sport par semaine en comptant les trois heures du mercredi après-midi. Et l’expression, « bien dans son corps, bien dans sa tête » prend ici tout son sens. « Ils sont fiers d’être dans cette classe, un peu à l’image d’une promotion de grande école, se félicite Bakhta Mohammed Bakir, la principale de cet établissement classé en zone d’éducation prioritaire. Cet état d’esprit leur donne vraiment envie de réussir. »

Il faut reconnaître que tout est fait pour qu’ils se sentent bien : un prof principal qui les suit dix heures par semaine, deux heures d’aide aux devoirs par semaine en petit groupe et des activités sportives originales (tennis, boxe française, lutte, arts du cirque et bientôt canoë-kayak). « On s’aperçoit qu’ils font plus confiance aux adultes, analyse Michel Cochet-Terrasson, inspectrice pédagogique régionale. Certains d’entre eux vont spontanément voir la conseillère d’éducation ou l’assistante sociale, ce qu’ils n’auraient pas forcément fait en début d’année. »

Une expérience qui n’aurait pu être menée sans l’aide de la mairie qui a prêté les tennis municipaux ou encore le conseil général qui fournit les cars pour les déplacements.