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Revue de presse : Article dans Le Parisien du 22/01/2013 : Rythmes scolaires : pourquoi ça coince

80% des enseignants parisiens en grève ce mardi, parents déçus... La réforme des rythmes scolaires tant attendue fait désormais l'unanimité contre elle.

Envolé, le joli consensus. Tout le monde semblait d’accord : les écoliers français concentrent trop d’heures de cours en trop peu de jours dans l’année. Alors, pourquoi le projet fait-il l’unanimité… contre lui ?

 

Du travail en plus, sans salaire en plus ?

Cela a été la première aigreur des syndicats d’enseignants, pourtant vent debout en 2008 contre la réforme Darcos supprimant le samedi matin et, avec lui, un temps de rencontre privilégié avec les parents.

Le Snuipp, principal représentant des professeurs du primaire, exprimant des doutes dès la rentrée de septembre 2012, alors que le président fraîchement élu avait clairement affiché le retour à 4,5 jours dans ses promesses. Travailler à nouveau quatre jours et demi, le mercredi matin, revenait à… travailler plus, estimaient-ils. Avec des soucis de garde d’enfant et des trajets supplémentaires pour une profession féminine à 80%… le tout sans contrepartie financière. Lors des dernières réunions, Vincent Peillon a pourtant réajusté le décret, précisant qu’ils ne travailleront pas plus : les 108 heures d’enseignement annuelles sont justes réparties différemment dans la semaine. Leur opposition se cristallise du coup sur « l’absence de concertation » car les conseils d’école, où ils siègent, ne seront pas consultés.

 

Trop de précipitation

Cette critique, désormais aussi soulevée par les profs, est émise depuis le départ par les communes, qui doivent se déclarer partantes — ou pas — pour la rentrée 2013 avant le début mars et par une partie des parents d’élèves. « Concertation et consensus il y a eu sur l’idée d’améliorer les rythmes scolaires, oui, admet Valérie Marty, à la PEEP, mais pas sur le comment ! L’atelier censé réfléchir aux rythmes à l’automne tenait du grand bazar et n’a jamais avancé sur la mise en œuvre concrète. Il fallait se donner le temps d’une table ronde, notamment avec les parents, concernés au premier chef : en l’état, nous sommes écartés des décisions. En un an, je suis sûre qu’on aurait abouti au consensus, définissant clairement ce qu’on mettait dans le temps périscolaire, comment on l’articulait avec la classe. » Aujourd’hui, les parents sont inquiets : « Aucune garantie, selon les communes, que certains ne se retrouvent à devoir chercher leur enfant à 15h30, que les activités proposées après la classe seront plus intéressantes qu’une garderie et qu’elles seront partout gratuites. »

 

Tellement cher

Les communes sont à l’heure des additions. Le projet les oblige à revoir — et vite — toute leur organisation et pas seulement dans les centres de loisirs : il faut recruter des animateurs supplémentaires pour la cantine et le ramassage scolaire, réfléchir à l’offre des activités après la classe, choisir les horaires d’école (est-ce qu’on finit à 15h45 ou à 16 heures ?), opter pour le mercredi ou le samedi… et chauffer les écoles cette matinée en plus. Une facture supplémentaire de 600 M€, selon l’Association des maires des grandes villes, que le fonds spécifique de 250 M€ du gouvernement ne comblera pas. Du coup, les parents craignent une répercussion sur les impôts locaux. Vincent Peillon espère que la moitié des villes les plus grandes se lancent dès cette année. Si Paris est partant, le maire UMP de Marseille, Jean-Claude Gaudin, a fait savoir hier qu’il n’en est pas question pour ses 73 000 élèves, vu le surcoût de 15 M€ que cela impose à sa ville. Il préfère favoriser, comme on le lui demande aussi, la scolarisation des moins de 3 ans.

 

Pas assez ambitieux

Les parents de la FCPE, qui militaient depuis des années avec les chronobiologistes, restent sur leur faim. Le projet, trop imprécis, ne propose pas la vraie réforme attendue des « temps de l’enfant ». Il se limite, qui plus est, aux seuls élèves du primaire quand le collège et le lycée mériteraient aussi réflexion : il y a deux ans, lors de la réforme du lycée, les lycéens réclamaient aussi qu’on en finisse avec des journées de plus de huit heures de cours… cinq jours par semaine.

 

Claudine Proust 



22/01/2013
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