Revue de presse : Article dans Le Parisien du 30/09/2014 : Devoirs à la maison : toute la famille s'y colle
En principe interdits en primaire, incontournables au collège, les devoirs écrits à la maison occupent 90 % des enfants... et près de 60 % des parents selon une étude que nous révélons.
Le cahier de textes est ouvert tous les soirs ou presque à la page du lendemain sur la toile cirée de la cuisine... Et la bande-son est assez classique. Il y a les parents patients : « Attends, je vais essayer de te réexpliquer. » Les largués : « Mais j'en sais rien, c'est vieux pour moi les divisions euclidiennes ! » Et ceux qui sortent de leurs gonds : « T'es bouché ou quoi ? »
Les devoirs écrits à la maison, quasi généralisés bien qu'officiellement bannis du primaire, sont une véritable « affaire de famille » en France. Si l'on en croit une édifiante étude OpinionWay pour l'association ZupdeCo qui milite pour la fin des devoirs à la maison (lire ci-dessous), 97 % des parents constatent que leurs enfants rentrent de classe lestés d'exercices à faire, dont plus de la moitié « chaque jour »... Et 58 % de ces mêmes parents retroussent leurs manches pour les épauler, le plus souvent entre un quart d'heure et une demi-heure chaque soir.
Source de stress et de disputes
Et pourtant, tous les enseignants qui ont un jour tenté de gommer les devoirs le savent bien : l'ambivalence parentale est totale sur le sujet. La FCPE, première association de parents d'élèves, en a fait les frais, qui prêche régulièrement en faveur de leur réelle suppression en primaire, contre l'avis (silencieux mais sans appel) d'une majorité de ses adhérents. Car les familles sont très attachées à cette classe après la classe, grignoteuse de temps et pourvoyeuse de frictions. Seulement moins de 2 parents sur 10 estiment que les devoirs à la maison ne sont pas importants dans le cadre de l'acquisition des connaissances. Et il y en a même 30 % pour s'inquiéter quand l'enfant rentre avec le cartable trop léger. D'ailleurs, parmi la minorité qui assume de ne pas y mettre son nez, tous ne sont pas forcément confiants dans la capacité de leur progéniture à se débrouiller seule : 18 % délèguent (grands-parents, baby-sitter...) et 11 % avouent ne pas avoir le temps de s'en occuper.
Pour la quasi-totalité des parents, pétris de culpabilité et d'angoisse par rapport à la scolarité, les devoirs restent un fil essentiel entre eux- mêmes et l'école : un moyen de contrôler, d'identifier les difficultés de leur enfant (48 %) ou « un lien qui permet de se tenir au courant de ce qu'il fait en classe » (42 %).
Et pourtant, ces devoirs sont vécus très diversement ; un gros tiers y voit un moment de partage, un autre tiers une routine et le dernier tiers... une source de stress et de disputes, voire d'angoisse pour un parent sur dix « qui ne sait pas comment aider ». Soit trois millions de familles pour lesquelles l'épreuve tourne souvent au cauchemar...
Sans surprise, plus l'élève avance en âge, plus la maman débordée sèche, perd du temps et/ou s'énerve. En gros, la moitié des parents se sent capable d'assister son enfant dans certaines matières seulement, pour une autre moitié qui parvient à se débrouiller dans toute la palette des disciplines. Si ce n'est pas une inégalité à la source, ça y ressemble.
Six règles d'or pour ne pas s'énerver
Personne n'y échappe. Ni les écoliers ni les collégiens, et surtout pas les parents... Comme le goûter, les devoirs restent un rendez-vous incontournable de la journée. Comment faire pour que ces séances de particuliers se passent bien ? Nos conseils.
1 Faites une pause après les cours. Votre fiston a déjà passé sa journée en classe. Laissez-lui un moment de répit en rentrant. « Il ne faut pas que ses devoirs deviennent une monnaie d'échange : Tu joueras quand tu les auras finis, ni une corvée : Fais-les, on sera débarrassés », note la psycho-pédagogue Christine Henniqueau-Mary, auteur de l'Aide aux devoirs à la maison : les fausses bonnes pratiques*. Il n'y a rien de pire pour les dégoûter de l'école. » L'adulte doit donner en revanche une image positive de ce moment passé à deux, par exemple : « Tu vas voir, on va apprendre de nouvelles choses ensemble. »
2 Laissez-le choisir l'endroit. Pourquoi ne pas faire ses devoirs dans le jardin ou dans le canapé ? « Pas la peine d'être coincé derrière un bureau comme en classe. Cela ne sert à rien d'être strict sur des choses secondaires, explique l'ancienne enseignante de lettres. Si un enfant veut réciter sa poésie sur les genoux de sa maman, cela ne pose aucun problème. L'essentiel, c'est qu'il se sente bien. »
3 Evitez les piques. « Mais réfléchis, voyons ! », « Je te l'ai déjà dit, bon sang ! » Parfois agacés par l'incompréhension de leurs enfants, les parents leur lancent des petites piques. « Les devoirs sont souvent source de conflits. Il faut éviter ce type d'injonctions, insiste la spécialiste. Cela renvoie à l'écolier l'idée qu'il ne sait pas réfléchir. Il faut plutôt l'amener à se poser des questions comme : Est-ce que tu te souviens de la définition qui t'aiderait à réaliser cet exercice ? »
4 N'hésitez pas à déléguer. Papa, maman, grands-parents, nounou, tout le monde peut participer aux devoirs. « Cela permet aux parents de relâcher la pression, souligne Christine Henniqueau-Mary. Mais les adultes doivent fixer les règles avant pour que l'enfant garde ses repères. »
5 Ne cédez pas à tout. Si votre fils se pointe à 22 heures en panique dans votre chambre en vous disant qu'il a oublié de faire sa rédaction, tant pis pour lui ! « Il faut qu'il apprenne à anticiper et qu'il comprenne que ses actes ont des conséquences qu'il doit assumer, quitte à recevoir des reproches de ses professeurs le lendemain », pointe la psy.
6 Lâchez prise au bon moment. Lorsque leurs enfants grandissent, les parents ont parfois tendance à se contenter d'un simple : « As-tu fait tes devoirs ? » « On ne peut pas arrêter de les aider du jour au lendemain, insiste la spécialiste. Il faut leur montrer que, même si on n'est plus à leurs côtés, on pourra toujours les aider en cas de besoin. Vous saurez que votre enfant est autonome lorsqu'il ne rechignera plus à faire ses devoirs, tout simplement parce qu'il aura compris que c'est dans son propre intérêt. »
Hélène Haus
* « L'Aide aux devoirs à la maison : les fausses bonnes pratiques », de Christine Henniqueau-Mary et Dominique Thouin. A paraître le 23 octobre chez Fabert Ed. 5,99 €.
Le Parisien
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